Géorgie
Cessez-le-feu en Ossétie du Sud
(Photo: AFP)
De notre correspondante à Tbilissi
La signature de l’accord de cessez-le-feu est intervenue après trois nuits de tirs de mortiers et d’armes automatiques entre civils ossètes et militaires géorgiens. Depuis le 31 mai dernier, les tensions entre Tbilissi, la capitale géorgienne et Tskhinvali n’ont fait que croître. Et elles sont arrivées vendredi à leur comble après que des forces armées illégales ossètes aient ouvert le feu sur la voiture du Premier ministre géorgien, Zourab Jvania, qui rendait visite aux populations géorgiennes d’Ossétie sinistrées par le conflit.
Interrogé par téléphone, le ministre géorgien en charge de la résolution des conflits, Gogua Khaindrava s’est dit incertain quand à la garantie du cessez-le-feu, et ce malgré l’accord signé. D’après la chaîne de télévision Roustavi 2, quelques minutes encore avant que le Président ossète n’appose son paraphe au document, des tirs retentissaient dans le village d’Eretvi.
Malgré cette signature, le dialogue s’annonce très difficile entre les deux parties. Interrogée au sujet d’une éventuelle rencontre entre Zourab Jvania et le président ossète Edouard Kokoïti, Irina Gagloéva, chef du Comité d’information de la République autonome d’Ossétie, rapportait ainsi qu’Edouard Kokoïti ne serait prêt au dialogue que si «la partie géorgienne respectait davantage les règles du protocole diplomatique».
Selon ses propos, «aucune décision n‘a été prise car la partie géorgienne n’honore pas les règles du dialogue multipartite». Elle dit même porter plus «de crédit à la mesure de Zourab Jvania» qu’au caractère «trop trempé» du ministre en charge de la résolution des conflits, Giorgi Khaindrava. Elle accuse par ailleurs les Géorgiens d’avoir mis en scène l’attaque contre le Premier ministre: «La zone dans laquelle a eu lieu la soi-disant attaque est entièrement contrôlée par les Géorgiens. En aucun les Ossètes n’auraient pu se trouver sur les lieux».
Les forces russes mises en causeCruciale pour l’avenir du cessez-le-feu, la réunion entre Edouard Kokoïti et Zourab Jvania est une priorités pour Vaja Khadjapouridzé, porte parole du président ossète, qui confiait à la presse vendredi qu’il ferait tout son possible pour qu’elle ait lieu dans les prochains jours. Et il s’est même dit prêt à quitter son poste en cas d’échec.
Pour tous, il semble que le document signé ne soit qu’une bien maigre victoire au vue du niveau de tension et de la difficulté à maintenir le dialogue à un ton courtois. Seule une rencontre entre représentants des exécutifs des deux parties donnerait un poids au texte ratifié dans le cadre de la commission de contrôle conjointe.
Lorsque Nino Bourdjanadzé, présidente du Parlement géorgien s’est présentée en fin de journée dans le dernier village géorgien avant Tskhinvali, elle s’est vue refuser le passage vers la capitale. Les autorités ossètes ont déclaré ne pas être en mesure de garantir la sécurité de son voyage.
La présidente du Parlement s’est indignée du fait que les forces de maintien de la paix russes n’aient pu lui assurer un accès à la table des négociations. Ce vendredi, le Parlement géorgien a voté une déclaration réclamant le départ de l’armée russe, considérant qu’elle œuvre à d’autres tâches qu’à la prévention de la paix.
Tbilissi prête grande attention au sort de ses civils
Tbilissi a dépêché vendredi vingt autobus destinés à évacuer les enfants des villages géorgiens enclavés dans la zone sous contrôle ossète. Au total, plus de cinq cent enfants ont été placés en sécurité depuis jeudi à Kobouléti et Tskhaltoubo, dans l’est du pays.
A Tbilissi, on se souvient de la première guerre avec l’Ossétie lorsque la population géorgienne avait d’elle-même quitté les villages, laissant la place libre aux forces ossètes. En garantissant la sécurité des enfants, le gouvernement géorgien espère certainement maintenir les civils dans leurs villages.
«Dans le conflit avec l’Ossétie», rappelle le parlementaire Gigi Bokaria dans une interview accordée au journal en ligne géorgien www.civil.ge, «chaque refus du dialogue de la part du Président Kokoïti met en confrontation Tbilissi et Moscou».
La résolution de ce conflit impliquant une région grande d’à peine quelques dizaines de kilomètres carrés dépendra des évolutions de ce dialogue triangulaire dépassant de loin la seule cause séparatiste ossète.
par Claire Delessard
Article publié le 14/08/2004 Dernière mise à jour le 14/08/2004 à 10:11 TU