Justice internationale
Prison à vie pour un ancien ministre rwandais coupable de génocide
(photo : AFP)
De notre correspondant à Arusha.
Le jour du jugement venu, il y a les accusés qui affichent une décontraction plus ou moins feinte tandis que d’autres, l’air absent, écoutent sans réaction le prononcé du verdict. Emmanuel Ndindabahizi avait quant à lui, avant même l’ouverture de la dernière audience de son procès, le visage défait de ceux qui savent tout perdu.
Ministre à priori important du gouvernement rwandais à l’époque du génocide, Ndindabahizi n’était pourtant pas poursuivi en tant que responsable majeur de la planification et de la mise en oeuvre du génocide des Tutsis. « J’ai été un ministre de devoir », avait-il plaidé en novembre dernier, lorsque l’accusation avait cependant fait valoir qu’il est de ceux, qui même après la chute du gouvernement et son exil dans l’est de la RDC, sont restés à son service.
En définitive, l’accusation contre Emmanuel Ndindabahizi portait davantage sur ses responsabilité en temps que responsable du Parti Social Démocrate (PSD), dans la préfecture de Kibuye. Un parti modéré dont il a, selon la chambre, encouragé les membres à se joindre aux mouvements de défense civile, bras armé du génocide.
Il ordonne de s’attaquer aux femmes
A propos de son implication personnelle dans les massacres, les juges ont estimé qu’à trois reprises, entre avril et mai 1994, en préfecture de Kibuye (précisément sur les hauteurs de Gitwa et aux des barrages de Gaseke et Nyabahanga), l’ancien ministre a encouragé et aidé aux massacres. En distribuant des machettes, en transportant des tueurs sur les lieux des massacres et en leur ordonnant entre autres, de s’attaquer aux femmes tutsies.
Des conclusions factuelles qui justifient sa culpabilité aux trois chefs d’accusation pour lesquels l’ancien ministre rwandais était poursuivi, à savoir : le génocide, l’extermination et le meurtre, sous la qualification pour ces deux derniers de « crimes contre l’humanité ». En outre, ses hautes responsabilités à l’époque des faits ont largement contribué à la lourde sentence prononcée contre lui.
Ndindabahizi a été condamné à la prison à vie. Il est le quatrième des cinq anciens membres du gouvernement jugés par le TPIR à être condamné à une telle peine. Seul l’ancien ministre des transports, André Ntagerura a été acquitté.
par André-Michel Essoungou
Article publié le 16/07/2004 Dernière mise à jour le 16/07/2004 à 11:49 TU