France
Epargner plutôt que dépenser
(Photo : AFP)
Mieux vaut engranger que consommer à la va-vite. Qu’ils soient jeunes ou vieux, les Français en sont persuadés. Dans le cadre d’une grande enquête sur les rapports des Français avec l’argent, Le Figaro et La Poste proposent les résultats d’un sondage destiné à mieux comprendre les comportements des citoyens hexagonaux face aux investissements ou à l’épargne, mais aussi à recueillir leur sentiment sur leur train de vie et leurs aspirations. On y découvre donc des Français-fourmis qui pensent avant tout à la bise qui risque de venir. C’est en vertu de ce principe qu’ils sont 68 % à déclarer que mieux vaut mettre de l’argent de côté pour faire face aux coups durs, plutôt que dépenser ses sous pour vivre le mieux possible l’instant présent (28%). Les cigales sont définitivement minoritaires toutes tranches d’âges confondues. C’est même parmi les jeunes que l’on trouve le plus d’adeptes des économies (79 %).
Certes, les objectifs ne sont pas forcément les mêmes suivant que l’on a 50 ou 25 ans. Les premiers épargnent pour assurer leur niveau de vie une fois à la retraite ou pour payer les études supérieures de leurs enfants, les seconds pour pouvoir investir à bon escient au bout d’un certain temps. Et dans ce domaine, c’est l’immobilier qui arrive en tête des placements envisagés. Quoi de plus sûr, en effet, que d’acquérir un logement. Pour 53 % des Français, le plus intéressant des calculs lorsque l’on dispose d’un petit pécule à investir, est donc d’acheter une maison ou un appartement dans l’espoir que ce placement prenne de la valeur (ce qui a été le cas ces dernières années avec la flambée du marché de l’immobilier).
Et qui dit achat de logement, dit souvent prêt bancaire. C’est donc pour pouvoir par la suite acquérir un bien immobilier que les Français choisissent à 28 % les produits financiers qui permettent l’accès à la propriété (CEL, PEL) comme deuxième option en matière d’investissement. Quant à parier sur les actions boursières, alors là, que nenni ! Les aléas des cours de la Bourse, qui montent parfois mais baissent souvent, ont refroidi les plus hardis des petits porteurs. A tel point qu’ils croient dorénavant avoir plus de chances de gagner au loto que de devenir milliardaire grâce à Wall Street.
Jouer au loto plutôt qu’à la BourseLe risque n’a donc plus sa place, tout comme la bonne étoile. Car 88 % des Français en sont convaincus : il est quasiment impossible pour eux de devenir riches, à savoir réussir à posséder un jour un patrimoine de 1,5 million d’euros, montant à partir duquel ils placent en moyenne la barre pour entrer dans la catégorie des vrais nantis. Alors que le fisc estime, quant à lui, que les riches sont bien plus pauvres que cela puisqu’il soumet à l’impôt sur la fortune (ISF) tout ménage détenteur d’un patrimoine supérieur à 720 000 euros. En matière de revenus mensuels, les Français montrent des ambitions plus mesurées en estimant que l’on est «à l’aise» lorsque l’on peut compter sur une somme moyenne de 3 800 euros par mois et que l’on est «riche» lorsque l’on dispose de revenus de l’ordre de 8 600 euros.
Dans l’ensemble, les Français semblent plutôt satisfaits de leur sort. Quarante-trois pour cents d’entre eux affirment que leur situation matérielle s’est améliorée ces dernières années, 67 % la jugent assez satisfaisante et 10 % pensent même qu’elle est très satisfaisante. Du côté des mécontents, les retraités semblent les plus fragilisés. Ils doivent faire face à une baisse des pensions et subissent encore plus durement que les autres le contrecoup des hausses de prix liées notamment au passage à l’euro.
Pas facile dans ce contexte d’inciter les grands-parents à donner une partie de leurs économies à leurs enfants ou petits-enfants pour qu’ils puissent consommer. Les mesures prises pour faciliter les donations de ce type par le ministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy, rencontrent de ce point de vue un accueil favorable sur le principe de la part de 80 % des sondés. Mais elles se heurtent à une forte réticence dès qu’il s’agit de passer aux actes. Quarante-six pour cents des personnes interrogées affirment qu’elles n’envisagent «pas du tout» de faire de telles donations et 28 % ne ferment pas totalement la porte mais répondent tout de même avec prudence qu’elles ne l’envisageront «probablement pas». Beaucoup de jeunes devront donc attendre le décès de leurs parents pour augmenter leur pécule. Les Français en sont conscient puisqu’ils placent l’héritage en deuxième position dans la liste des moyens pour se constituer un patrimoine.
par Valérie Gas
Article publié le 28/09/2004 Dernière mise à jour le 28/09/2004 à 14:56 TU