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Sida

Pas de répit pour l'épidémie

Le front du sida n'a pas reculé. Bien au contraire. Quarante millions de personnes dans le monde sont aujourd’hui infectées. L'épidémie continue ses ravages et redouble même d'intensité dans certaines régions comme l'Asie et l'Europe de l'Est. Quant au continent africain, il est toujours le plus durement touché avec 28,5 millions de personnes contaminées.
La théorie de «l'essoufflement naturel» qui avait fait espérer qu’à partir d’un certain seuil de contamination, l’épidémie de sida se stabiliserait, est aujourd’hui totalement invalidée par les faits. Dans de nombreux pays africains où des pics d’infection avaient été enregistrés il y a quelques années, on ne note aujourd’hui aucune baisse, ni même un ralentissement. Au Zimbabwe, par exemple, avec 25% de la population contaminée en 1997, on pensait avoir atteint la limite de l’épidémie. Il n’en est rien. Aujourd’hui, ce sont 33% des adultes zimbabwéens qui sont séropositifs.

A tel point que pour Onusida, qui a rendu, le 2 juillet, son dernier rapport, nous n’en sommes qu’au «début de l’épidémie». Pire, le rythme de progression des contaminations continue à être très élevé. En 2001, 5 millions de nouveaux cas ont été recensés dans le monde, dont 3,5 en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, 40 millions de personnes sont infectées sur les cinq continents. L’Afrique regroupe toujours la majorité des porteurs du virus (28 millions). Dans cette région, le sida est un fléau sans précédent qui a tué, en 2001, plus de deux millions d’individus. Pierre Mpele, chef d’équipe inter-pays pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale, estime ainsi que le nombre de morts du sida sur le continent est «5 à 10 fois supérieur» à celui de toutes les guerres cumulées.

«Nous sommes au début de l’épidémie»

Mais qu’on ne s’y trompe pas. Le sida n’est pas une pandémie «africaine», explique Michel Sidibé, directeur du département d’appui aux pays et régions de l’Onusida. Elle est en passe de devenir «globale». En Chine, on a noté une progression 70% des infections sur une période de six mois. Ce pays, qui compte officiellement 850 000 porteurs du virus, est en train de faire face à une véritable explosion du nombre de contaminations. L’Indonésie, le quatrième pays le plus peuplé de la planète, est dans une situation à peu près similaire. L’épidémie, longtemps ignorée, connaît une «croissance exponentielle». Les pays d’Europe de l’Est, et principalement la Russie, se trouvent, eux aussi, dans une situation très préoccupante. C’est dans ce dernier pays que la progression de l’épidémie est la plus rapide. «C’est le foyer d’une des épidémies les plus foudroyantes», explique Michel Sidibé. Depuis 1998, le nombre de personnes nouvellement infectées double chaque année et le chiffre officiel de 173 000 séropositifs présents dans le pays est vraisemblablement sous-évalué par rapport à la situation réelle.

Personne n’est plus à l’abri. On l’annonçait depuis quelques années mais cette tendance se confirme: la propagation du sida n’est plus du tout confinée à certains groupes comme les homosexuels ou les drogués. En Ukraine, par exemple, 20% des nouveaux cas recensés chaque année font partie de la population hétérosexuelle. Et ce sont les jeunes qui sont les principales victimes de l’épidémie. Cinquante pour cent des nouvelles infections touchent les jeunes de 14 à 25 ans. Chaque jour, 6000 d’entre eux sont ainsi contaminés dans le monde.

Le rapport d'Onusida

Ecoutez également

Michel Sibide, directeur du département d'appui aux pays et régions de l' Onusida, au micro de Pierre Ganz, 03/07/2002, 7'34



par Valérie  Gas

Article publié le 02/07/2002