Sida
Pas de progrès sans mobilisation
Les années passent et l’épidémie de sida continue de progresser. L’Afrique subsaharienne reste le continent le plus durement touché. Mais c’est en Europe de l’Est et en Asie que la progression de la contamination est la plus alarmante. Aucune région n’est aujourd’hui épargnée par cette maladie qui frappe, pour la première fois cette année, autant les femmes que les hommes.
«Nous n’avons pas tiré les leçons de la tragédie africaine». Pour Michel Sidibé, directeur du département Appui aux pays et régions d’Onusida (programme des Nations unies sur le VIH/sida), la communauté internationale a commis une erreur en estimant que les ravages de l’épidémie resteraient limités à l’Afrique et à certaines catégories de population. Les derniers chiffres publiés à la veille de la journée mondiale contre le sida (1er décembre) prouvent qu’au contraire, l’épidémie est en train d’exploser en Europe de l’Est, en Asie et chez les femmes.
Quarante-deux millions de personnes sont actuellement infectées par le virus dans le monde. Soit deux millions de plus qu’en 2001. Durant la dernière année, on a enregistré 3,1 millions de décès dus au sida. Chaque jour, 14 000 personnes supplémentaires sont contaminées dont 95% se trouvent dans les pays en développement. En 2002, 5 millions de nouvelles contaminations ont donc été recensées.
Selon le dernier rapport publié par Onusida, c’est «l’Europe orientale et l’Asie centrale qui conservent le regrettable privilège de connaître la croissance d’infection par le VIH la plus rapide dans le monde». En 2002, 250 000 nouvelles infections ont été comptabilisées dans cette zone. Les grands pays asiatiques ne sont pas épargnés non plus. L’Inde est, aujourd’hui, le pays qui regroupe le plus grand nombre de séropositifs (3,97 millions en 2001) derrière l’Afrique du Sud. Quand à la Chine, les estimations officielles qui annoncent un million de personnes contaminées sont vraisemblablement sous-évaluées. Et les spécialistes craignent que ce pays ne soit rapidement ravagé par l’épidémie. «Dans les prochaines années, cinq pays qui représentent 40% de la population mondiale, le Nigeria, l’Ethiopie, la Chine, l’Inde et la Russie, vont connaître une épidémie massive», explique ainsi Michel Sidibé.
«Quand les femmes sont infectées, l’épidémie s’aggrave»
Ce triste recensement ne laisse pas beaucoup de place à l’espoir. D’autant que la féminisation de l’épidémie se confirme et entraîne un certain nombre de conséquences. Aujourd’hui, en effet, 50 % des séropositifs sont des femmes. Et ce, pour la première fois dans l’histoire trentenaire du sida. Dans le tableau déjà noir de la diffusion de l’épidémie, cette information n’est pas une bonne nouvelle car il est avéré que les femmes jouent dans les pays en développement un rôle prépondérant pour assurer la «survie» de la famille. «Quand les femmes sont infectées, l’épidémie s’aggrave», estime Michel Sidibé.
Dans ce contexte, la question des moyens mis à la disposition de la lutte contre le fléau-sida revient inévitablement. Et la réponse est toujours aussi peu convaincante. Notamment concernant l’accès aux antirétroviraux, dont l’efficacité est aujourd’hui avérée pour retarder les effets du virus, mais dont les seuls malades du Nord disposent pour le moment. Sur 42 millions de personnes infectées dans le monde, 800 000 ont accès aux médicaments dont 500 000 dans les pays développés et 195 000 en Amérique Latine. En Afrique, où se trouvent 29 millions de malades, il n’y a que 50 000 privilégiés qui peuvent bénéficier des traitements.
Et pourtant, les spécialistes en sont convaincus, la réponse au sida passe obligatoirement par les programmes de prévention mais aussi par la généralisation de l’accès aux traitements. «Le risque de propagation du VIH augmente quand la population est désespérée». Isabelle de Zoysa, directrice du programme de prévention du VIH à l’Organisation mondiale de la Santé, estime ainsi que la tendance ne peut être inversée que si l’on redonne espoir aux populations en permettant la diffusion à grande échelle auprès des malades du sud des médicaments disponibles. Sans cela, l’impact des programmes reste trop limité. Même si certains d’entre eux sont tout de même très efficaces et donnent des résultats encourageants qui prouvent que l’on peut agir. Au Cambodge, par exemple, la diffusion du préservatif auprès des prostituées a permis de faire chuter de 13% le taux d’infection dans cette population, depuis 1998. Au Sénégal, les campagnes précoces d’information et de prévention ont été très efficaces. Grâce à elles, le taux d’infection est resté très bas.
Six millions de malades ont, à l’heure actuelle, besoin des antirétroviraux et l’objectif affiché par les organisations spécialisées est donc de permettre à la moitié d’entre elles d’en bénéficier d’ici 2005. Dans cette optique, la mobilisation financière internationale doit être améliorée car elle conditionne une réponse massive au sida. Notamment dans le cadre du Fonds mondial contre le sida, le paludisme, la tuberculose, créé pour financer des programmes de lutte contre ces trois maladies, mais qui n’a toujours pas pu obtenir des pays qui se sont engagés à le financer à hauteur de 610 millions de dollars, qu’ils débloquent les sommes promises.
Quarante-deux millions de personnes sont actuellement infectées par le virus dans le monde. Soit deux millions de plus qu’en 2001. Durant la dernière année, on a enregistré 3,1 millions de décès dus au sida. Chaque jour, 14 000 personnes supplémentaires sont contaminées dont 95% se trouvent dans les pays en développement. En 2002, 5 millions de nouvelles contaminations ont donc été recensées.
Selon le dernier rapport publié par Onusida, c’est «l’Europe orientale et l’Asie centrale qui conservent le regrettable privilège de connaître la croissance d’infection par le VIH la plus rapide dans le monde». En 2002, 250 000 nouvelles infections ont été comptabilisées dans cette zone. Les grands pays asiatiques ne sont pas épargnés non plus. L’Inde est, aujourd’hui, le pays qui regroupe le plus grand nombre de séropositifs (3,97 millions en 2001) derrière l’Afrique du Sud. Quand à la Chine, les estimations officielles qui annoncent un million de personnes contaminées sont vraisemblablement sous-évaluées. Et les spécialistes craignent que ce pays ne soit rapidement ravagé par l’épidémie. «Dans les prochaines années, cinq pays qui représentent 40% de la population mondiale, le Nigeria, l’Ethiopie, la Chine, l’Inde et la Russie, vont connaître une épidémie massive», explique ainsi Michel Sidibé.
«Quand les femmes sont infectées, l’épidémie s’aggrave»
Ce triste recensement ne laisse pas beaucoup de place à l’espoir. D’autant que la féminisation de l’épidémie se confirme et entraîne un certain nombre de conséquences. Aujourd’hui, en effet, 50 % des séropositifs sont des femmes. Et ce, pour la première fois dans l’histoire trentenaire du sida. Dans le tableau déjà noir de la diffusion de l’épidémie, cette information n’est pas une bonne nouvelle car il est avéré que les femmes jouent dans les pays en développement un rôle prépondérant pour assurer la «survie» de la famille. «Quand les femmes sont infectées, l’épidémie s’aggrave», estime Michel Sidibé.
Dans ce contexte, la question des moyens mis à la disposition de la lutte contre le fléau-sida revient inévitablement. Et la réponse est toujours aussi peu convaincante. Notamment concernant l’accès aux antirétroviraux, dont l’efficacité est aujourd’hui avérée pour retarder les effets du virus, mais dont les seuls malades du Nord disposent pour le moment. Sur 42 millions de personnes infectées dans le monde, 800 000 ont accès aux médicaments dont 500 000 dans les pays développés et 195 000 en Amérique Latine. En Afrique, où se trouvent 29 millions de malades, il n’y a que 50 000 privilégiés qui peuvent bénéficier des traitements.
Et pourtant, les spécialistes en sont convaincus, la réponse au sida passe obligatoirement par les programmes de prévention mais aussi par la généralisation de l’accès aux traitements. «Le risque de propagation du VIH augmente quand la population est désespérée». Isabelle de Zoysa, directrice du programme de prévention du VIH à l’Organisation mondiale de la Santé, estime ainsi que la tendance ne peut être inversée que si l’on redonne espoir aux populations en permettant la diffusion à grande échelle auprès des malades du sud des médicaments disponibles. Sans cela, l’impact des programmes reste trop limité. Même si certains d’entre eux sont tout de même très efficaces et donnent des résultats encourageants qui prouvent que l’on peut agir. Au Cambodge, par exemple, la diffusion du préservatif auprès des prostituées a permis de faire chuter de 13% le taux d’infection dans cette population, depuis 1998. Au Sénégal, les campagnes précoces d’information et de prévention ont été très efficaces. Grâce à elles, le taux d’infection est resté très bas.
Six millions de malades ont, à l’heure actuelle, besoin des antirétroviraux et l’objectif affiché par les organisations spécialisées est donc de permettre à la moitié d’entre elles d’en bénéficier d’ici 2005. Dans cette optique, la mobilisation financière internationale doit être améliorée car elle conditionne une réponse massive au sida. Notamment dans le cadre du Fonds mondial contre le sida, le paludisme, la tuberculose, créé pour financer des programmes de lutte contre ces trois maladies, mais qui n’a toujours pas pu obtenir des pays qui se sont engagés à le financer à hauteur de 610 millions de dollars, qu’ils débloquent les sommes promises.
par Valérie Gas
Article publié le 30/11/2002