Union européenne-Irak
Iyad Allaoui plaide sa cause à Bruxelles
(Photo: AFP)
Devant l’Otan, puis devant les chefs d’État et de gouvernement réunis en sommet à Bruxelles, le Premier ministre intérimaire d’Irak est venu demander aux Européens de s’engager à ses côtés pour aider l’Irak. «Les mesures reportées, même de quelques heures ou quelques jours, peuvent se payer en vies humaines», a déclaré Iyad Allaoui devant les 26 représentants permanents auprès de l’Otan, soulignant le retard pris dans la mise en œuvre des décisions prises lors du dernier sommet de l’alliance atlantique à Istanbul fin juin.
Le chef du gouvernement irakien était également l’invité d’honneur du sommet européen, à l’initiative de la présidence néerlandaise, deux semaines avant la conférence de Charm-el-Cheikh sur l’avenir de l’Irak. Iyad Allaoui a abordé cette réunion dans un esprit assez offensif. Faisant escale à Rome, sur la route de Bruxelles, le Premier ministre irakien, qui a été reçu par le Pape et Silvio Berlusconi, s’en prend aux États qui restent «spectateurs» au lieu de s’engager dans la reconstruction de l’Irak. Si aucun nom n’est prononcé, l’allusion vise clairement l’Allemagne, et surtout la France, à qui il a reproché seulement quelques jours auparavant de «vivre dans le passé».
L’absence de Jacques ChiracMais Iyad Allaoui n’aura pas eu l’occasion de s’en expliquer directement avec Jacques Chirac. Ce dernier a en effet prématurément quitté Bruxelles dans la matinée pour s’envoler à destination d’Abou Dhabi où le président de la République va présenter ses condoléances après la mort de cheikh Zayed. Jacques Chirac est d’ailleurs le seul dirigeant non-arabe à se rendre à ces cérémonies de deuil. Dans la conférence de presse qu’il a tenue avant de quitter Bruxelles, le président français a vigoureusement démenti avoir saisi ce prétexte pour éviter de rencontrer le Premier ministre irakien, soulignant qu’il l’avait déjà rencontré lors du dernier sommet du G8 aux États-Unis.
A son propos, Jacques Chirac a d’ailleurs eu ce curieux commentaire: «Le Premier ministre Allaoui a sa personnalité, il a parfois des propos qui peuvent séduire plus ou moins. Mais je n’ai aucun problème naturellement avec les autorités irakiennes», observant qu’il allait prochainement recevoir le président irakien Ghazi Al Yaouar, mais s’abstenant de faire remarquer que ce dernier a des rapports notoirement exécrables avec son Premier ministre ! Il n’empêche que cette absence à ce moment précis donne l’impression d’une bouderie du chef de l’État français à l’encontre du Premier ministre irakien et que ses démentis n’ont guère convaincu.
Quant à Iyad Allaoui, il a prudemment regretté de ne pouvoir rencontrer le président français et a exprimé le souhait d’établir «une relation très positive avec la France». Il est vrai que les propos fort peu diplomatiques tenus par le chef du gouvernement irakien ont semé la consternation parmi les Européens les mieux disposés à son égard, en particulier les Néerlandais qui avaient pris l’initiative de l’inviter, à l’instigation, semble-t-il, des États-Unis.
Quoi qu’il en soit, le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier et son homologue irakien Hoshyar Zebari se sont quand même rencontrés en marge du sommet, histoire de montrer que les ponts ne sont pas rompus entre Paris et Bagdad, même si l’atmosphère demeure plutôt fraîche.
par Olivier Da Lage
Article publié le 05/11/2004 Dernière mise à jour le 05/11/2004 à 16:04 TU