Sida
Un ministre du Malawi brise le tabou
Le sida a tué trois des enfants de Thengo Maloya, le ministre de la Terre du Malawi. En décidant d’avouer publiquement ce drame personnel, il a voulu lancer un avertissement à ses concitoyens et leur faire prendre conscience du fait que tout le monde est concerné par les ravages d’une maladie encore largement marquée, en Afrique, par les tabous et la discrimination.
«La vérité est que quand vous êtes séropositif, c’est un avertissement, un verdict : vous allez mourir, vous devez mourir… Les médicaments disponibles ne font que prolonger la vie, ils ne guérissent pas». Ce constat terrible, Thengo Maoya, l’a fait trois fois. Il a perdu deux garçons et une fille, victimes du sida alors qu’ils avaient à peine une vingtaine d’années. «Les avoir perdus, les avoir enterrés si tôt est très douloureux. C’est un problème sérieux qui me touche moi, vous», a-t-il ajouté devant une large assemblée réunie dans le cadre d’une réunion de sensibilisation sur le sida, à Lilongwe.
Cette déclaration sans détour du ministre de la Terre du Malawi fera date. Elle brise la loi du silence qui entoure encore trop souvent le sida et rend la lutte contre cette maladie terriblement difficile à mener. Au Malawi, les barrières du non-dit sont particulièrement importantes. Le sexe est une question totalement taboue et la prise en compte officielle du sida est très récente malgré le nombre important de séropositifs dans le pays (14 % des 11 millions d’habitants). Dans ce contexte, l’aveu de Thengo Maloya prend un relief particulier. En avouant sans honte avoir été touché d’aussi près par le sida, le ministre a certainement fait avancer la cause des malades encore souvent victimes de discrimination et d’exclusion.
«Une conspiration du silence»
Michel Sidibe, le directeur d’Onusida pour l’Afrique, a d’ailleurs expliqué à quel point il est important de briser les tabous familiaux, sociaux, religieux, pour pouvoir lutter efficacement contre la propagation de l’épidémie : «Ce qui fait que l’infection s’accélère aujourd’hui, c’est qu’il y a un second mur du silence, celui qui sépare le mari de son épouse, les parents des enfants, le gouvernement des communautés, les producteurs de médicaments de ceux qui n’y ont pas accès». La peur de la stigmatisation entraîne très souvent des comportements de négation de la réalité dont les conséquences sont terribles en terme de diffusion du virus. Pour Didier Cherpitel, secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, «de nombreuses mères préfèrent ne pas se soumettre à un dépistage du VIH, ou ne pas aller chercher les résultats, ou ne pas prendre de mesures après en avoir pris connaissance. Elles ont peur d’être stigmatisées par leur famille, leurs amis, leurs employeurs».
Une illustration parfaite de cette attitude avait été donnée par les députés sud-africain, il y a deux ans. Sollicités par l’une de leur consoeur, Patricia de Lille, ils avaient unanimement refusé de se soumettre à un test de dépistage du VIH… par peur de la divulgation des résultats et de ses conséquences. Des rumeurs circulaient, en effet, sur le fait que plusieurs d’entre eux recevaient des traitements anti-rétroviraux. Au début de l’année 2002, un député du Congrès national africain, avait d’ailleurs affirmé que plusieurs parlementaires sud-africains étaient morts du sida. Il avait alors dénoncé une «conspiration du silence» organisée pour garder la cause de ces décès secrètes et éviter d’aborder de front cette question en révélant que l’épidémie touchait toutes les franges la population. Un sujet pourtant fondamental dans ce pays qui compte le nombre le plus important de séropositifs au monde.
Malgré tout, ces deux dernières années, les comportements vis-à-vis du sida ont évolué sur le continent. L’ampleur de l’épidémie et la mobilisation internationale ont incité les gouvernants africains à s’impliquer personnellement dans les campagnes de lutte contre l’épidémie. Yoweri Museveni, le président ougandais qui a été le premier à s’investir dans la lutte contre le sida, a fait des émules. Même les premières dames participent aujourd’hui aux campagnes de lutte contre le sida. Leur implication est importante puisqu’elles interviennent à la fois en tant qu’épouses de chefs d’Etat et mères. De ce point de vue, elles sont d’autant plus à même de participer à briser les tabous. Après l’engagement des associations de malades, des politiques, reste à maintenant à obtenir un véritable soutien des responsables religieux aux campagnes de prévention contre le sida. Car les réticences dont ils font preuve, qu’ils soient catholiques ou musulmans, notamment à l’encontre de l’usage du préservatif, posent un véritable problème.
Cette déclaration sans détour du ministre de la Terre du Malawi fera date. Elle brise la loi du silence qui entoure encore trop souvent le sida et rend la lutte contre cette maladie terriblement difficile à mener. Au Malawi, les barrières du non-dit sont particulièrement importantes. Le sexe est une question totalement taboue et la prise en compte officielle du sida est très récente malgré le nombre important de séropositifs dans le pays (14 % des 11 millions d’habitants). Dans ce contexte, l’aveu de Thengo Maloya prend un relief particulier. En avouant sans honte avoir été touché d’aussi près par le sida, le ministre a certainement fait avancer la cause des malades encore souvent victimes de discrimination et d’exclusion.
«Une conspiration du silence»
Michel Sidibe, le directeur d’Onusida pour l’Afrique, a d’ailleurs expliqué à quel point il est important de briser les tabous familiaux, sociaux, religieux, pour pouvoir lutter efficacement contre la propagation de l’épidémie : «Ce qui fait que l’infection s’accélère aujourd’hui, c’est qu’il y a un second mur du silence, celui qui sépare le mari de son épouse, les parents des enfants, le gouvernement des communautés, les producteurs de médicaments de ceux qui n’y ont pas accès». La peur de la stigmatisation entraîne très souvent des comportements de négation de la réalité dont les conséquences sont terribles en terme de diffusion du virus. Pour Didier Cherpitel, secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, «de nombreuses mères préfèrent ne pas se soumettre à un dépistage du VIH, ou ne pas aller chercher les résultats, ou ne pas prendre de mesures après en avoir pris connaissance. Elles ont peur d’être stigmatisées par leur famille, leurs amis, leurs employeurs».
Une illustration parfaite de cette attitude avait été donnée par les députés sud-africain, il y a deux ans. Sollicités par l’une de leur consoeur, Patricia de Lille, ils avaient unanimement refusé de se soumettre à un test de dépistage du VIH… par peur de la divulgation des résultats et de ses conséquences. Des rumeurs circulaient, en effet, sur le fait que plusieurs d’entre eux recevaient des traitements anti-rétroviraux. Au début de l’année 2002, un député du Congrès national africain, avait d’ailleurs affirmé que plusieurs parlementaires sud-africains étaient morts du sida. Il avait alors dénoncé une «conspiration du silence» organisée pour garder la cause de ces décès secrètes et éviter d’aborder de front cette question en révélant que l’épidémie touchait toutes les franges la population. Un sujet pourtant fondamental dans ce pays qui compte le nombre le plus important de séropositifs au monde.
Malgré tout, ces deux dernières années, les comportements vis-à-vis du sida ont évolué sur le continent. L’ampleur de l’épidémie et la mobilisation internationale ont incité les gouvernants africains à s’impliquer personnellement dans les campagnes de lutte contre l’épidémie. Yoweri Museveni, le président ougandais qui a été le premier à s’investir dans la lutte contre le sida, a fait des émules. Même les premières dames participent aujourd’hui aux campagnes de lutte contre le sida. Leur implication est importante puisqu’elles interviennent à la fois en tant qu’épouses de chefs d’Etat et mères. De ce point de vue, elles sont d’autant plus à même de participer à briser les tabous. Après l’engagement des associations de malades, des politiques, reste à maintenant à obtenir un véritable soutien des responsables religieux aux campagnes de prévention contre le sida. Car les réticences dont ils font preuve, qu’ils soient catholiques ou musulmans, notamment à l’encontre de l’usage du préservatif, posent un véritable problème.
par Valérie Gas
Article publié le 21/02/2003