Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Jeux olympiques 2004

Les ravages du dopage

Vainqueur de l’épreuve du lancer de disque, le Hongrois Robert Fazekas a été privé de sa médaille d’or pour avoir refusé de satisfaire à un contrôle antidopage.(Photo : AFP)
Vainqueur de l’épreuve du lancer de disque, le Hongrois Robert Fazekas a été privé de sa médaille d’or pour avoir refusé de satisfaire à un contrôle antidopage.
(Photo : AFP)
Jour après jour la liste des athlètes convaincus de dopage s’allonge inexorablement. Neuf cas de dopage ont déjà été détectés à Athènes, quatre autres athlètes étant, eux, accusés d’avoir violé le règlement antidopage. Intensifiée à l’occasion de ces Jeux, la lutte contre le dopage semble donc porter ses fruits. Mais ces scandales montrent la grande vulnérabilité de certaines disciplines comme l’haltérophilie.

Les athlètes ne sont malheureusement pas les seuls à Athènes à courir après des médailles. Le Comité international olympique (CIO) se trouve en effet contraint de se livrer à une étrange chasse derrière les athlètes médaillés à Athènes et ultérieurement convaincus de dopage. C’est le cas de la Russe Irina Korzhanenko, gagnante du concours féminin du lancer de poids, qui a annoncé qu’elle ne rendrait pas sa médaille d’or. «Je l’ai gagnée et je suis championne olympique. Je suis tout à fait certaine de ne pas avoir utilisé de produit dopant», a déclaré de retour à Moscou l’athlète russe qui a subi en Grèce un contrôle positif au stanozolol, un stéroïde anabolisant. Cette même substance avait été retrouvée en 1988 dans les urines du sprinter canadien Ben Johnson, vainqueur du 100 mètres des Jeux de Séoul, qui avait alors été le premier champion olympique contraint de rendre sa médaille d’or.

Le scandale Korzhanenko est d’autant plus retentissant que c’est sur le site historique d’Olympie, berceau des Jeux antiques, que la compétition de lancer de poids s’était déroulée la semaine dernière. Et certains voulaient voir dans ce symbolique retour aux sources un nouveau départ pour les Jeux, l’action concertée de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et du CIO devant permettre de combattre ce fléau. Ces bonnes intentions se sont cependant rapidement heurtées à la réalité de certaines disciplines dans lesquelles les pratiques dopantes semblent profondément ancrées. C’est le cas de l’haltérophilie, qui a vu dix athlètes sur les 261 engagés à Athènes convaincus de dopage.

Luttant contre une réputation sulfureuse, la Fédération internationale d’haltérophilie espérait ne pas vivre le même cauchemar que lors des Jeux de Sydney, l’équipe de Bulgarie, triple médaillée d’or, ayant alors été exclue de la compétition. Or, le scandale que vit ce sport en Grèce est encore plus retentissant, le nombre d’haltérophiles convaincus de dopage étant passé de quatre à dix. Et l’identité de l’un d’entre eux, le Grec Leonidas Sampanis, est particulièrement embarrassant pour les organisateurs des Jeux 2004. Médaillé de bronze dans la catégorie des 62 kilos, il a dû rendre sa récompense car ses échantillons d’urine présentaient un taux de testostérone deux fois supérieur à la limite autorisée. Assurant être innocent, il n’a de cesse de demander que toute la lumière soit faite. Une affaire qui tombe bien mal pour les organisateurs d’Athènes, déjà contraints de gérer l’épineux dossier de deux sprinters grecs soupçonnés d’avoir tout fait pour ne pas être soumis à un contrôle antidopage et qui se sont finalement retirés de la compétition avant même de concourir.

Le «blocage» de Fazekas

Largement renforcée à l’occasion des ces Jeux, la lutte contre le dopage a donné des résultats inédits en Grèce puisque plusieurs athlètes ont été sanctionnés, non pas pour usage de substances interdites, mais pour violation du règlement antidopage. Vainqueur de l’épreuve du lancer de disque, le Hongrois Robert Fazekas a ainsi été privé de sa médaille d’or pour avoir refusé de satisfaire au prélèvement d’un l’échantillon d’urine lors d’un contrôle. Malgré plusieurs heures d’attentes et l’absorption de litres d’eau, il n’a pu fournir que 25 millilitres d’urine, soit trois fois moins que la quantité imposée par le règlement. Et il est en fait suspecté d’avoir tenté de remettre un faux échantillon urinaire qu’il avait réussi à cacher. Rentré en Hongrie, le discobole clame son innocence, affirmant avoir été victime d’un «blocage psychologique» au moment de devoir satisfaire au contrôle antidopage.

De forts soupçons de dopage pèsent sur un autre athlète hongrois médaillé d’or à Athènes, le lanceur de marteau Adrian Annus. Lui n’a certes pas été contrôlé positif et n’est pas accusé d’avoir violé le règlement antidopage. Mais il se trouverait dans le collimateur de l’AMA qui souhaiterait le soumettre à des contrôles inopinés. Malgré les nombreuses procédures mises en places et les tests scientifiques élaborés, les instances chargées de lutter contre le dopage savent pertinemment que beaucoup d’athlètes parviennent à passer à travers les mailles du filet. Certains d’entre eux sont pourtant surveillés de très prêt, comme la sprinteuse grecque Fani Halkia qui a remporté mercredi la médaille d’or sur 400 mètres haies. Lors de la conférence de presse qu’elle a donnée après sa victoire, elle a dû répondre à plusieurs questions portant sur l’incroyable amélioration de ses performances en quelques mois qui lui ont permis de battre chez elle les meilleures athlètes au monde. «Vous savez comme moi que les tricheurs se font désormais prendre, pendant ces Jeux d’Athènes», a simplement rétorqué Fani Halkia. Car selon elle, seul le travail a fait la différence.

par Olivier  Bras

Article publié le 26/08/2004 Dernière mise à jour le 26/08/2004 à 18:04 TU