Union européenne
Les Français contre l’adhésion de la Turquie
(Source : RFI)
Du point de vue socio-professionnel, un tiers seulement (33,3 %) des cadres et professions intellectuelles supérieures sont pour une entrée de la Turquie dans l’Europe. De manière un peu inhabituelle, ce pourcentage est moins important que celui des ouvriers et des employés (35,6%). Seuls les 18-24 ans sont majoritairement pour l’entrée de la Turquie dans l’Union (65,1%).
C’est le 17 décembre prochain que les chefs d’Etat et de gouvernement européens doivent confirmer le feu vert que vient de donner la Commission et décider s’ils ouvrent, ou non, une longue période de discussions avec Ankara pour préparer son entrée dans l’Union. Pour les Français, cette échéance de mi-décembre est cruciale. Ils l’ont fait savoir dans un autre sondage réalisé par l’institut CSA dans lequel 66% des personnes interrogées déclarent qu’elles auraient aimé être consultées par référendum avant cette date décisive du 17/12/04.
Ce référendum aura bien lieu, a confirmé le président de la République, mais rien ne presse, puisque les négociations vont durer dix ou quinze ans, a précisé Jacques Chirac.
Le président de la République est pour
Qu’il s’agisse de sondages d’opinion ou de déclarations d’hommes politiques français, il semble bien que la France soit perturbée par une possible entrée de la Turquie au sein de l’Union Européenne. Les Français le disent à travers les sondages, ils souhaitent être consultés par référendum. Les parlementaires aussi veulent donner leur avis. Ils ont d’ailleurs obtenu ce débat à l’assemblée nationale, jeudi. Mais il s’agira d’un débat sans vote. Les différents partis pourront simplement exprimer leur position. L’UMP, le parti présidentiel, est, on le sait, contre l’adhésion de la Turquie alors que le président de la République est pour. Il faut dire que pendant de longues années, les gaullistes, dont Jacques Chirac s’estime l’héritier, ont été les supporters de la toute nouvelle république laïque turque créée par Mustapha Kemal.
Mais aujourd’hui, la droite française, influencée par l’émergence du terrorisme islamique international et la remise en cause de la laïcité, redoute le poids décisif de la Turquie, un grand pays musulman, au sein d’une Europe aux moeurs occidentalisées. L’UDF est également contre l’adhésion de la Turquie. Elle estime que lui ouvrir les portes de la communauté européenne entrainera ensuite une demande de l’Ukraine, de la Russie, et pourquoi pas du Maghreb. L’institution se résumerait alors à une vaste zone de libre-échange et n’aurait plus de projet d’intégration politique. Le Parti Socialiste pour sa part a déjà largement montré ses divisions sur cette entrée possible de la Turquie dans l’Union.
Rendez-vous donc jeudi à l’assemblée nationale pour un résumé des différentes positions au sein de la classe politique française. Et même si les Français et leurs représentants politiques donnent une image de « turcoscepticisme », ils ne sont pas les seuls à se poser des questions sur l’adhésion de ce grand pays. Le débat traverse aussi la classe politique allemande, qui, dans la construction européenne, a presque toujours fait tandem avec la France.
par Colette Thomas
Article publié le 12/10/2004 Dernière mise à jour le 12/10/2004 à 13:38 TU