Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis

Convention démocrate : Kerry veut séduire l’Amérique

John Edwards et John Kerry, fins prêts avant la grande messe démocrate.  

		(Photo : AFP)
John Edwards et John Kerry, fins prêts avant la grande messe démocrate.
(Photo : AFP)
La convention démocrate qui a lieu du 26 au 29 juillet à Boston s’annonce comme une grand-messe médiatique destinée à présenter le candidat à la présidentielle, John Kerry, sous son meilleur jour auprès des délégués du parti mais aussi, et surtout, auprès des électeurs américains. Il s’agit non seulement de faire valoir sa différence par rapport à George W. Bush sur les grands dossiers comme la sécurité, mais aussi d’atténuer l’image d’intellectuel froid et lointain dont John Kerry a du mal à se défaire.

Pour John Kerry, c’est le moment ou jamais de mettre le paquet. Pendant quatre jours, la convention démocrate va lui offrir une vitrine médiatique extraordinaire pour convaincre les Américains qu’il est l’homme qu’il faut aux Etats-Unis. Car même si Kerry, qui s’est imposé comme le candidat démocrate à la Maison Blanche à l’issue des primaires et des caucus, a progressé dans les sondages qui le placent dorénavant légèrement devant le président sortant George W. Bush, la campagne va encore être longue jusqu’à l’élection présidentielle prévue le 2 novembre prochain. Et tout le monde s’attend à une dernière ligne droite difficile et serrée.

C’est pour cette raison que tout a été prévu pour que le candidat démocrate sorte le plus renforcé possible de la convention de Boston où il doit officiellement être investi par le parti. L’objectif prioritaire étant d’améliorer son image auprès des Américains moyens, encore peu convaincus par la personnalité, jugée complexe et distante, de John Kerry. La soixantaine élégante, le sénateur du Massachusetts, apparaît comme un intellectuel issu d’un milieu privilégié avec un côté un peu rigide. Depuis le début de la campagne électorale, John Kerry souffre d’être perçu comme un homme inaccessible auquel les Américains ont du mal à s’identifier. Et ça, les démocrates l’ont compris.

L’atout Edwards

A Boston, ils vont donc jouer à fond la carte : Kerry est un homme comme les autres. Le candidat démocrate à la présidence a d’ailleurs déjà commencé à travailler dans ce sens en choisissant comme colistier le sénateur de Caroline de Nord, John Edwards, qui doit être lui aussi officiellement investi lors de la convention. Homme du Sud, la cinquantaine conquérante, Edwards est à peine baptisé en politique puisqu’il est devenu sénateur en 1998 seulement. Sa personnalité charismatique et enjouée - l’hebdomadaire People l’a désigné comme l’homme politique le plus «sexy» de l’année 2000- est tellement à l’opposé de celle de Kerry qu’elle en est devenue totalement complémentaire.

Cet avocat brillant qui a fait carrière, et fortune, en défendant les victimes d’accidents ou d’erreurs médicales contre les grosses sociétés, est issu d’un milieu populaire et le revendique. Il en a même fait un argument politique pour affirmer qu’en Amérique tout est possible, mais aussi qu’il faut aider les classes moyennes et populaires. Après avoir brigué l’investiture démocrate, John Edwards est donc devenu le deuxième homme du ticket du parti pour la présidentielle et ne ménage pas sa peine pour soutenir la campagne de John Kerry à coup de sourires et de mains serrées.

Lors de la convention de Boston où près de 5 000 délégués démocrates venus de tout le pays seront réunis, l’opération de séduction va donc poursuivre son cours. Notamment grâce aux interventions des vétérans de la guerre du Vietnam qui ont combattu aux côtés de John Kerry. Ces témoignages doivent mettre en valeur le courage et la ténacité du candidat démocrate. Le plus attendu est celui de Jim Rassman, un ancien béret vert, auquel Kerry a sauvé la vie en le repêchant dans le fleuve Mékong alors que les ennemis tiraient à tout va. L’électorat des anciens combattants est, en effet, largement convoité par les démocrates qui espèrent tirer partie du passé de soldat médaillé de Kerry pour inciter des hommes, traditionnellement plutôt républicains, à voter pour eux. Et surtout, il s’agit de couper l’herbe sous le pied de George W. Bush qui a tenté de noyer le prestige que son adversaire aurait pu tirer de sa participation à la guerre du Vietnam, en la réduisant au fait qu’il en est revenu en la condamnant. Une manière de le dévaloriser aux yeux des vétérans.

Attaquer Bush

Tout le clan de John Kerry sera aussi à Boston pour montrer le soutien qu’il lui apporte et offrir l’image d’une famille recomposée mais unie, indispensable lorsqu’on brigue un mandat à la Maison Blanche. Ses enfants et surtout sa deuxième femme : Teresa, ex-madame Heinz, du nom de son premier mari, le milliardaire du ketchup décédé en 1991, interviendront durant la convention. La personnalité de cette femme de cinq ans l’aînée de John Kerry est aussi un atout de campagne. Très riche puisqu’elle a hérité de l’empire agroalimentaire de son premier époux, elle a la réputation d’être particulièrement originale et spontanée. Depuis l’entrée de John Kerry dans la course à l’investiture démocrate, elle est très présente à ses côtés et le fait bénéficier de sa capacité à attirer l’attention des médias.

Pour John Kerry, la convention est aussi l’occasion de développer ses principaux thèmes de campagne devant les délégués et donc d’attaquer son adversaire, le républicain George W. Bush.  Par exemple sur sa gestion de l’après-guerre en Irak. Dans ce domaine, le candidat démocrate, qui ne remet pas en cause l’intervention contre le régime de Saddam Hussein, ne veut pas pour autant laisser à George W. Bush le champ libre et critique l’isolement auquel le président a conduit le pays. Kerry promet, d’ailleurs, s’il est élu d’ouvrir «une nouvelle ère d’alliances» diplomatiques. Pour autant, il ne veut pas apparaître en retrait sur la question de la lutte contre le terrorisme qui préoccupe les Américains depuis les attentats du 11 septembre 2001, et affirme qu’il n’hésitera pas à utiliser la force si la sécurité des Etats-Unis est menacée. Il a d’ailleurs affirmé que sa priorité serait de mettre en œuvre une réforme des dispositifs de sécurité dès le «premier jour» de son mandat, s’il est élu. Une manière de dire que George W. Bush n’a toujours pas fait le nécessaire dans ce domaine.



par Valérie  Gas

Article publié le 25/07/2004 Dernière mise à jour le 26/07/2004 à 13:14 TU

Audio

James Oberstar

Elu démocrate de l'état du Minnesota

«John Kerry doit continuer à insister sur l'économie et sur la grande faute de Bush à engager les Etats-Unis dans la guerre en Irak.»

[26/07/2004]

Correspondante de RFI aux Etats-Unis

«Il est certain que John Kerry a à prouver qu'il est quelqu'un de chaleureux, qu'il peut véhiculer de l'émotion. Il a cette image d'homme froid et guindé. L'idéal pour un candidat, c'est de faire pleurer la foule.»

[26/07/2004]

Articles