Sida
Plaidoyer pour l’accès aux traitements
Tous les orateurs qui ont pris la parole depuis l’ouverture de la 2ème Conférence de l'International Aids Society (IAS) ont appelé à relever le principal défi lancé par le VIH : donner l’accès aux traitements disponibles à tous les malades. Le plus vibrant d’entre eux a été l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela, qui dans le prolongement de son combat pour l’égalité s’est fait l’un des plus ardents défenseurs des droits des malades du sida à bénéficier des progrès de la science en matière de traitement.
«La science a posé des jalons pour une amélioration de la prévention et des traitements… Mais nous ne nous servons pas de ces outils là où ils sont les plus nécessaires. Environ quarante-cinq millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. Dix mille meurent chaque jour. Vingt-six millions sont déjà mortes dont 95 % dans les pays en développement.» Nelson Mandela a tenu à dénoncer une fois de plus une «réalité choquante», l’inégalité d’accès aux traitements suivant l’endroit où l’on naît, lors de son passage à Paris à l’occasion de la 2ème Conférence de l'International Aids Society.
Invité d’honneur d’une session extraordinaire sur les vingt ans de la recherche sur le VIH, l’ancien président sud-africain a été ovationné par une assemblée composée des plus grands scientifiques internationaux qui travaillent sur cette maladie. Et c’est donc devant eux qui ont participé à trouver des traitements et continuent à chercher comment les améliorer, que Nelson Mandela a voulu rappeler à quel point le sida fait ressortir les inégalités : «Nous avons échoué dans la traduction des progrès scientifiques en actes là où ils sont le plus indispensables. Voilà l’injustice à l’échelle mondiale».
«L’accès aux traitements est un droit»
La faute à qui ? A un virus terrible. A des erreurs d’évaluation et des non-dits. Mais aussi à des moyens insuffisants pour prendre les mesures qui s’imposent. Et c’est bien en super ambassadeur de la cause des plus pauvres que Nelson Mandela se pose aujourd’hui dans son combat contre le sida. Il a profité de son intervention pour appeler tous les contributeurs potentiels, des Etats aux particuliers en passant les entreprises ou les fondations, à donner plus d’argent au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Lui qui n’a pas tenu à rencontrer le président américain George W. Bush lors de son passage en Afrique du Sud il y a quelques jours, tant leurs points de vue sur la politique internationale divergent, n’en a pas moins rendu un hommage public à la récente décision des Etats-Unis de débloquer 15 milliards de dollars sur 5 ans pour la lutte contre le sida, une «contribution déterminante». Et pour le moment inégalée, car l’Union européenne a renoncé à faire le même effort à la plus grande déception de Nelson Mandela qui a pourtant demandé aux pays européens qui «ont toujours joué un rôle de leader» d’augmenter leur contribution pour atteindre au moins la parité avec les Etats-Unis.
Militant dans l’âme, Nelson Mandela a posé de bonne grâce aux côtés d’une représentante de l’organisation de défense des malades Act-up qui manifestait à la fin de son allocution pour dénoncer «le mensonge de donateurs», coupable de ne pas contribuer au Fonds mondial à hauteur des 10 milliards de dollars nécessaires pour lutter efficacement contre le sida. Une manière de reconnaître le rôle des ONG dans le combat contre le virus. Un rôle mis en valeur par un autre éminent intervenant de la conférence, le professeur Anthony Fauci, directeur de National Institute of Health (Bethesda, Etats-Unis) qui a tenu à saluer l’importance du «militantisme» dans les progrès de la prise en charge des malades aux Etats-Unis. C’est l’action des militants qui a notamment rendu possible le fait de «donner un rôle aux séropositifs dans les essais cliniques».
L’heure ne semble plus être aux faux-semblants. Les traitements existent, il faut les diffuser. Et de l’avis de nombreux scientifiques et autres spécialistes du sida réunis à Paris, l’argument selon lequel il ne suffit pas de baisser les prix pour rendre les médicaments accessibles aux malades des pays en développement car les systèmes de santé sont déficients, ne tient pas à l’épreuve des faits. Pour Paulo Teixeira, le directeur du programme national de lutte contre le sida au Brésil où le gouvernement a lancé il y a plusieurs années une campagne d’accès gratuit aux médicaments pour les malades les plus pauvres, il est possible de diffuser les traitements et de développer les capacités pour mettre en œuvre les programmes dans le contexte socio-économique des pays du Sud. Le Brésil a montré que les deux actions peuvent être menées de front. Pour Paulo Teixeira, quand le Brésil a pris la décision politique de donner leur chance aux malades, «l’idée directrice n’était pas de savoir si le rapport coût/efficacité serait bon. C’était que l’accès aux traitements était un droit». Après quoi il a ajouté : «Etant donné l’impact du sida sur le développement en Afrique, je n’ai pas de doute sur le fait que le rapport coût/efficacité sera bon».
2ème Conférence de l'International Aids Society
Invité d’honneur d’une session extraordinaire sur les vingt ans de la recherche sur le VIH, l’ancien président sud-africain a été ovationné par une assemblée composée des plus grands scientifiques internationaux qui travaillent sur cette maladie. Et c’est donc devant eux qui ont participé à trouver des traitements et continuent à chercher comment les améliorer, que Nelson Mandela a voulu rappeler à quel point le sida fait ressortir les inégalités : «Nous avons échoué dans la traduction des progrès scientifiques en actes là où ils sont le plus indispensables. Voilà l’injustice à l’échelle mondiale».
«L’accès aux traitements est un droit»
La faute à qui ? A un virus terrible. A des erreurs d’évaluation et des non-dits. Mais aussi à des moyens insuffisants pour prendre les mesures qui s’imposent. Et c’est bien en super ambassadeur de la cause des plus pauvres que Nelson Mandela se pose aujourd’hui dans son combat contre le sida. Il a profité de son intervention pour appeler tous les contributeurs potentiels, des Etats aux particuliers en passant les entreprises ou les fondations, à donner plus d’argent au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Lui qui n’a pas tenu à rencontrer le président américain George W. Bush lors de son passage en Afrique du Sud il y a quelques jours, tant leurs points de vue sur la politique internationale divergent, n’en a pas moins rendu un hommage public à la récente décision des Etats-Unis de débloquer 15 milliards de dollars sur 5 ans pour la lutte contre le sida, une «contribution déterminante». Et pour le moment inégalée, car l’Union européenne a renoncé à faire le même effort à la plus grande déception de Nelson Mandela qui a pourtant demandé aux pays européens qui «ont toujours joué un rôle de leader» d’augmenter leur contribution pour atteindre au moins la parité avec les Etats-Unis.
Militant dans l’âme, Nelson Mandela a posé de bonne grâce aux côtés d’une représentante de l’organisation de défense des malades Act-up qui manifestait à la fin de son allocution pour dénoncer «le mensonge de donateurs», coupable de ne pas contribuer au Fonds mondial à hauteur des 10 milliards de dollars nécessaires pour lutter efficacement contre le sida. Une manière de reconnaître le rôle des ONG dans le combat contre le virus. Un rôle mis en valeur par un autre éminent intervenant de la conférence, le professeur Anthony Fauci, directeur de National Institute of Health (Bethesda, Etats-Unis) qui a tenu à saluer l’importance du «militantisme» dans les progrès de la prise en charge des malades aux Etats-Unis. C’est l’action des militants qui a notamment rendu possible le fait de «donner un rôle aux séropositifs dans les essais cliniques».
L’heure ne semble plus être aux faux-semblants. Les traitements existent, il faut les diffuser. Et de l’avis de nombreux scientifiques et autres spécialistes du sida réunis à Paris, l’argument selon lequel il ne suffit pas de baisser les prix pour rendre les médicaments accessibles aux malades des pays en développement car les systèmes de santé sont déficients, ne tient pas à l’épreuve des faits. Pour Paulo Teixeira, le directeur du programme national de lutte contre le sida au Brésil où le gouvernement a lancé il y a plusieurs années une campagne d’accès gratuit aux médicaments pour les malades les plus pauvres, il est possible de diffuser les traitements et de développer les capacités pour mettre en œuvre les programmes dans le contexte socio-économique des pays du Sud. Le Brésil a montré que les deux actions peuvent être menées de front. Pour Paulo Teixeira, quand le Brésil a pris la décision politique de donner leur chance aux malades, «l’idée directrice n’était pas de savoir si le rapport coût/efficacité serait bon. C’était que l’accès aux traitements était un droit». Après quoi il a ajouté : «Etant donné l’impact du sida sur le développement en Afrique, je n’ai pas de doute sur le fait que le rapport coût/efficacité sera bon».
2ème Conférence de l'International Aids Society
par Valérie Gas
Article publié le 14/07/2003