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Haïti

Fréquentable à nouveau

Une vendeuse au marché de Port-au-Prince. Le retour à la stabilité et au calme a été reconnu par le Conseil de sécurité de l’ONU. 

		(Photo : AFP)
Une vendeuse au marché de Port-au-Prince. Le retour à la stabilité et au calme a été reconnu par le Conseil de sécurité de l’ONU.
(Photo : AFP)
Quatre mois de gouvernement ont suffi à la nouvelle équipe dirigeante à Port-au-Prince pour séduire l’ONU. Le Conseil de sécurité lance un appel à l’aide pour Haïti en précisant que le gouvernement de transition «a entrepris de créer des conditions sûres et stables en Haïti». La réunion des bailleurs de fonds qui se tient à Washington vise à consolider les acquis du nouveau pouvoir.

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont exprimé depuis le 17 juin dernier un vif encouragement en direction des acteurs politiques haïtiens afin qu’ils poursuivent «leurs efforts en faveur de l’établissement d’un système politique pacifique et démocratique». Leurs félicitations ont servi de préambule à l’exhortation de la communauté internationale  à apporter un soutien «généreux et opportun» à Haïti. Le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Hedi Annabi, a profité de la tribune des Nations unies pour intercéder en faveur d’Haïti et de ses nouveaux dirigeants en rassurant tout le monde de la situation désormais «stable et calme» dans ce pays. Les donateurs réunis à Washington les 19 et 20 juillet en tiendront certainement compte.

Le Premier ministre haïtien Gérard Latortue défend en personne le dossier de son pays face à l’assemblée des donateurs, réunis au siège de la Banque mondiale. La relance de l’économie d’Haïti nécessite aujourd’hui une somme de 1,3 milliard de dollars. Une partie de la somme est déjà réunie, soit 600 millions de dollars, précisent les autorités haïtiennes. La Banque interaméricaine de développement (BID) a promis 400 millions de dollars et les Etats-Unis 232 millions de dollars d’ici à 2006. La conférence de Washington est co-organisée par la Banque mondiale, l’ONU, l’Union européenne et la BID. Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Anan participent à cette conférence à laquelle prennent part également les présidents des différentes institutions financières.

«Tout ce qui ne va pas».

A la fin de cette conférence des donateurs institutionnels, l’administration américaine a prévu des rencontres entre autorités haïtiennes et le secteur privé dès le 21 juillet. Dans un même et unique panier les autorités haïtiennes ont été conseillées de mettre «tout ce qui ne va pas». En effet un rapport d’évaluation montre la très grande pauvreté et les besoins urgent de ce pays. Le revenu quotidien d’un Haïtien  est moins d’un dollar. L’accès à l’eau potable est réservé à une minorité, de surcroît urbaine. Sur le plan sanitaire les hôpitaux sont pratiquement inexistants sans moyens ni équipements adéquats, la prévalence du sida est estimée à 5%. Le réseau routier souffre de délabrement tout comme le système scolaire. Cet étalage de misère a l’avantage de révéler un grand dysfonctionnement et de lier tous les problèmes entre eux pour permettre aux bailleurs de fonds de mieux appréhender les difficultés auxquelles sont confrontées les nouvelles autorités de Port-au-Prince.

Plusieurs organisations ont apporté leur caution pour appuyer les demandes haïtiennes, comme l’Agence américaine d’aide au développement international (USAID) qui a noté un réel «engagement du gouvernement d’Haïti à combattre la corruption». La volonté de dialogue avec l’opposition, affichée par le gouvernement, est aussi saluée par une mission d’information de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui y trouve un gage de sérieux. Tous les observateurs ont d’ailleurs remarqué le rapide retour au calme après le départ de l’ancien président, Jean-Bertrand Aristide le 29 février dernier. Cette situation est largement due à l’envoi très rapide d’une force militaire composée par la France, les Etats-Unis, le Canada et le Chili. Depuis le 25 juin le Conseil de sécurité a dépêché une Mission des Nations unies de stabilisation en Haïti (MINUSTAH) qui sera au total composée de 6 700 hommes sous commandement brésilien.

Avant même de connaître la décision des bailleurs de fonds réunis à Washington, de nombreux Etats américains se sont prononcés en faveur de l’actuel gouvernement de transition installé à Port-au-Prince. Le Canada a promis d’accroître son aide financière qui est déjà de 11,25 millions de dollars et maintiendra son contingent militaire jusqu’à la fin du mois d’août. Par ailleurs, les présidents Leonel Fernandez de Saint-Domingue, Ricardo Lagos du Chili et Luis Inacio (Lula) da Silva du Brésil feront tous un voyage en Haïti d’ici au 18 août prochain. 



par Didier  Samson

Article publié le 19/07/2004 Dernière mise à jour le 19/07/2004 à 15:22 TU