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Chine

Mineurs en danger

Mineur de charbon chinois. C’est dans l’industrie minière qu’on recense le nombre le plus élevé d’accidents mortels. 

		(Photo: AFP)
Mineur de charbon chinois. C’est dans l’industrie minière qu’on recense le nombre le plus élevé d’accidents mortels.
(Photo: AFP)
Dix mille Chinois, peut être davantage, meurent chaque année dans les mines de charbon, la plupart du temps illégales, qui pullulent pourtant dans le pays. Ces dernières semaines, trois accidents ont, en tout, coûté la vie à plus de 400 mineurs.

De notre correspondant à Pékin.

Dimanche matin à 7 heures 20, heure chinoise, une nouvelle explosion s’est produite dans la mine de Chenjiashan dans la province du Shaanxi au nord ouest du pays. Lundi en milieu d’après midi (en Chine), le bilan faisait état de 25 morts et 141 disparus. Fait rarissime, le premier ministre Wen Jiabao et le président Hu Jintao sont intervenus publiquement pour demander aux secours de faire leur maximum pour retrouver et sauver les mineurs disparus à plus de 8 kilomètres de l’entrée de la mine. Mais, selon un responsable local du Parti communiste, les chances de retrouver des survivants sont minimes et porteraient à 166 le nombre de morts, soit la catastrophe minière la plus importante de Chine depuis plusieurs années. En septembre 2000, un autre coup de grisou avait coûté la vie à 162 personnes. Le mois dernier, 148 personnes avaient péri asphyxiées dans une mine de la province du Henan.

Premier producteur mondial de charbon, la Chine a ratifié à de nombreuses reprises une pléiade de traités internationaux sur les conditions de travail dans les mines de charbon. En mars 2002, le gouvernement chinois signait la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la sécurité et la santé sur les sites de construction. Depuis la fin des années quatre-vingt, le Bureau international du travail (BIT) et le ministère du Travail chinois se sont quant à eux engagés à former des inspecteurs en sécurité et du personnel sensé veiller à la santé des travailleurs des mines. C’est pourtant précisément dans l’industrie minière qu’on recense le nombre le plus élevé d’accidents mortels en Chine.

Les premières victimes d’accidents du travail en Chine

Il ne se passe pas une semaine sans qu’un effondrement, un coup de grisou ou une explosion ne viennent provoquer la mort de dizaines de mineurs chinois. En 2001, les statistiques officielles faisaient état de 5 395 morts dans les mines. Mais selon des experts et analystes indépendants, on compterait plus de 10 000 décès chaque année. Pour les seuls trois premiers mois de l’année passée, mille ouvriers auraient succombé lors d’accidents: tous morts dans des mines illégales. À ces chiffres effrayants s’ajoutent bon nombre de mineurs victimes de maladie souvent mortelles comme la silicose, contractée après l’inhalation fréquente de particules de charbon.

Le gouvernement chinois lance régulièrement des opérations de grande ampleur largement relayées par la presse officielle et destinées à réduire l’activité minière illégale. Des dizaines de milliers de mines clandestines auraient ainsi été fermées par des inspecteurs du travail au cours de ces deux dernières années. Malgré des campagnes ponctuelles et ciblées comme le régime chinois en a le secret, les mines clandestines continuent d’exister et d’attirer chaque jour une main-d’œuvre prête, elle, à travailler dans les pires conditions. Dortoirs exigus dans des baraquements de fortune, manque d’eau et absence de sécurité sociale font de ces «gueules noires» les premières victimes d’accidents du travail en Chine.

Il suffit de prendre la route du Shaanxi, du Hebei ou du Liaoning pour s’apercevoir de l’ampleur du problème. Des milliers de travailleurs migrants arpentent régulièrement ces provinces, lorsqu’ils ne peuvent se rendre dans les grandes villes de l’est du pays, à la recherche d’un patron prêt à les embaucher. C’est souvent devant les gares que s’improvisent des «agora» du travail: des chômeurs, pancartes à la main, proposent leurs services à même la rue. En quête d’un travail plus lucratif que celui de la terre, ces travailleurs font le bonheur des patrons de mines illégales. Docile, flexible et peu chère cette main-d’œuvre est inépuisable en Chine.



par Michaël  Sztanke

Article publié le 29/11/2004 Dernière mise à jour le 29/11/2004 à 07:42 TU