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Somalie

Le Somaliland refuse l'union

Carte de la Corne de l'Afrique. 

		(Infographie: Marc Verney/RFI)
Carte de la Corne de l'Afrique.
(Infographie: Marc Verney/RFI)
Le doute plane à nouveau sur la Somalie alors qu’après la désignation, le 10 octobre 2004, d’Abdullahi Yusuf Ahmed comme président de la Somalie, l’Union africaine et la communauté internationale fondent de nouveaux espoirs sur le retour de la paix dans cette région de l’Afrique, en proie à un conflit civil depuis 1991.
Au Somaliland. 

		(Photo: AFP)
Au Somaliland.
(Photo: AFP)

Au nord de la Somalie, le Somaliland à l’ouest et le Puntland à l’est se contestent une autorité sur un petit territoire appelé «Sool». Des affrontements au fait au moins quinze morts. Selon d’autres témoignages le bilan serait beaucoup plus lourd et des combats isolés se poursuivraient dans les petites localités revendiquées par les autorités des deux régions. Les revendications n’avaient encore jamais donné lieu à des affrontements armés. Ce pas franchi inquiète l’Union africaine et la communauté internationale qui ont salué la récente nomination d’un président de la République. Elles craignent également que les efforts entrepris pour venir en aide financièrement et militairement à la Somalie tombent à l’eau avec cette nouvelle escalade de la violence. L’Union africaine, sous l’autorité de Saïd Djinnit, le commissaire de la paix et de la sécurité, a entrepris des pourparlers pour obtenir rapidement un cessez-le-feu.  

L’Etat auto-proclamé de Somaliland avait rejeté toutes les avancées politiques parrainées par l’Union africaine pour un retour progressif à la paix et à la réunification de toute la Somalie dans ses frontières reconnues jusqu’en 1991. Depuis cette date et la chute du régime dictatorial du général Mohamed Siad Barre, le chef de guerre du territoire au nord-ouest du pays, Dahir Riyale Kahin, avait déclaré la sécession et proclamé l’indépendance du Somaliland. Mais cet Etat n’a jamais été reconnu. Par ailleurs et depuis 1991, le conflit civil qui a ravagé le pays n’a jamais permis l’installation d’un gouvernement central, une dizaine de chefs de guerre n’arrivant pas à se mettre d’accord sur le partage du pouvoir.

Mais depuis deux ans et sous l’égide de l’Autorité régionale intergouvernementale de développement (Igad) qui regroupe Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda et le Soudan, des discussions entre factions rivales qui se tenaient à Nairobi (Kenya) ont abouti à une plate-forme d’entente. Les parlementaires nommés par les groupes rivaux qui se partagent le pays ont désigné, le 10 octobre dernier, Abdullahi Yusuf Ahmed, président de la Somalie. Il est à la tête d’un gouvernement fédéral de transition et devra bientôt nommer un Premier ministre. Il était lui-même président du Puntland. Neuf pays africains ont déjà reconnu son gouvernement et l’Union africaine incite les Etats membres à soutenir le nouveau régime sur les plans diplomatique, politique et technique.

Un besoin urgent d’assistance financière

Mais, l’Etat auto-proclamé de Somaliland refuse de s’associer à ce nouvel élan parrainé par l’Union africaine. Il ne reconnaît pas le nouveau chef d’Etat et affirme sa volonté de se séparer définitivement du reste de la Somalie. «L’indépendance du Somaliland est sacrée et toute tentative de discuter de l’unité avec la Somalie serait futile et constituerait une perte de temps», affirme son président, Dahir Riyale Kahin. En revanche, il se dit prêt à toute rencontre entre les deux parties pour une affirmation d’une reconnaissance mutuelle. Abdullahi Yusuf Ahmed, le nouveau président désigné ne partage pas cette idée et annonce son intention d’engager prochainement une négociation avec les dirigeants du Somaliland. «Nous n’utiliserons pas la force, mais seulement le dialogue», a-t-il affirmé devant les parlementaires somaliens et les chefs d’Etats africains lors de la cérémonie d’investiture à Nairobi, le 10 octobre.

«Pour apporter la paix et la réconciliation, nous devons désarmer les gens», insiste le nouveau président Abdullahi Yusuf Ahmed qui a demandé au Conseil de paix et de réconciliation de l’UA une assistance militaire forte de 15 000 à 20 000 hommes. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission, a accueilli cette demande avec beaucoup de prudence invitant les nouvelles autorités somaliennes «à gagner le cœur et l’esprit des Somaliens». En revanche le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a demandé à la commission d’accélérer les préparatifs pour l’envoi d’une mission de paix. Dans cette perspective, les nouvelles autorités somaliennes ont aussi évalué leurs besoins dont le montant a été défendu par un envoyé spécial de l’Igad, Bethuel Kiplagat, à Stocklholm, le 29 octobre lors d’une conférence internationale des bailleurs de fonds. «La Somalie a un urgent besoin de 10 millions de dollars pour entamer la stabilisation du pays», a-t-il déclaré avant de préciser qu’il faudra aussi trouver 45 millions de dollars «pour entretenir les forces de maintien de la paix et par la suite disposer de 200 millions de dollars pour les travaux d’infrastructures». Mais selon les autorités suédoises la conférence de Stockholm avait essentiellement pour but de préparer une autre qui se tiendra en mai 2005.

Pour l’heure, c’est le Fonds mondial des Nations unies pour le sida, la tuberculose et la malaria qui a accordé un don de 24,4 millions de dollars pour les programmes de santé en Somalie. Les bailleurs de fonds et autres organisations internationales ont demandé aux Etats africains de la région de faire pression sur les différentes factions armées en Somalie pour le maintien de la paix, observant, pour l’instant, beaucoup de méfiance.


par Didier  Samson

Article publié le 01/11/2004 Dernière mise à jour le 01/11/2004 à 15:54 TU