Sida
Passer des intentions à l’action
L’Afrique n’est pas la seule région où la situation est très préoccupante. C’est, en effet, en Asie que le sida progresse le plus vite puisqu’un quart des nouvelles infections ont eu lieu, en 2003, sur ce continent. Les deux géants régionaux en terme de population, la Chine et l’Inde, doivent notamment faire face à une épidémie galopante même si les taux de prévalence y sont encore bas (entre 0,1 et 0,4 % en Chine et 1,3 % en Inde). Un séropositif sur sept vit aujourd’hui en Inde et ce pays arrive juste derrière l’Afrique du Sud au palmarès du nombre de porteurs du virus (plus de 5 millions en 2003). En Chine, on recense officiellement 840 000 séropositifs mais le taux d’accroissement de la prévalence est inquiétant et les chiffres nationaux peuvent cacher des situations locales alarmantes. Dans la province du Henan, par exemple, les contaminations par transfusions sanguines ont fait exploser les infections dans la population rurale. Selon certaines estimations, on pourrait dans ce contexte atteindre 7 millions de personnes infectées par le VIH d’ici 2005 en Chine.
Réalisation: NG/RFI
« L’épidémie avance toujours plus vite que la riposte»
Le sida est donc plus que jamais une «urgence sanitaire mondiale» et face à ce fléau la mobilisation progresse. Certes, comme le constate Catherine Hankins, de l’Onusida, «l’épidémie, dynamique, avance toujours plus vite que la riposte». Mais il n’empêche que des progrès ont été réalisés notamment au niveau de la mobilisation des fonds. Depuis 1996, les ressources consacrées à la lutte contre le sida dans les pays en développement ont été multipliées par quinze et sont passées de 300 millions à 5 milliards de dollars. On est pourtant loin du compte, puisque l’Onusida estime les besoins à 12 milliards de dollars d’ici 2005 et 20 milliards d’ici 2007.
D’autre part, si l’augmentation des financements demeure indispensable, Michel Kazatchkine, directeur de l’Agence française de recherche sur le sida, estime que le nouveau défi à relever est de «bien dépenser l’argent et de faire arriver les médicaments chez les patients». Les ressources disponibles ne sont, en effet, pas toujours utilisées de manière optimum en raison de l’existence de nombreux blocages d’ordre administratif, technique et humain. Le déficit en personnel médical mais aussi en gestionnaires, l’insuffisance des infrastructures et des mécanismes de suivi des programmes, les complications bureaucratiques empêchent aussi souvent de répondre efficacement aux besoins des populations touchées par le sida. Pour l’Onusida, il faut ainsi aujourd’hui dépenser «plus intelligemment» et s’assurer que l’utilisation des fonds est «efficace». C’est à dire qu’elle permet d’améliorer la prévention, le dépistage de la séropositivité et les soins aux malades.
Obtenir plus d’argent et mieux l’employer : c’est donc l'objectif prioritaire de la lutte contre le sida pour les prochaines années. De cette manière, le problème des conditions à réunir pour améliorer l’accès des plus pauvres aux antirétroviraux, qui sera au centre des discussions de la Conférence internationale sur le sida, à Bangkok (11-16 juillet 2004), pourra peut-être être envisagé concrètement et des solutions proposées. Car cette question est dorénavant au cœur des préoccupations des institutions internationales qui s’alarment de l’injustice dont sont victimes les quelque six millions de porteurs du virus qui auraient besoin de ces traitements en urgence mais ne peuvent en disposer.
par Valérie Gas
Article publié le 06/07/2004 Dernière mise à jour le 09/07/2004 à 15:11 TU