Sida
Des traitements de plus en plus efficaces
Une nouvelle génération de médicaments antisida va bientôt arriver sur le marché. Le T20, premier inhibiteur de la fusion mis au point par les laboratoires Trimeris et Roche, a été présenté lors de la XIVe Conférence internationale sur le sida, à Barcelone. Si les recherches sur un éventuel vaccin sont encore loin d'aboutir, des molécules de plus en plus efficaces pour stopper la progression de la maladie sont mises au point. Mais ne bénéficient encore qu’aux malades des pays riches.
Il ne faut pas attendre de miracle dans la lutte contre le sida. Quels que soient les progrès de la recherche et les médicaments mis sur le marché, le virus ne pourra pas être éradiqué avant au moins 70 ans. Malgré tout, les scientifiques ont réussi à mettre au point des traitements de plus en plus efficaces qui permettent aux malades qui en bénéficient d'allonger leur espérance de vie et de vivre dans de meilleurs conditions.
A Barcelone, les laboratoires Trimeris et Roche ont présenté à la communauté scientifique le fruit de leur recherche : une nouvelle molécule antisida qu’ils ont baptisée T20, dont les performances sont très encourageantes. Il fait partie d’une nouvelle classe d’antiviraux, les inhibiteurs de la fusion (ou inhibiteurs d’entrée) qui succèdent à l’AZT, première molécule mise au point dans les années 80, et aux inhibiteurs de la protéase, au milieu des années 90, qui avaient permis des avancées très importantes dans la lutte contre le sida. Au lieu d’agir sur le virus une fois qu’il a pénétré les cellules, le T20 réussit la performance de l’empêcher d’y entrer.
Pas de vaccin pour le moment
Ce médicament a été testé sur mille malades qui avaient développé des résistances aux traitements déjà disponibles, en Amérique du Nord, au Brésil, en Europe et en Australie. Il a réussi, grâce à deux injections quotidiennes, à faire baisser la charge virale «au-dessous des niveaux de détection chez deux fois plus de patients que le traitement de comparaison», selon le professeur Bonaventura Clotet, de l’hôpital Germans Trias i Pujol de Barcelone. Il a aussi la vertu de limiter les effets secondaires. Trois pour cent seulement des patients qui ont participé aux tests ont dû interrompre le traitement. Cette nouvelle molécule qui est «le médicament le plus complexe» jamais produit par les laboratoires pharmaceutiques, devrait être disponible en Amérique du Nord et en Europe d’ici quelques mois.
Ces découvertes sont très importantes car les médecins ont noté l’apparition de résistances aux traitements de plus en plus fréquentes. Aux Etats-Unis, des études ont mis en valeur que 80 % des séropositifs étaient porteurs d’un virus résistant à au moins un médicament disponible et que 20 % des nouveaux contaminés le sont par un virus déjà résistant. Ce phénomène est l’une des principales sources de préoccupation pour les médecins et l’un des défis les plus importants que les chercheurs ont à relever.
Le VIH est, en effet, un virus particulièrement difficile à combattre. Il attaque les globules blancs c’est à dire les défenses immunitaires de l’organisme. Il est multiple et mutant, au moins dix sous-types du virus ont déjà été identifiés. Toutes ces difficultés, ajouté au fait qu’il est impossible d’utiliser comme dans les autres vaccins des virus entiers mais inactivés pour le fabriquer sans faire courir un énorme danger au patient, rendent la mise au point d’un vaccin très difficile. Les espoirs d’aboutir rapidement dans ce domaine sont donc très faibles. D’ailleurs, à Barcelone, la société VaxGen qui mène des essais sur l’homme depuis 1998, s’est dite «optimiste» sur le potentiel de son vaccin (AidsVax), mais n’a pas donné, malgré les attentes, d’informations tangibles sur les avancées réalisées. Selon Onusida, 400 à 500 millions de dollars par an sont aujourd’hui dédiés à la recherche vaccinale. Plusieurs laboratoires mènent des essais mais pour le moment l’efficacité des tests a souvent été insuffisantes pour permettre de dépasser les premiers stades des phases expérimentales.
Ce n’est donc pas, à court ou moyen terme, du côté du vaccin qu’il faut attendre des progrès dans la lutte contre le sida. Mais bien de celui de la prévention et de la diffusion, à l’échelle mondiale, des antirétroviraux qui ont fait leurs preuves dans les pays riches malgré les résistances et les effets secondaires.
A lire également :
Sida : pour bien parler du mal
Edito économique de Norbert Navarro
A écouter :
Reportage en Inde : évolution de la maladie et accès aux médicaments (Magazine Reporteur de Marina Mielzareck, le 08/07/2002)
Liens utiles :
Onusida
Conférence internationale de Barcelone sur le sida
A Barcelone, les laboratoires Trimeris et Roche ont présenté à la communauté scientifique le fruit de leur recherche : une nouvelle molécule antisida qu’ils ont baptisée T20, dont les performances sont très encourageantes. Il fait partie d’une nouvelle classe d’antiviraux, les inhibiteurs de la fusion (ou inhibiteurs d’entrée) qui succèdent à l’AZT, première molécule mise au point dans les années 80, et aux inhibiteurs de la protéase, au milieu des années 90, qui avaient permis des avancées très importantes dans la lutte contre le sida. Au lieu d’agir sur le virus une fois qu’il a pénétré les cellules, le T20 réussit la performance de l’empêcher d’y entrer.
Pas de vaccin pour le moment
Ce médicament a été testé sur mille malades qui avaient développé des résistances aux traitements déjà disponibles, en Amérique du Nord, au Brésil, en Europe et en Australie. Il a réussi, grâce à deux injections quotidiennes, à faire baisser la charge virale «au-dessous des niveaux de détection chez deux fois plus de patients que le traitement de comparaison», selon le professeur Bonaventura Clotet, de l’hôpital Germans Trias i Pujol de Barcelone. Il a aussi la vertu de limiter les effets secondaires. Trois pour cent seulement des patients qui ont participé aux tests ont dû interrompre le traitement. Cette nouvelle molécule qui est «le médicament le plus complexe» jamais produit par les laboratoires pharmaceutiques, devrait être disponible en Amérique du Nord et en Europe d’ici quelques mois.
Ces découvertes sont très importantes car les médecins ont noté l’apparition de résistances aux traitements de plus en plus fréquentes. Aux Etats-Unis, des études ont mis en valeur que 80 % des séropositifs étaient porteurs d’un virus résistant à au moins un médicament disponible et que 20 % des nouveaux contaminés le sont par un virus déjà résistant. Ce phénomène est l’une des principales sources de préoccupation pour les médecins et l’un des défis les plus importants que les chercheurs ont à relever.
Le VIH est, en effet, un virus particulièrement difficile à combattre. Il attaque les globules blancs c’est à dire les défenses immunitaires de l’organisme. Il est multiple et mutant, au moins dix sous-types du virus ont déjà été identifiés. Toutes ces difficultés, ajouté au fait qu’il est impossible d’utiliser comme dans les autres vaccins des virus entiers mais inactivés pour le fabriquer sans faire courir un énorme danger au patient, rendent la mise au point d’un vaccin très difficile. Les espoirs d’aboutir rapidement dans ce domaine sont donc très faibles. D’ailleurs, à Barcelone, la société VaxGen qui mène des essais sur l’homme depuis 1998, s’est dite «optimiste» sur le potentiel de son vaccin (AidsVax), mais n’a pas donné, malgré les attentes, d’informations tangibles sur les avancées réalisées. Selon Onusida, 400 à 500 millions de dollars par an sont aujourd’hui dédiés à la recherche vaccinale. Plusieurs laboratoires mènent des essais mais pour le moment l’efficacité des tests a souvent été insuffisantes pour permettre de dépasser les premiers stades des phases expérimentales.
Ce n’est donc pas, à court ou moyen terme, du côté du vaccin qu’il faut attendre des progrès dans la lutte contre le sida. Mais bien de celui de la prévention et de la diffusion, à l’échelle mondiale, des antirétroviraux qui ont fait leurs preuves dans les pays riches malgré les résistances et les effets secondaires.
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Reportage en Inde : évolution de la maladie et accès aux médicaments (Magazine Reporteur de Marina Mielzareck, le 08/07/2002)
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Conférence internationale de Barcelone sur le sida
par Valérie Gas
Article publié le 09/07/2002