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Délocalisations

Comment rassurer les Français ?

En France, le groupe Bosch a conditionné le maintien des emplois à l'allongement du travail hebdomadaire, sans augmentation de salaire. 

		(Photo : AFP)
En France, le groupe Bosch a conditionné le maintien des emplois à l'allongement du travail hebdomadaire, sans augmentation de salaire.
(Photo : AFP)
A droite comme à gauche, la lutte contre les délocalisations est devenue le cheval de bataille de la rentrée pour les hommes politiques. Les annonces répétées de déménagements à l’étranger d’usines implantées jusque-là en France, avec leurs lots de salariés laissés sur le carreau, ont provoqué de vives polémiques depuis quelques mois. Les délocalisations sont même devenues, aujourd’hui, l’une des préoccupations majeures des Français. D’autant que le débat engagé autour de l’aménagement des 35 heures est venu se greffer sur ce problème pour relancer les discussions sur les moyens à mettre en œuvre afin d’améliorer la compétitivité des entreprises installées en France et garantir l’emploi.

Tout le monde est d’accord : il faut arrêter l’hémorragie des délocalisations. Qu’il s’agisse de déménagements en Europe de l’Est, au Maghreb, ou en Asie, le résultat est toujours le même puisque la fermeture des entreprises s’accompagne à chaque fois de dizaines ou de centaines de suppressions d’emplois en France. Ce phénomène frappe désormais aussi bien des secteurs industriels comme le textile ou la sidérurgie, que les services. L’annonce de la possible délocalisation au Maroc des activités du centre d’appels parisien de Timing, un soustraitant de l’opérateur de téléphonie SFR, a ainsi provoqué récemment un certain nombres de remous.

La négociation dans la douleur qui a abouti à ce que les syndicats ont nommé un «chantage à la délocalisation» chez l’équipementier automobile Bosch, a aussi fait couler beaucoup d’encre. Les salariés de l’usine de Vénissieux ont, en effet, été obligés de choisir entre un déménagement en République tchèque et une augmentation de la durée hebdomadaire de travail. Mis au pied du mur, ils ont voté pour un passage à 36 heures par semaine payées 35 afin d’éviter la fermeture de l’usine.

Sarkozy prend l’initiative

Entre délocalisations et aménagement des 35 heures, c’est la compétitivité des entreprises implantées en France et la préservation de l’emploi qui sont en question. Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Economie et des Finances a bien compris l’enjeu de ces problèmes qui sont, selon un récent sondage CSA/LaTribune, au premier rang des préoccupations de 42 % des Français. Il a donc décidé de prendre l’initiative en proposant de conditionner les aides européennes attribuées aux nouveaux Etats membres de l’Union à une hausse de leur taux d’imposition sur les sociétés, de manière à les harmoniser avec ceux des pays de «l’Europe plus ancienne», comme la France ou l’Allemagne. Nicolas Sarkozy estime, en effet, que certains Etats exercent une concurrence déloyale en adoptant une politique fiscale attractive pour attirer les investissements étrangers mais en prétendant, dans le même temps, bénéficier des fonds structurels européens pour contribuer à leur développement économique.

Au-delà de cette mesure choc qui ne fait pas l’unanimité, le ministre de l’Economie a aussi annoncé les grandes lignes d’une stratégie destinée notamment à «relocaliser» l’emploi, notamment en créant des «pôles de compétitivité». Cette initiative a été développée par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui a annoncé à l’issue du Comité interministériel sur l’aménagement du territoire, le déblocage d’une enveloppe de 750 millions d’euros sur trois ans afin de financer cette politique. L’objectif est de réunir sur une même zone des entreprises, des centres de formation et des unités de recherche, de manière à rendre les implantations plus attractives. Nicolas Sarkozy devrait compléter ce dispositif en annonçant lors de la présentation du budget, le 22 septembre, des exonérations fiscales et des allègements de charges pour les entreprises qui accepteraient de s’installer dans des zones durement frappées par le chômage.

Cette mobilisation gouvernementale contre les délocalisations s’inscrit dans le cadre d’un grand débat auquel tous les partenaires sociaux et les représentants de la classe politique entendent bien participer. La question des délocalisations est même devenue l’un des enjeux du référendum sur la Constitution européenne, prévu en France en 2005, depuis que le socialiste Laurent Fabius a affirmé que son vote en faveur du texte dépendrait de la capacité du gouvernement à obtenir des garanties sur les questions de «l’emploi et des délocalisations».

par Valérie  Gas

Article publié le 14/09/2004 Dernière mise à jour le 14/09/2004 à 15:10 TU

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Journaliste

«Il n'y a pas de mouvements massifs de délocalisation en France (...). C'est bien un mouvement qui est marginal mais qui regroupe une réalité très complexe, qui est différente selon les secteurs. Elle est plus forte dans les secteurs des textiles et de l'industrie.»

[14/09/2004]

Joël Decaillon

Secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats

«Les menaces de délocalisations sont utilisées pour mettre en danger les acquis sociaux.»

[14/09/2004]

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