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Ethiopie-Erythrée

Addis Abeba accepte la frontière

L'Ethiopie aujourd'hui. 

		(DR/RFI)
L'Ethiopie aujourd'hui.
(DR/RFI)
Des frontières sûres sépareront les deux pays. L’Ethiopie qui faisait obstacle aux propositions d’une commission indépendante a fini par accepter le principe du tracé de sa frontière commune avec l’Erythrée.

C’est devant le parlement éthiopien à Addis Abeba, ce 25 novembre, que le Premier ministre Meles Zenawi a solennellement accepté au nom de son pays « le principe de la décision de la commission frontalière ». Il a soumis aux parlementaires un rapport sur une initiative de paix entre son pays et l’Erythrée en cinq points que les députés ont adopté. Mais le Premier ministre nuance immédiatement ses propos en déclarant qu’il est « approprié et nécessaire de s’opposer à cette décision injuste et illégale » de la commission indépendante qui a fixé le tracé de la frontière commune entre les deux pays, avant de rajouter que « cet aspect n’est pas plus important que la paix ». 

Pour Meles Zenawi, il était important de montrer les bonnes dispositions du gouvernement éthiopien dans la recherche d’une solution de paix. L’acceptation du principe du tracé de la frontière proposé par la commission indépendante est présentée par les autorités éthiopiennes comme une concession qui en appelle une autre, celle des Erythréens. Ces derniers refusent de commenter les déclarations des autorités éthiopiennes, mais posent quelques questions. « L’Ethiopie va-t-elle procéder à la démarcation ?». L’entourage du président de la République érythréenne, Isaias Afeworki, reste très prudent. « Nous voulons voir les piliers de la démarcation sur le terrain », précise le directeur de cabinet du président, Yemane Gebremeskel.

Badme attribué à l’Erythrée

La prudence des Erythréens vient du fait que le texte proposé par la commission indépendante basée à La Haye (Pays-Bas) avait été rejeté par le Premier éthiopien Meles Zenawi en septembre 2003. En avril 2002, la commission avait décidé de répartir entre les deux pays les territoires que l’un et l’autre se disputaient. Selon la répartition, le village de Badme a été attribué à l’Erythrée. Mais l’Ethiopie avait suggéré à la commission quelques corrections sur le tracé qu’elle a rejetées. Meles Zenawi avait alors jugé « totalement illégale et injuste » que Badme soit en Erythrée et non en Ethiopie. 

C’est en 1993 que l’Erythrée s’est séparée de l’Ethiopie. Cette bande de terre qui donne sur la Mer rouge, avait constitué l’espace d’entrée des soldats italiens en Ethiopie en 1936. La victoire des alliés pendant la seconde guerre mondiale a soustrait l’Erythrée aux Italiens qui était sous contrôle des Anglais. En 1952, l’ONU a attribué ce territoire à l’Ethiopie qui l’a définitivement annexé au début des années 60. Cette annexion marquait le début de la guerre de sécession qui a duré 30 ans. Mais des problèmes frontaliers ont entraîné une nouvelle guerre de 1998 à 2000 qui a fait plus de 80 000 morts. L’Accord d’Alger en 2000 mettait fin à cette guerre avec l’instauration d’une commission indépendante chargée d’établir une « démarcation finale et obligatoire ».



par Didier  Samson

Article publié le 25/11/2004 Dernière mise à jour le 25/11/2004 à 17:21 TU