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XVème Conférence internationale sur le sida

La pandémie est aussi un défi pour l’Asie

Des étudiantes chinoises participent à une session de prévention du sida et de formation à l'utilisation des préservatifs. 

		(Photo : Unaids/K. Hesse)
Des étudiantes chinoises participent à une session de prévention du sida et de formation à l'utilisation des préservatifs.
(Photo : Unaids/K. Hesse)
Le choix de Bangkok pour accueillir la Conférence internationale sur le sida marque une volonté d’attirer l’attention sur la situation de l’épidémie en Asie où le virus progresse de plus en plus vite. Plus de 20 000 personnes impliquées dans la lutte contre le sida vont témoigner et débattre autour du thème de l’accès aux médicaments pour tous.

Après Durban et Barcelone, c’est au tour de Bangkok d’accueillir la Conférence internationale sur le sida. Pour la première fois, cette manifestation qui a lieu tous les deux ans à l’initiative de l’International Aids Society (IAS), est organisée dans un pays d’Asie. A un moment où cette région est présentée, par le dernier rapport d’Onusida, comme celle où l’épidémie progresse le plus vite, l’objectif est d’envoyer un signal fort pour essayer d’endiguer le fléau et éviter que l’Asie, où sont regroupés 60 % de la population mondiale, ne soit d’ici quelques années confrontée à un phénomène incontrôlable.

Plus d’un million de nouvelles infections ont, en effet, été enregistrées en Asie, en 2003, sur un total de 5 millions. Et le nombre de porteurs du virus dans cette région s’élève aujourd’hui à 7,4 millions. Dans certains pays, la situation est particulièrement alarmante. Au Cambodge, par exemple, où le taux de prévalence se situe déjà aux alentours de 3 % de la population. Ailleurs, même si le niveau de l’infection reste généralement sous les 1 %, on enregistre des pics de contamination dans certaines catégories de populations ou dans des zones spécifiques.

C’est le cas, par exemple, en Chine chez les consommateurs de drogues injectables parmi lesquels le taux de prévalence peut aller jusqu’à 80 %. De la même manière, dans la province de Henan, des dons du sang non sécurisés ont provoqué des contaminations de masse dans la population de certains villages (plus de 60 %). Au Vietnam, où la diffusion du virus est en pleine accélération, on enregistre aussi chez les prostituées des grandes villes des taux prévalence qui peuvent atteindre 20 %. En Indonésie, l’infection à VIH a triplé entre 1999 et 2003 (16 à 48 %) chez les consommateurs de drogues injectables.

Un quart de la population indienne n’a jamais entendu parler du sida

En Thaïlande, où une grande campagne menée dans les années 90 en faveur de l’utilisation du préservatif a permis de faire chuter le nombre de nouvelles infections de 140 000 en 1991 à 21 000 en 2003, la situation est redevenue préoccupante. La multiplication des comportements à risques des drogués et des homosexuels fait craindre une augmentation des taux de contamination. D’autant que si le recours à la prostitution a diminué, les rapports extraconjugaux et occasionnels non protégés ont aussi connu une forte croissance ces dernières années. Du coup, la contamination entre époux représente désormais la moitié des nouvelles infections. L’enjeu en Thaïlande est donc aujourd’hui de rester mobilisé en dépit des progrès incontestables enregistrés dans la lutte contre le VIH, mais aussi de mettre en œuvre une nouvelle politique de prévention efficace.

De ce point de vue, il est nécessaire d’informer les populations sur les risques liés au sida et les moyens d’éviter la contamination, au premier rang desquels figure l’usage du préservatif et le dépistage. Et à ce niveau, en Thaïlande comme dans la plupart des pays de la région, la propagation du virus est facilitée par l’ignorance des populations, notamment dans les zones rurales où l’information n’est jamais arrivée. En Inde, par exemple, on estime qu’un quart de la population n’a jamais entendu parler du sida et que près de 80 % des personnes infectées n’ont pas conscience de leur contamination.

Dans ce contexte, les progrès passent par un engagement politique fort en faveur de la lutte contre le sida, ce que les agents des organisations internationales appellent le «leadership». Et cette implication des autorités ne peut avoir lieu que lorsque la présence du virus est reconnue et prise en compte. Ce qui n’est pas toujours le cas. En Chine, par exemple, il a fallu attendre 2003 pour que le gouvernement commence à manifester officiellement un intérêt pour la lutte contre le VIH et à faire passer des informations auprès de la population. L’alerte du SRAS semble, selon le docteur Christian Voumard, en poste dans ce pays  pour l’Unicef, avoir fait prendre conscience des enjeux de la menace sanitaire en termes politiques et économiques. Des mesures ont d’ailleurs été annoncées notamment pour diffuser les antirétroviraux et les tests de dépistages.

Face aux nouveaux défis du sida en Asie et dans le reste du monde, les quelques 20 000 spécialistes réunis à Bangkok du 11 au 16 juillet ont pour objectif de faire passer un message prioritaire : trouver les moyens de donner accès à tous les malades aux traitements disponibles. Le choix de ce thème s’inscrit dans la lignée de ceux choisis lors des précédentes conférences. A Durban, en 2000, l’objectif était de sensibiliser l’opinion au drame africain. A Barcelone, en 2002, l’accent avait été mis sur la nécessité de débloquer des ressources financières en urgence. Aujourd’hui, la priorité est donc de permettre aux malades du Sud de bénéficier des antirétroviraux  mais aussi de rappeler qu’après l’Afrique, le VIH est maintenant en train de ravager l’Asie.

par Valérie  Gas

Article publié le 09/07/2004 Dernière mise à jour le 09/07/2004 à 17:21 TU