Politique française
Le référendum salué par la classe politique
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L’annonce par le président de la République que le projet de constitution européenne, signé par les gouvernements des Vingt-cinq le 29 octobre prochain à Rome, serait ratifié, en France, par la procédure référendaire, a reçu l’approbation générale de la classe politique. En choisissant le recours au référendum populaire plutôt que la voie parlementaire du congrès, comme la constitution l’y autorise, Jacques Chirac met la France au côté de l’Espagne, du Portugal, de la Grande-Bretagne, du Danemark, du Luxembourg et de l’Irlande. Des 16 pays de l’Union européenne qui ont déjà opté pour l’une ou l’autre formule, neuf procéderont à une ratification parlementaire et sept, dont la France, à un référendum.
« Directement concernés » par la future constitution européenne, a relevé le président de la République dans son allocution du 14 juillet, les Français seront donc tout aussi directement consultés. Et c’est bien ce que relèvent, pour s’en féliciter, les partis politiques de la majorité comme de l’opposition. « Une bonne nouvelle pour la démocratie » affirme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du parti communiste. « Très longtemps attendu, le référendum sur l’Europe est enfin annoncé » renchérissent les Verts. « Impérieuse nécessité d’associer tous nos concitoyens » approuve Alain Juppé président de l’UMP.
Cette appréciation positive sur la procédure n’implique pas pour autant que ces formations politiques se préparent à faire massivement campagne pour le « oui ». Seule dans ce cas, pour l’instant, l’UDF de François Bayrou, parti résolument pro-européen et favorable à la future constitution. Tout aussi clairement déclarés les opposants à la ratification de la constitution issue de plus de 18 mois de débats au niveau intergouvernemental : le parti communiste, l’extrême gauche et l’extrême droite. Le PC engage dès à présent une campagne de mobilisation contre ce projet qualifié d’ultra-libéral. La Ligue communiste révolutionnaire se prononce également pour le « non » car « une autre Europe que celle, libérale et militariste, qu’entend institutionnaliser la constitution est possible ». Au Front national comme au MPF de Philippe de Villiers, on juge que cette constitution qui « supprime radicalement la souveraineté française ».
Opposants, partisans et indécisMais dans les deux partis les plus importants de l’échiquier politique français, l’UMP et le PS, des tensions internes se sont fait jour. Même si au final la décision de l’un et de l’autre devrait pencher vers le « oui » les prises de positions divergentes se poursuivent.
A l’UMP la tendance générale est à la ratifiication mais il existe aussi dans la nébuleuse présidentielle une minorité souverainiste qui n’a pas dit son dernier mot. Pour le député UMP Jacques Myard « la campagne va permettre d’éclairer les Français sur les véritables enjeux de ce texte qui conduit l’Europe dans l’impasse ». Et selon lui « l’alternative du référendum n’est pas le oui ou le chaos ». Nicolas Dupont-Aignan sur la même ligne de refus entend s’organiser pour préparer « la victoire du non ».
Chez les socialistes l’unanimité n’est pas davantage la règle car on y dénombre les opposants, les partisans et les indécis. Le premier secrétaire François Hollande va faire campagne en interne en faveur du oui mais une consultation des militants est prévue avant toute prise de position définitive. Parmi les partisans de la ratification on trouve Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard et Martine Aubry. Mais Laurent Fabius, pesant les avancées positives et les insuffisances du texte, se prononcera avant la fin de l’année. En revanche deux courants minoritaires du PS, celui animé par Arnaud Montebourg et celui de Henri Emmanuelli, tenteront de faire progresser le front du refus.
D’autant plus que les socialistes sont pris entre deux tentations, celle de faire aboutir le projet européen, risquant un « effet plébiscite » en faveur de Jacques Chirac, et celle de capitaliser les votes des mécontents de l’action menée par Jacques Chirac et son gouvernement. Politique qui leur a particulièrement bien réussi lors des dernières consultations électorales.
Le président de la République, en annonçant le choix du référendum, n’a pas sous-estimé le danger souhaitant que les hommes politiques « ne polluent pas » le débat sur la constitution par des considérations immédiates et sans rapport avec la question posée. Rappelons que le traité de Maastricht n’a été approuvé, en septembre 1992, qu’à une faible majorité de 51%.
par Francine Quentin
Article publié le 15/07/2004 Dernière mise à jour le 15/07/2004 à 13:24 TU