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Congo

Paris referme le dossier du Beach

Le débarcadère du Beach de Brazzaville. 

		(Photo : AFP)
Le débarcadère du Beach de Brazzaville.
(Photo : AFP)
La justice française annule la procédure engagée contre les autorités congolaises qui seraient impliquées dans « l’affaire des disparus du Beach » de Brazzaville. Cette affaire à rebondissements devrait connaître une seule suite, celle de la justice congolaise.

Les magistrats de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris ont annulé « le réquisitoire introductif » de la procédure ouverte en France  concernant « les disparus du Beach de Brazzaville ». En quelques mots ces magistrats ont ainsi annulé toute la procédure engagée à l’encontre de certaines autorités congolaises qui seraient impliquées dans la disparition de 350 personnes au port fluvial de Brazzaville en 1999, selon de nombreuses associations de défense des droits de l’homme. Réfugiés de l’autre côté du fleuve, à Kinshasa en République démocratique du Congo, plusieurs centaines de Congolais avaient répondu à l’appel des nouvelles autorités « pour un retour au pays après la guerre ». Ils avaient fui la guerre civile, qui a vu les troupes de l’actuel président Sassou Nguesso l’emporter sur celles du président d’alors, Pascal Lissouba. Ces réfugiés avaient aussi la particularité d’être pratiquement tous de la même ethnie. 

Mais, les parents disent « n’avoir pas eu de nouvelles » des leurs débarqués au Beach, le port fluvial de Brazzaville. Selon l’accusation ils auraient été « massacrés ». La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue française des droits de l’Homme et du citoyen (LDH) ont soutenu l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et des associations des parents des victimes, dans un dépôt de plainte en France pour « crimes de torture et crimes contre l’humanité commis au Beach de Brazzaville ».

Profitant de la domiciliation d’un des présumés accusés à Meaux, en région parisienne, le tribunal de cette ville a été saisi du dossier. Un juge d’instruction a même fait incarcérer le directeur de la police nationale congolaise, Jean-François Ndengue de passage à Paris, en avril 2004. Mais la chambre d’instruction avait ordonné sa libération à l’issue d’une audience de nuit organisée par le parquet général. Son immunité diplomatique avait été évoquée, suite à l’intervention personnelle du président Sassou Nguesso en faveur du fonctionnaire qui, selon Brazzaville « était en mission » pour son pays lors de sa mise en examen et de son incarcération.

Solliciter la Cour européenne de justice

Cette immixtion du politique dans la justice a suscité beaucoup d’indignation auprès des associations des parents des victimes et de défense des droits de l’Homme. Le 27 septembre la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris avait examiné une requête de demande d’annulation de la procédure concernant Jean-François Ndengue, déposée par le parquet. Mais la cour n’a pas étudié le seul cas « Ndengue », elle a annulé toute la procédure en France.

« C’est vraiment malheureux pour nous. Nous allons faire appel de la décision de la cour d’appel et nous tourner vers la Cour européenne de justice », a déclaré Jacques Mabanza, le vice-président de « l’association des parents des disparus du Beach ». Les associations de défense des droits de l’Homme menacent d’user de tous les mécanismes internationaux « pour que justice soit rendue ». La déception est d’autant plus grande que ces associations ne croient guère en l’impartialité de la justice congolaise. « Nous savons que la justice congolaise n’est pas en mesure de juger et de condamner les vrais responsables de cette affaire », déplore, Christian Mounzéo, le président de la Rencontre pour la paix et les droits de l’Homme (RPDH). En effet, les plaintes sont déposées contre de nombreuses autorités dont l’inspecteur général des forces armées congolaises, le général Norbert Dabira et le président de la République lui-même, Denis Sassou Nguesso, désignés par ces associations comme « des donneurs d’ordre ».

Mais, à Brazzaville la nouvelle a été bien accueillie. « S’il y a des actes répréhensibles, il faut que ceux qui les ont commis soient jugés et punis. Il ne faut pas qu’il y ait impunité dans cette affaire », a déclaré le général Dabira qui s’est réjouit de la décision de la justice française. Le porte-parole du gouvernement, tout aussi satisfait, a invité les parties civiles à se rendre à Brazzaville « pour que la lumière soit faite devant la justice de notre pays », a-t-il déclaré. En effet, la justice congolaise a été saisie du dossier « des disparus du Beach de Brazzaville » depuis 2001. Elle a mis en examen les généraux Norbert Dabira, Blaise Adoua, le colonel Pierre Garcia et Marcel Ntsourou depuis le 7 juillet 2004.



par Didier  Samson

Article publié le 23/11/2004 Dernière mise à jour le 23/11/2004 à 17:57 TU