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Sida

La trithérapie en générique au Burkina

C’est une bonne nouvelle qui est tombée mardi pour la plupart des malades du sida au Burkina. Les antirétroviraux (ARV) seront désormais vendus sous la forme générique dans le pays. C’est le fruit d’une convention signée entre le gouvernement burkinabé et un laboratoire pharmaceutique indien qui fabrique les molécules contre le VIH/sida.
De notre correspondant au Burkina Faso

Au terme de cette convention, le laboratoire CIPLA Limited basé en Inde va fournir des médicaments antirétroviraux sous la forme générique utilisés contre le VIH/sida. Ce qui permettra de réduire de moitié les coûts des traitements. Ainsi, le schéma thérapeutique le plus utilisé qui revient actuellement à 82 000 FCFA ne dépassera plus 40.000 F. Mieux, «CIPLA va nous proposer un cocktail thérapeutique utilisé en première intention qui ne coûtera que 22 000 FCFA par mois», annonce le médecin-colonel André Joseph Tiendrébéogo, secrétaire permanent du comité national de lutte contre le sida (CNLS). C’est un grand pas dans la lutte contre le sida au Burkina d’autant plus que les coûts mensuels de la tri-thérapie restent prohibitifs pour la majorité des malades qui en ont besoin. Le ministère burkinabé de la santé compte donc sur l’effet prix pour voir augmenter le nombre de personnes pouvant se prendre en charge. En effet, avant la signature d’une première convention il y a deux ans entre le gouvernement et des firmes pharmaceutiques, seuls environs 150 malades pouvaient se procurer les médicaments qui revenaient à plus de 300 000 FCFA/mois.

Ce nombre est passé à 675 lorsque les prix ont baissé à 82 000 F. Grâce aux nouveaux coûts, le CNLS estime que le nombre de personnes sous traitement pourrait rapidement atteindre les 2000. Un chiffre encourageant mais qui reste loin des 50 000 personnes qui sont dans le besoin de traitements anti- retro viraux. En fait, même à 22 000 ou 40 000 F, les médicaments restent hors de portée de la majorité des Burkinabés dont près de la moitié (45%) sont considérés pauvres avec des revenus annuels de moins de 75 000 FCFA par adulte. «L’idéal est d’offrir gratuitement les traitements à ceux qui sont démunis, déclare le médecin-colonel Tiendrébéogo. Mais cette gratuité doit être payée quelque part. C’est pourquoi nous lançons un plaidoyer pour une solidarité afin de payer le médicament que le fabricant ne va pas livrer gratuitement.» A défaut de la gratuité, le gouvernement burkinabé espère baisser davantage les prix des anti-retro viraux grâce à une subvention du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.

Les résultats assez minces de quinze années de lutte

Avec un taux de séro-prévalence de 6,5 %, le Burkina est l’un des premiers pays d’Afrique de l’ouest touché par la pandémie du sida derrière la Côte d’Ivoire et le Togo. Dans ce pays où on ne notifiait seulement que dix cas de sida en 1986, on est aujourd’hui à plus de 500 000 personnes infectées au VIH. Les conséquences sociales sont énormes : on enregistre plus de 200 000 orphelins du sida. Après une quinzaine d’année de lutte, les résultats restent assez minces. La maladie progresse. C’est pourquoi, le gouvernement a décidé récemment de passer à une vitesse supérieure en mettant en place en 2002 un nouveau plan de lutte sur la période 2001-2005. D’un coût d’environ 70 milliards de FCFA, ce plan vise principalement le renforcement des mesures de prévention ainsi que l’amélioration de la prise en charge des personnes infectées et des malades.

L’accord obtenu avec le laboratoire CIPLA est un premier résultat concret du nouveau plan de lutte. Reste à convaincre les malades que le générique est aussi efficace que la spécialité. «Nous prenons l’exemple sur une publicité de la CAMEG [centrale d’achat des médicaments essentiels génériques] qui dit ‘même chose mais pas même prix.’ pour comparer générique et spécialité», indique André joseph Tiendrébéogo. Il annonce qu’une campagne de promotion va être lancée bientôt pour convaincre les malades de sida à la consommation de ces génériques. Par la même occasion, le ministère de la santé envisage de former les prescripteurs et distributeurs de ces médicaments.

Pour les uns, il s’agit de pouvoir identifier les combinaisons thérapeutiques équivalant à chaque malade. Pour les autres, l’objectif est de se prémunir contre des ventes hasardeuses de produits. Des précautions qui sont nécessaires avec l’introduction des génériques dont les prix relativement bas peuvent pousser certains malades à tenter l’automédication. Le ministère de la santé espère également convaincre les pharmaciens à ne percevoir aucune marge sur les médicaments contre le sida.



par Alpha  Barry

Article publié le 28/04/2003