Sida
Quand les antirétroviraux arriveront en Afrique
L’accès aux médicaments anti-sida est aujourd’hui un enjeu majeur pour les pays en développement, notamment en Afrique. Malgré des négociations avec les firmes pharmaceutiques et des financements internationaux plus importants, l'immense majorité des malades du continent n'a pas la possibilité d'en bénéficier.
La menace est réelle. Si des programmes concrets et efficaces de lutte contre le sida ne sont pas mis en place très rapidement, c'est à dire si la prévention ne combine pas ses effets avec l'accès aux antirétroviraux, 68 millions de personnes vont mourir des suites du sida entre 2000 et 2020 dans les 45 pays les plus touchés par l’épidémie, dont la plupart se situent en Afrique subsaharienne. Ces estimations sont publiées dans le dernier rapport d’Onusida.
Pour éviter ce drame, il faut généraliser l’accès aux antirétroviraux dont l’efficacité a été prouvée dans les pays du Nord où les malades en bénéficient. C'est ce qui a permis de réduire le taux de mortalité dû au sida. Sur 500 000 personnes atteintes et traitées aux antirétroviraux dans les pays riches en 2001, 25 000 sont décédées. Inversement, en Afrique, seuls 30 000 malades, sur les 28,5 millions que compte le continent, ont pu être traités et 2,2 millions sont morts. Selon Onusida, moins de 4 % des porteurs du virus dans les pays en développement ont ainsi accès à un traitement antirétroviral.
C'est à ce niveau que se situe le principal enjeu de la lutte contre le sida pour les prochaines années. Peter Piot, le directeur exécutif d'Onusida, estime ainsi que «l'accès à une prise en charge et à un traitement convenable est un droit et non un privilège». D'autant que l'efficacité des traitements en Afrique, qui a souvent été remise en cause, est aujourd'hui vérifiée. Une étude menée récemment au Sénégal sous la direction de médecins du Comité national de lutte contre le sida et de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), dont les résultats doivent être présentés durant la Conférence de Barcelone, a montré, par exemple, qu'il est injustifié de «différer sur le continent africain la mise en place de traitements antiretroviraux au nom d'arguments cliniques ou virologiques».
Vers une délivrance gratuite ?
Les patients africains ont réagi aux trithérapies de la même manière que ceux des pays développés qui suivent des traitements identiques. Aucune résistance particulière n'a été observée de manière significative. Quant aux obstacles inhérents aux conditions socio-économiques difficiles dans les pays africains (insuffisance du dispositif sanitaire, coût élevé des médicaments), ils ne semblent pas non plus empêcher la bonne observance. «Les patients déclarent en moyenne avoir pris 91 % de leurs doses».
L'obstacle majeur demeure le coût trop élevé des antirétroviraux. Malgré les négociations engagées par une vingtaine de pays africains avec les grandes firmes pharmaceutiques internationales qui ont permis d'obtenir des réductions de prix allant jusqu'à 90 %, ces molécules restent hors de portée pour la plupart des malades du continent. Pour les chercheurs de l'IRD, il faut s'orienter vers une «délivrance gratuite des traitements antirétroviraux». Une contribution financière des malades, même minime, les exclut de manière quasi-automatique de l'accès aux trithérapies et n’est pas suffisante pour permettre d’assurer «la pérennité des programmes d'accès» mis en œuvre par les Etats.
Pour Michel Sidibé, directeur du département d’appui aux pays et régions de l’Onusida : «Nous savons ce qu’il faut faire pour combattre le sida». En l’occurrence suivre l’exemple du Brésil qui a réussi à obtenir des résultats probants en matière de contrôle de l’infection grâce à la prévention et qui a permis l’accès aux traitements à grande échelle. Aujourd’hui, 100 000 malades du sida bénéficient des antirétroviraux grâce aux médicaments génériques dont le Brésil est un grand défenseur sur la scène internationale. Et Onusida estime qu’entre 1996 et 2000, 234 000 hospitalisations ont été évitées dans ce pays grâce au programme de traitement.
Mais pour que les pays africains puissent aller dans ce sens, des financements internationaux supplémentaires sont indispensables car les ressources des pays du continent ne leur permettent pas d’assumer seuls de telles charges. Le nouveau Fonds global de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose disposent de 1,6 milliard de dollars sur trois ans. La mise à disposition de cette somme par les bailleurs de fonds internationaux représente un progrès par rapport à la situation antérieure. En 1998, les investissements réalisés en faveur de le lutte contre le sida ne dépassaient pas, en effet, les 168 millions de dollars. Mais cela reste insuffisant par rapport aux besoins. Pour Peter Piot, sept à dix milliards de dollars sont nécessaires jusqu’en 2005 pour combattre l’épidémie dans les pays pauvres.
Onusida : http://www.unaids.org/
Conférence internationale de Barcelone sur le sida : http://www.aids2002.com/Home.asp
Pour éviter ce drame, il faut généraliser l’accès aux antirétroviraux dont l’efficacité a été prouvée dans les pays du Nord où les malades en bénéficient. C'est ce qui a permis de réduire le taux de mortalité dû au sida. Sur 500 000 personnes atteintes et traitées aux antirétroviraux dans les pays riches en 2001, 25 000 sont décédées. Inversement, en Afrique, seuls 30 000 malades, sur les 28,5 millions que compte le continent, ont pu être traités et 2,2 millions sont morts. Selon Onusida, moins de 4 % des porteurs du virus dans les pays en développement ont ainsi accès à un traitement antirétroviral.
C'est à ce niveau que se situe le principal enjeu de la lutte contre le sida pour les prochaines années. Peter Piot, le directeur exécutif d'Onusida, estime ainsi que «l'accès à une prise en charge et à un traitement convenable est un droit et non un privilège». D'autant que l'efficacité des traitements en Afrique, qui a souvent été remise en cause, est aujourd'hui vérifiée. Une étude menée récemment au Sénégal sous la direction de médecins du Comité national de lutte contre le sida et de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), dont les résultats doivent être présentés durant la Conférence de Barcelone, a montré, par exemple, qu'il est injustifié de «différer sur le continent africain la mise en place de traitements antiretroviraux au nom d'arguments cliniques ou virologiques».
Vers une délivrance gratuite ?
Les patients africains ont réagi aux trithérapies de la même manière que ceux des pays développés qui suivent des traitements identiques. Aucune résistance particulière n'a été observée de manière significative. Quant aux obstacles inhérents aux conditions socio-économiques difficiles dans les pays africains (insuffisance du dispositif sanitaire, coût élevé des médicaments), ils ne semblent pas non plus empêcher la bonne observance. «Les patients déclarent en moyenne avoir pris 91 % de leurs doses».
L'obstacle majeur demeure le coût trop élevé des antirétroviraux. Malgré les négociations engagées par une vingtaine de pays africains avec les grandes firmes pharmaceutiques internationales qui ont permis d'obtenir des réductions de prix allant jusqu'à 90 %, ces molécules restent hors de portée pour la plupart des malades du continent. Pour les chercheurs de l'IRD, il faut s'orienter vers une «délivrance gratuite des traitements antirétroviraux». Une contribution financière des malades, même minime, les exclut de manière quasi-automatique de l'accès aux trithérapies et n’est pas suffisante pour permettre d’assurer «la pérennité des programmes d'accès» mis en œuvre par les Etats.
Pour Michel Sidibé, directeur du département d’appui aux pays et régions de l’Onusida : «Nous savons ce qu’il faut faire pour combattre le sida». En l’occurrence suivre l’exemple du Brésil qui a réussi à obtenir des résultats probants en matière de contrôle de l’infection grâce à la prévention et qui a permis l’accès aux traitements à grande échelle. Aujourd’hui, 100 000 malades du sida bénéficient des antirétroviraux grâce aux médicaments génériques dont le Brésil est un grand défenseur sur la scène internationale. Et Onusida estime qu’entre 1996 et 2000, 234 000 hospitalisations ont été évitées dans ce pays grâce au programme de traitement.
Mais pour que les pays africains puissent aller dans ce sens, des financements internationaux supplémentaires sont indispensables car les ressources des pays du continent ne leur permettent pas d’assumer seuls de telles charges. Le nouveau Fonds global de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose disposent de 1,6 milliard de dollars sur trois ans. La mise à disposition de cette somme par les bailleurs de fonds internationaux représente un progrès par rapport à la situation antérieure. En 1998, les investissements réalisés en faveur de le lutte contre le sida ne dépassaient pas, en effet, les 168 millions de dollars. Mais cela reste insuffisant par rapport aux besoins. Pour Peter Piot, sept à dix milliards de dollars sont nécessaires jusqu’en 2005 pour combattre l’épidémie dans les pays pauvres.
Onusida : http://www.unaids.org/
Conférence internationale de Barcelone sur le sida : http://www.aids2002.com/Home.asp
par Valérie Gas
Article publié le 06/07/2002