Sida
Paris accueille la communauté scientifique internationale
La deuxième Conférence de l'International Aids Society a lieu du 13 au 16 juillet à Paris. Réunion avant tout scientifique et médicale à laquelle doivent participer plus de 5000 scientifiques du Nord et du Sud, elle devrait aussi permettre d’aborder les questions sociales et économiques liées à cette maladie. Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain, y est d’ailleurs attendu pour parler des «défis de la gestion du sida» dans son pays qui regroupe le plus grand nombre de malades au monde.
Vingt ans après la découverte du virus du sida, la recherche a fait de nombreux progrès. L’utilisation des anti-rétroviraux et des trithérapies a notamment permis d’améliorer la prise en charge des malades du sida. En l’absence d’un vaccin, à la mise au point duquel travaillent de nombreuses équipes dans le monde, ces traitements constituent des avancées majeures. Ils ont permis de faire reculer de près de 40 % la mortalité des malades qui y ont accès essentiellement en Amérique et en Europe.
Mais c’est bien là que le bât blesse : les avancées ne profitent pas à tout le monde de la même manière. En Afrique, où se trouvent près de 30 millions de séropositifs, seuls quelque 50 000 personnes ont accès aux traitements. Dans un contexte marqué depuis deux ans par une mobilisation en faveur des malades des pays du Sud, de nombreuses négociations ont été engagées entre les Etats et les compagnies pharmaceutiques pour baisser le prix des médicaments. Elles ont abouti dans un certain nombre de cas à des accords concernant des molécules livrées avec des réductions de prix allant jusqu’à 90 %. Cette tendance est encourageante mais les résultats restent très insuffisants au regard des besoins. Et surtout, les réductions de prix ne permettent pas de surmonter tous les obstacles à la distribution des traitements en raison notamment des déficiences des systèmes de santé et du manque de personnels médicaux qualifiés dans les pays concernés.
George W. Bush débloque 15 milliards
D’autre part un obstacle de taille demeure. La négociation engagée à l’Organisation mondiale du Commerce pour permettre l’utilisation sans contrainte par les pays pauvres en situation d’urgence sanitaire (exportation, importation) des médicaments génériques antisida (copies beaucoup moins coûteuses des spécialités sous brevet), n’a toujours pas abouti. Les Etats-Unis s’opposent à un accord global, qui lèserait selon eux les intérêts des laboratoires et tentent de promouvoir des accords au cas par cas.
Dans le droit fil de cette position, le président américain George W. Bush, qui a fait une tournée dans cinq pays africains du 8 au 12 juillet au cours de laquelle le sida était à l’ordre du jour, a annoncé le déblocage de 15 milliards de dollars sur cinq ans pour financer les traitements et la prévention (préservatif et abstinence) contre le virus dans les pays d’Afrique et des Caraïbes. A l’exception d’un milliard par an pour le Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ces sommes seront alloués directement à des programmes menés dans les pays. Fort de cet effort significatif destiné à montrer l’engagement des Etats-Unis face au fléau du sida, George W. Bush a aussi mis au défi les Européens de faire la même chose à l’occasion du G8 d’Evian au début du mois de juin 2003. Malgré les appels à la générosité de la France (qui a promis 150 millions d’euros) et de la Grande-Bretagne, les dirigeants de l’Union européenne ont finalement renoncé à s’engager à hauteur d’un milliard d’euros par an en faveur du Fonds mondial comme cela avait été envisagé.
La participation financière des bailleurs de fonds internationaux est plus que jamais au cœur de la problématique de la lutte contre le sida. Malgré une augmentation très importante des dépenses qui ont été multipliées par neuf depuis 1996 pour atteindre 4,7 milliards de dollars, les fonds disponibles sont largement insuffisants. L’ONUSIDA estime que 10,5 milliards au moins sont nécessaires dès 2005 et près de 15 milliards à partir de 2007 pour appuyer la diffusion des traitements et les programmes de prévention. D’énormes efforts doivent en effet être faits à ce dernier niveau. Une étude récente réalisée par le Groupe de travail mondial sur la prévention du VIH a montré que moins d’une personne sur cinq exposées au risque d’infection par le virus a accès à des programmes de prévention, dont un financement adéquat pourrait pourtant éviter plusieurs dizaines de millions de contaminations d’ici 2010.
Dans un tel contexte, la conférence des donateurs du Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose qui doit se tenir à Paris dans la foulée de la deuxième Conférence internationale sur le sida (16 juillet) à l’invitation du président français, est importante. Elle a pour objectif de pérenniser le financement de cette institution multilatérale qui, un an et demi après sa création, connaît déjà des difficultés et n’a pas à sa disposition des sommes suffisantes pour continuer son action dans les deux prochaines années. Le Fonds dispose de 3,4 milliards de dollars de promesses de dons mais a besoin de 4 milliards supplémentaires. Le ministre français délégué à la Francophonie et à la Coopération a ainsi estimé à la suite du dernier conseil d’administration du Fonds à Genève, au mois de juin : «Cette conférence du 16 juillet est une occasion pour la communauté internationale -les pays riches, les organisations financières et les autres partenaires-de prendre des engagements pour une durée telle que le Fonds sache qu’en 2004, en 2005, il puisse être sûr de dépenser tel volume d’argent».
2ème Conférence de l'International Aids Society
Mais c’est bien là que le bât blesse : les avancées ne profitent pas à tout le monde de la même manière. En Afrique, où se trouvent près de 30 millions de séropositifs, seuls quelque 50 000 personnes ont accès aux traitements. Dans un contexte marqué depuis deux ans par une mobilisation en faveur des malades des pays du Sud, de nombreuses négociations ont été engagées entre les Etats et les compagnies pharmaceutiques pour baisser le prix des médicaments. Elles ont abouti dans un certain nombre de cas à des accords concernant des molécules livrées avec des réductions de prix allant jusqu’à 90 %. Cette tendance est encourageante mais les résultats restent très insuffisants au regard des besoins. Et surtout, les réductions de prix ne permettent pas de surmonter tous les obstacles à la distribution des traitements en raison notamment des déficiences des systèmes de santé et du manque de personnels médicaux qualifiés dans les pays concernés.
George W. Bush débloque 15 milliards
D’autre part un obstacle de taille demeure. La négociation engagée à l’Organisation mondiale du Commerce pour permettre l’utilisation sans contrainte par les pays pauvres en situation d’urgence sanitaire (exportation, importation) des médicaments génériques antisida (copies beaucoup moins coûteuses des spécialités sous brevet), n’a toujours pas abouti. Les Etats-Unis s’opposent à un accord global, qui lèserait selon eux les intérêts des laboratoires et tentent de promouvoir des accords au cas par cas.
Dans le droit fil de cette position, le président américain George W. Bush, qui a fait une tournée dans cinq pays africains du 8 au 12 juillet au cours de laquelle le sida était à l’ordre du jour, a annoncé le déblocage de 15 milliards de dollars sur cinq ans pour financer les traitements et la prévention (préservatif et abstinence) contre le virus dans les pays d’Afrique et des Caraïbes. A l’exception d’un milliard par an pour le Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ces sommes seront alloués directement à des programmes menés dans les pays. Fort de cet effort significatif destiné à montrer l’engagement des Etats-Unis face au fléau du sida, George W. Bush a aussi mis au défi les Européens de faire la même chose à l’occasion du G8 d’Evian au début du mois de juin 2003. Malgré les appels à la générosité de la France (qui a promis 150 millions d’euros) et de la Grande-Bretagne, les dirigeants de l’Union européenne ont finalement renoncé à s’engager à hauteur d’un milliard d’euros par an en faveur du Fonds mondial comme cela avait été envisagé.
La participation financière des bailleurs de fonds internationaux est plus que jamais au cœur de la problématique de la lutte contre le sida. Malgré une augmentation très importante des dépenses qui ont été multipliées par neuf depuis 1996 pour atteindre 4,7 milliards de dollars, les fonds disponibles sont largement insuffisants. L’ONUSIDA estime que 10,5 milliards au moins sont nécessaires dès 2005 et près de 15 milliards à partir de 2007 pour appuyer la diffusion des traitements et les programmes de prévention. D’énormes efforts doivent en effet être faits à ce dernier niveau. Une étude récente réalisée par le Groupe de travail mondial sur la prévention du VIH a montré que moins d’une personne sur cinq exposées au risque d’infection par le virus a accès à des programmes de prévention, dont un financement adéquat pourrait pourtant éviter plusieurs dizaines de millions de contaminations d’ici 2010.
Dans un tel contexte, la conférence des donateurs du Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose qui doit se tenir à Paris dans la foulée de la deuxième Conférence internationale sur le sida (16 juillet) à l’invitation du président français, est importante. Elle a pour objectif de pérenniser le financement de cette institution multilatérale qui, un an et demi après sa création, connaît déjà des difficultés et n’a pas à sa disposition des sommes suffisantes pour continuer son action dans les deux prochaines années. Le Fonds dispose de 3,4 milliards de dollars de promesses de dons mais a besoin de 4 milliards supplémentaires. Le ministre français délégué à la Francophonie et à la Coopération a ainsi estimé à la suite du dernier conseil d’administration du Fonds à Genève, au mois de juin : «Cette conférence du 16 juillet est une occasion pour la communauté internationale -les pays riches, les organisations financières et les autres partenaires-de prendre des engagements pour une durée telle que le Fonds sache qu’en 2004, en 2005, il puisse être sûr de dépenser tel volume d’argent».
2ème Conférence de l'International Aids Society
par Valérie Gas
Article publié le 12/07/2003