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Changements climatiques

Négociations difficiles à Buenos Aires

Les ONG, et parmi elles Greenpeace, toujours présentes pour demander aux délégués de prendre des mesures contre le réchauffement de la planète. 

		(Photo : AFP)
Les ONG, et parmi elles Greenpeace, toujours présentes pour demander aux délégués de prendre des mesures contre le réchauffement de la planète.
(Photo : AFP)
Au deuxième jour de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, les pays en développement donnent le ton : il ne veulent pas s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et compromettre leur croissance économique.

Dès l’ouverture de la conférence de Buenos Aires sur les changements climatiques, le Groupe des pays en développement (G-77) a donné le ton des tractations qui vont se dérouler pendant deux semaines dans la capitale argentine : pas question d’accepter de nouveaux engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Douze ans après la signature de la Convention climat à Rio, les pays signataires doivent faire avancer les négociations ouvertes dans le cadre des Nations unies afin de lutter contre le réchauffement de la planète.

En 1997, ces négociations avaient abouti au Protocole de Kyoto, qui entre en vigueur le 16 février prochain et dont la durée de vie est officiellement limitée à 2012. Dans ce protocole qui indique précisément de combien les pays signataires doivent réduire leurs émissions polluantes, les pays en développement n’avaient pas d’obligation de réduction pour ne pas compromettre leur essor économique. Et pour la suite, pour l’après 2012, ces pays en développement ne veulent toujours pas d’obligations contraignantes.

Au premier jour des discussions, le président du groupe des 77 a donc rappelé que si le protocole de Kyoto prévoit bien l’ouverture de négociations en 2005 pour la suite à donner à ce protocole, il n’est pas prévu que les pays en développement prennent des engagements de réduction de leurs émissions polluantes à cette échéance. Cette disposition du traité vise seulement les pays développés. « Nous n’accepterons aucun autre processus de négociations » où serait abordée la question d’engagements des grands pays en développement, a déclaré Mohammed Al-Maslamani, président du G-77 et représentant de l’émirat du Qatar. Les Etats-Unis, qui ont refusé en 2001 de signer le Protocole de Kyoto, ont appuyé cette position. « Le développement économique conditionne l’adoption de mesures pour combattre le changement climatique», a déclaré le chef de la délégation américaine Harlan Watson. Il a aussitôt invité les pays du Nord et du Sud à miser sur « la croissance économique, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la promotion d’énergies plus propres pour diminuer l’intensité carbone de l’économie »(le ratio entre la quantité de pétrole utilisé pour fabriquer un produit industriel et la quantité de gaz carbonique rejetée). 

Pas d’objectif contraignant pour les pays en développement

De manière inédite dans cette négociation mondiale, les Etats-Unis et les pays émergents se retrouvent aujourd’hui dans le même camp parce que ce sont les pays qui polluent le plus l’atmosphère avec leurs rejets de gaz à effet de serre. Washington, qui a signé la convention climat mais a rejeté le protocole de Kyoto, compte sur la technologie pour résoudre la question des changements climatiques. Washington représente 23,5 % du total mondial des émissions et reste, de loin, le premier pollueur de la planète.

La Chine vient en deuxième position avec 13,6% du total. Entre 1990 (année de référence pour les objectifs de réduction des émissions de chaque pays dans le cadre du Protocole de Kyoto) et 2002, les émissions de gaz à effet de serre de la Chine ont fait un bond de 44%  tandis que son produit intérieur brut explosait de plus de 196%.

Les émissions de l’Inde ne représentent que 4,2% du total mondial mais, comme en Chine, ces rejets qui polluent l’atmosphère ont  également décollé avec une progression de 71% en douze ans. Avant de refuser de signer le Protocole de Kyoto, mode d’emploi de la baisse des émissions, les Américains demandaient, à chaque négociation, que ces pays émergents entrent dans le processus contraignant. Washington se retrouve aux côtés de ceux qui refusent la contrainte.

Sans même imaginer la suite du Protocole de Kyoto, sa mise en oeuvre imminente ne sera pas évidente pour les pays riches. En 2002, leurs émissions ont dérapé de 2% par rapport à 2001, une augmentation beaucoup plus importante que l’année précédente (+0,8%). Sur la période 1990-2002, les émissions mondiales ont augmenté de 16,4%, une augmentation qui concerne principalement les pays industrialisés.

Des émissions mondiales qui dérapent

Le Protocole de Kyoto prévoit une réduction des émissions polluantes des pays industrialisés d’environ 5% à l’horizon 2012, par rapport à 1990, année de référence. Compte-tenu de l’accélération des changements climatiques, l’objectif doit être poursuivi et durci à cette échéance. Les Européens, les plus en pointe dans cette négociation, ne désespèrent pas d’y associer les Etats-Unis et les principaux pays en développement. Mais chacun aura bien du mal à mettre en œuvre la baisse des émissions.

Les économies mondiales sont toujours extrêmement dépendantes des énergies fossiles, dont les rejets polluent l’atmosphère. Et plus une économie va bien, plus elle rejette de gaz à effet de serre. L’Agence internationale de l’énergie prévoit une hausse de la demande en énergie de 60 % d’ici 25 ans. L’impact du Protocole de Kyoto sera alors dérisoire sur la quantité de rejets effectués dans l’atmosphère. Même si ce protocole est appliqué, même si ses objectifs sont plus ambitieux, de toute façon les transports ne sont pas pris en compte alors qu’ils sont pratiquement totalement dépendants du pétrole. Les émissions de ce secteur sont partout en augmentation.

Le réchauffement climatique a été longtemps mis en doute par les scientifiques mais l’augmentation des incidents climatiques (typhons, sécheresses, canicules), la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, la montée lente et régulière du niveau des mers, ont rallié les sceptiques. Les températures sur le globe terrestre pourraient elles aussi augmenter de 1 à 6 degrés en un siècle. Ce qui inquiète les spécialistes, c’est la vitesse à laquelle se produit cette concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère.

La conférence sur les changements climatiques de Buenos Aires se terminera pas une réunion des ministres de l’Environnement du 15 au 17 décembre.



par Colette  Thomas (avec AFP)

Article publié le 07/12/2004 Dernière mise à jour le 08/12/2004 à 14:44 TU