Energie
«Le monde n’est pas à court de pétrole»
(Photo : AFP)
L’AIE pense que les réserves mondiales sont suffisantes pour faire face aux demandes futures. L’instabilité actuelle du marché pourrait faire croire le contraire alors que les causes sont à chercher ailleurs. Pour l’AIE, l’instabilité croissante de l’acheminement de l’offre, l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) sont «le signe d’un considérable malaise dans le monde de l’énergie». La flambée des prix du pétrole et du gaz ne serait nullement due à une quelconque raréfaction des productions. «Le monde n’est pas à court de pétrole», affirme l’AIE dans son rapport publié mardi. Elle prévoit une augmentation de la consommation du pétrole dans les 25 prochaines années qui atteindrait 121 millions de barils par jour. Selon le même rapport la consommation du gaz devrait doubler alors que celle du charbon et de l’énergie nucléaire «devrait fléchir». Aussi, les futurs grands consommateurs seraient les pays émergents comme la Chine et l’Inde.
L’AIE fait également le point sur une autre préoccupation concernant la protection de l’environnement. Elle table sur un prix élevé du baril de pétrole qui forcerait à une diminution de la demande de l’ordre de 15% à l’horizon 2030. Ce scénario sous-entend un changement profond de comportement mais qui pourrait aussi être obtenu par une application stricte des mesures sur la protection de l’environnement. Dans cette hypothèse la dépendance à l’égard des pays du Moyen-Orient serait réduite, accompagnée d’une diminution de la production de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et du Nigeria. Le corollaire direct de ce scénario serait la réduction à moins de 16% des émissions de CO2.
«Une percée technologique majeure»
Pour y parvenir les pays industrialisés devraient aussi invertir dans la recherche et développer les énergies renouvelables. L’AIE attend d’eux «une percée technologique majeure». Mais le danger viendrait surtout des pays en développement. Les rejets de CO2 dans l’atmosphère progresseraient au rythme de la croissance économique de ces pays. La progression des rejets est estimée à 39% d’ici à 2010, essentiellement due au développement de la Chine. Les experts de l’AIE prédisent une inversion des tendances actuelles faisant des pays en développement, à l’horizon 2020, les principaux émetteurs de CO2 devant les pays industrialisés.
L’AIE suggère d’importants investissements dans les «énergies renouvelables, le nucléaire, le stockage souterrain du CO2 et de l’hydrogène». Les expertises de l’organisation montrent que les rejets des transports occupent une place prépondérante dans l’émission des gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone. Par ailleurs, l’organisation prévient que si rien n’est fait, «les pays occidentaux dépasseraient de 30% le niveau d’émission de gaz à effet de serre qui leur a été assigné par le protocole de Kyoto». Cet accord dont la mise en application est prévue pour le début 2005 ne vise que les pays industriels. Une réduction de 5,2% des gaz nocifs pour l’environnement est imposée à 38 pays occidentaux et est-européens. Mais les Etats-Unis qui émettent 40% de ces gaz rejettent l’accord.
Enfin, pour les experts de l’AIE un autre problème semble tout aussi important : les prix. Ils prévoient une augmentation des tarifs qui serait provoquée par un décalage entre les marchés mal équipés et une demande croissante. Pour y remédier, l’AIE appelle à un important investissement dans les infrastructures de l’ordre 16 000 milliards de dollars. La moitié des investissements devrait concerner les pays en développement, mais la taille de leurs économies ne peut supporter la mobilisation de telles sommes.
par Didier Samson
Article publié le 27/10/2004 Dernière mise à jour le 27/10/2004 à 06:04 TU