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Energie

Le pétrole plus cher fragilise l’économie

Le prix du pétrole approche les 60 dollars le baril. 

		(Photo : AFP)
Le prix du pétrole approche les 60 dollars le baril.
(Photo : AFP)
Le baril encore plus cher, la Norvège au bord du lock-out, les agriculteurs français mécontents : un peu partout dans le monde, le pétrole pèse sur l’économie.

Le prix du pétrole commence à flirter avec les soixante dollars le baril. A New York, le baril de light sweet crude vaut ce lundi 55,58 dollars contre 55,17 vendredi. Le prix a même fait un pic à 55, 67 dollars, lors des échanges électroniques, ce qui représente un nouveau record.

A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a également atteint un niveau record à 51,90 dollars en séance électronique.

En raison de la hausse des prix du pétrole, la croissance mondiale pourrait être plus basse que prévu l’année prochaine. C’est ce qu’indique Agustin Carstens, directeur général adjoint du Fonds monétaire international. La dernière prévision du Fonds, 4,3% pour 2005, avait déjà été revue à la baisse par rapport au chiffre de 4,4% avancé en avril dernier. « Etant donné l’évolution récente du prix du pétrole, nous estimons que nous pourrions enregistrer un taux de croissance encore inférieur », a déclaré le représentant du FMI, dans un discours prononcé à Madrid à l’occasion d’une conférence internationale sur l’Amérique latine.

Un lock-out pour débloquer un conflit

Si le prix du pétrole continue de grimper, c’est aussi parce que de nouvelles tensions sont provoquées sur le marché mondial notamment en raison d’un conflit social en Norvège. Troisième exportateur mondial de brut derrière l’Arabie saoudite et la Russie, la Norvège, en temps normal, produit près de 3 millions de barils de brut par jour. Mais le secteur pétrolier risque d’être, mi-novembre, sous lock-out. Le 8 à minuit, les sociétés parapétrolières norvégiennes (elles font partie de l’association des armateurs) vont poser un préavis pour interrompre leur production de pétrole et de gaz. Ce lock-out aurait des conséquences visibles environ une semaine plus tard. Rien n’est joué mais cette perspective de creux dans la production mondiale provoque une tension supplémentaire sur le marché du pétrole, sans parler d’une nouvelle flambée des cours. L’organisation patronale Norges Rederiforbund a décrété un lock-out pour débloquer un conflit qui l’oppose depuis le 2 juillet dernier à un syndicat minoritaire, Oljearbeidernes Fellessammenslutning (OFS). Ce syndicat réclame que les conditions de travail offshore soient toujours les mêmes. Elles sont actuellement moins avantageuses pour les travailleurs lorsqu’une plateforme de forage est arrêtée pour entretien ou lorsqu’elle est déplacée. La présidente du syndicat patronal a déclaré qu’« un petit groupe, représentant moins de 20% des employés, a mis toute l’industrie sous pression pour imposer des demandes auxquelles Norges Rederiforbund, ils le savent, ne pourrait répondre sans handicaper considérablement la compétitivité des entreprises ». « Un lock-out est le seul moyen que nous ayons pour convaincre OFS d’accepter une offre que 80% des employés du secteur ont déjà acceptée ».

En Norvège, le secteur pétrolier est majoritairement étatique, il représente environ 20 % du Produit intérieur brut du pays, soit 44%  des exportations. Le gouvernement norvégien envisage d’intervenir avant le durcissement du conflit, au nom de l’intérêt national.

Baisser les taxes parapétrolières

Un peu partout dans le monde,  l’augmentation du prix du baril est  redoutée pour ses conséquences sur les autres secteurs de l’économie.

En France, cette hausse engrange, mécaniquement, plus de taxes. C’est l’effet produit par la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Pour compenser son augmentation, le gouvernement a fait un geste à destination des pêcheurs, des routiers, puis des particuliers et des agriculteurs. Ces derniers estiment que la réduction de la TIPP de 4 centimes d’euros par litre pour la période du 1er juillet au 31 décembre 2004, est insuffisante. Lundi, ils sont revenus à la charge pour obtenir, soit la « pérennisation » de cette mesure provisoire prise mi-octobre, soit une exonération de la TIPP pour l’année 2005. Dans la journée, les jeunes agriculteurs (JA) ont bloqué des dépôts de carburant et des raffineries. Dans le même temps, ils réclament un développement des biocarburants. Les JA voudraient qu’en 2007, ces carburants fabriqués avec des végétaux représentent au moins 30 % du carburant utilisé en France, alors qu’actuellement la part des biocarburants est autour de 1%. « On pense vraiment que c’est réaliste, car au vu de la baisse des ressources pétrolières, d’ici 15 ou 20 ans, il faudra bien qu’on arrive à 80 ou 90 % de biocarburants », a déclaré le président des Jeunes Agriculteurs de la région Midi-Pyrénées, Nicolas Rech.

La réduction de la TIPP déjà obtenue par les agriculteurs français aligne cette taxe au niveau minimum en Europe. Cependant certains protestent contre ces baisses successives des taxes parapétrolières. Pour les experts, c’est une façon de dire à l’Opep que les pays consommateurs s’arrangent avec la flambée des cours, et de lui montrer que la demande en pétrole ne va pas baisser, ou très peu.

Alors que l’hémisphère nord va entrer dans l’hiver, les prix restent également suspendus aux conditions météo : elles détermineront la demande en pétrole des entreprises et des particuliers.



par Colette  Thomas

Article publié le 25/10/2004 Dernière mise à jour le 25/10/2004 à 14:26 TU