Sida
Les avancées du Maroc
Les cinquièmes assises de l’Association marocaine de lutte contre le sida se sont tenues au mois de juin, à Marrakech. Elles ont mis en avant un objectif essentiel : l’accès aux soins pour tous les malades.
De notre correspondante à Rabat
Le Maroc se trouve aujourd’hui à un tournant. Il a été retenu pour être l’un des quarante premiers pays à bénéficier du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose dont le plan d’action comprend un financement des antirétroviraux. Le traitement sera donc généralisé dès la rentrée de septembre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une bonne nouvelle relativisée par une mauvaise nouvelle : le Fonds n’accorde son aide que pour trois ans.
La seule façon de pérenniser l’accès au traitement contre le sida pour tous les Marocains est donc d’utiliser les médicaments les moins chers, à savoir, les génériques. Là encore une bonne nouvelle : ces médicaments existent, ils sont fabriqués, à partir d’un brevet tombé dans le domaine public, au Brésil ou en Inde, pour la plupart. Ils coûtent 80% moins cher que leurs homologues commercialisés sous une marque connue. Une aubaine, pour les pays en voie de développement comme le Maroc.
Seulement voilà : les accords commerciaux de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, en cours, prévoient une clause qui empêcherait d’importer ou d’exporter des génériques, depuis le royaume. Une restriction catastrophique, pour Hakima Himmich, présidente de l’Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS) et experte suppléante auprès du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, depuis deux mois. Parce qu’il devient impossible d’acheter les génériques à l’étranger, et que, par ailleurs, la production locale de ces produits, vitaux pour les malades, n’est pas encouragée. Selon l’ALCS, les laboratoires marocains sont, en effet, en mesure de fabriquer des antirétroviraux génériques, mais, devraient exporter une partie de leur production, pour rentabiliser leurs investissements.
Importer des génériques
La situation n’est pas encore bloquée, puisque le Maroc a signé un accord avec l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), qui devrait entrer en vigueur en 2005 mais que le décret d’application n’a, lui, pas encore été promulgué. S’il venait à l’être, il n’y aurait plus d’espoir d’accéder aux génériques, étant donné que la règle s’appliquerait dès la signature. En ne signant pas, le Maroc peut donc se donner trois ans pour trouver la parade. C’est donc sur ce point que se situe aujourd’hui l’urgence en matière de lutte contre le sida.
Si la prévalence de la maladie reste faible, comparée au reste du continent africain, il n’en demeure pas moins que le pays comprenait, au 30 septembre 2001, 20 000 personnes séropositives et 913 cas déclarés. Le coût du traitement a été réduit de deux tiers, grâce aux négociations avec de grands laboratoires, menées par l’ALCS, qui s’appuie, par ailleurs, sur ses centres de dépistage, gratuits et anonymes. Aujourd’hui, le ministère de la Santé soutient les actions de l’ALCS. Il finance, en partie, les trithérapies, débutées en juillet 1999. Les praticiens bénéficient d’une formation continue et le Maroc dispose de plusieurs molécules nécessaires au traitement. Une réussite exemplaire, puisque le traitement respecte les normes internationales, ce que confirme un audit, réalisé pour Onusida.
Tout n’est pas, pour autant, pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certains antirétroviraux ne sont pas disponibles ici, sous leur forme pédiatrique ou pour les patients ayant développé des résistances particulières. Les commandes souffrent de lourdeurs administratives occasionnant délais de livraison ou menaces de rupture de stocks. Certains laboratoires refusent, par ailleurs, d’accorder les mêmes réductions qu’en Afrique sub-saharienne, sous prétexte que «le Maroc n’est pas un pays pauvre».
Ces cinquièmes assises de l’ALCS, reconnue d’utilité publique le 16 juin 1993, ont donc, pour l’essentiel, permis de renforcer les actions de plaidoyer de l’ALCS, en matière d’accès aux soins au Maroc. Au plan national et international, puisqu’on ne comptait pas moins de 22 intervenants étrangers, soulignant tous qu’à l’échelle planétaire en matière de sida, l’urgence est à la solidarité avec les pays du Sud.
Le Maroc se trouve aujourd’hui à un tournant. Il a été retenu pour être l’un des quarante premiers pays à bénéficier du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose dont le plan d’action comprend un financement des antirétroviraux. Le traitement sera donc généralisé dès la rentrée de septembre, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une bonne nouvelle relativisée par une mauvaise nouvelle : le Fonds n’accorde son aide que pour trois ans.
La seule façon de pérenniser l’accès au traitement contre le sida pour tous les Marocains est donc d’utiliser les médicaments les moins chers, à savoir, les génériques. Là encore une bonne nouvelle : ces médicaments existent, ils sont fabriqués, à partir d’un brevet tombé dans le domaine public, au Brésil ou en Inde, pour la plupart. Ils coûtent 80% moins cher que leurs homologues commercialisés sous une marque connue. Une aubaine, pour les pays en voie de développement comme le Maroc.
Seulement voilà : les accords commerciaux de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, en cours, prévoient une clause qui empêcherait d’importer ou d’exporter des génériques, depuis le royaume. Une restriction catastrophique, pour Hakima Himmich, présidente de l’Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS) et experte suppléante auprès du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, depuis deux mois. Parce qu’il devient impossible d’acheter les génériques à l’étranger, et que, par ailleurs, la production locale de ces produits, vitaux pour les malades, n’est pas encouragée. Selon l’ALCS, les laboratoires marocains sont, en effet, en mesure de fabriquer des antirétroviraux génériques, mais, devraient exporter une partie de leur production, pour rentabiliser leurs investissements.
Importer des génériques
La situation n’est pas encore bloquée, puisque le Maroc a signé un accord avec l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), qui devrait entrer en vigueur en 2005 mais que le décret d’application n’a, lui, pas encore été promulgué. S’il venait à l’être, il n’y aurait plus d’espoir d’accéder aux génériques, étant donné que la règle s’appliquerait dès la signature. En ne signant pas, le Maroc peut donc se donner trois ans pour trouver la parade. C’est donc sur ce point que se situe aujourd’hui l’urgence en matière de lutte contre le sida.
Si la prévalence de la maladie reste faible, comparée au reste du continent africain, il n’en demeure pas moins que le pays comprenait, au 30 septembre 2001, 20 000 personnes séropositives et 913 cas déclarés. Le coût du traitement a été réduit de deux tiers, grâce aux négociations avec de grands laboratoires, menées par l’ALCS, qui s’appuie, par ailleurs, sur ses centres de dépistage, gratuits et anonymes. Aujourd’hui, le ministère de la Santé soutient les actions de l’ALCS. Il finance, en partie, les trithérapies, débutées en juillet 1999. Les praticiens bénéficient d’une formation continue et le Maroc dispose de plusieurs molécules nécessaires au traitement. Une réussite exemplaire, puisque le traitement respecte les normes internationales, ce que confirme un audit, réalisé pour Onusida.
Tout n’est pas, pour autant, pour le mieux dans le meilleur des mondes. Certains antirétroviraux ne sont pas disponibles ici, sous leur forme pédiatrique ou pour les patients ayant développé des résistances particulières. Les commandes souffrent de lourdeurs administratives occasionnant délais de livraison ou menaces de rupture de stocks. Certains laboratoires refusent, par ailleurs, d’accorder les mêmes réductions qu’en Afrique sub-saharienne, sous prétexte que «le Maroc n’est pas un pays pauvre».
Ces cinquièmes assises de l’ALCS, reconnue d’utilité publique le 16 juin 1993, ont donc, pour l’essentiel, permis de renforcer les actions de plaidoyer de l’ALCS, en matière d’accès aux soins au Maroc. Au plan national et international, puisqu’on ne comptait pas moins de 22 intervenants étrangers, soulignant tous qu’à l’échelle planétaire en matière de sida, l’urgence est à la solidarité avec les pays du Sud.
par Isabelle Broz
Article publié le 03/07/2002