Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Niger

Mamadou Tandja réélu avec 65, 53% des suffrages exprimés

Le Niger : 1 267 000 km2, à 80 % désertique et à l'avant-dernier rang du développement humain. 

		(RFI/DR)
Le Niger : 1 267 000 km2, à 80 % désertique et à l'avant-dernier rang du développement humain.
(RFI/DR)
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a rendu public mardi les résultats du deuxième tour de la présidentielle du 4 décembre où 55,03% des 5, 2 millions d’électeurs inscrits ont boudé les 14 484 bureaux de vote. Les Nigériens ne se sont en effet pas bousculé aux urnes pour confier un deuxième mandat au martial président sortant, le colonel Mamadou Tandja. Ils l’ont néanmoins crédité de 1 509 905 voix soit 65, 53% des suffrages exprimés, contre 794 397 voix (34,47%) en faveur de son concurrent socialiste, Mahamadou Issoufou.

Avec cette nouvelle victoire, Mamadou Tandja conforte la restauration de l’ancien parti unique, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), dont le règne a été un temps contrarié par le vent démocratique porteur de multipartisme, en novembre 1990. Les galons se portaient alors nettement moins haut dans un Niger las de marcher au pas. Issu du sérail militaire, le colonel à la retraite Mamadou Tandja avait manqué la marche des premières élections pluralistes du pays, en 1993. Il avait laissé échapper, au profit d’un civil, la succession de son mentor, le général Ali Saibou, lui-même héritier de l’impitoyable général Seyni Kountche, tombeur de l’historique Diori Hamani et mort au pouvoir (de maladie) en 1987.

Formé au Mali et à Madagascar, entre la fin de l’ère coloniale française et les premiers pas de l’indépendance, Mamadou Tandja a participé en avril 1974, au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani. Kountche avait fait de lui un préfet, un ministre de l’Intérieur et un diplomate. Le colonel Ali Saibou lui avait rendu le délicat portefeuille de l’Intérieur entre mars 1990 et mars 1991, où Tandja s’est trouvé aux premières loges, en mai 1990, pour la sanglante répression de la manifestation des Touareg, à Tchintabaraden. Elle avait fait 63 morts et s’était ensuivie de cinq ans de rébellion.

A nouveau candidat malheureux à la magistrature suprême, en 1996, le colonel Tanja a finalement emporté le scrutin présidentiel organisé par la junte du commandant Daouda Mallam Wanke, commanditaire de l’assassinat (le 9 avril 1999) du putschiste Ibrahim Bare Maïnassara. Mamadou Tandja a été investi pour la première fois le 22 décembre 1999. Coopté par ses compagnons d’armes, il avait été consacré par une opinion nigérienne peu regardante sur la légitimité d’un arbitrage militaire, après des années de palabres politiciennes désastreuses pour l’économie délicate de cet immense pays à 80% désertique.

Misère et analphabétisme

98% de la population active s’éreinte dans des activités agro-pastorales régulièrement ruinées par la sécheresse. Le Niger compte à peine 70 000 salariés, essentiellement dans la fonction publique civile et militaire où les arriérés de paiement sont la règle. 85 % des Nigériens subsistent avec moins de 2 dollars par jour, à l’écart du développement enrayé en particulier par un taux d'analphabétisme de 83 %. Enclavé par des frontières coloniales tracées au cordeau dans l’arrière-cour sahélienne, le Niger s’inscrit à l’avant-dernier rang du classement onusien du développement humain (juste devant la Sierra Leone).

S’il a défrayé la chronique américaine du terrorisme, l’uranium ne nourrit pas plus le Niger qu’il n’a alimenté le nucléaire militaire de Saddam Hussein. Et si les Nigériens admettent les présidents en battle-dress, c’est parce que la démocratie n’était pas aux rendez-vous annoncés. A 66 ans, Mamadou Tandja incarne pour sa part la continuité sur la scène politico-militaire du pays. Le 16 novembre, il était déjà en tête au premier tour avec 40,67% des suffrages exprimés contre 24,67% pour Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). La marge était confortable mais pas complètement infranchissable.

Au deuxième tour, le colonel Tanja a reçu le renfort des quatre candidats éliminés au premier round. Depuis 1999, il savait pouvoir compter sur le président de l'Assemblée nationale, Mahamane Ousmane (Convention démocratique et sociale-CDS, 17,43% des suffrages). Mais le 4 décembre, Mamadou Tandja a en outre obtenu le soutien des partisans de l'ancien Premier ministre Amadou Cheiffou (6,35%) et, plus paradoxalement, celui des nostalgiques du défunt général Bare rangés derrière le candidat Hamid Algabid (4,89%). Enfin, Moumouni Djermakoye Adamou a lui aussi versé dans l’escarcelle ses 6,07% de suffrages.

Alliances traditionnelles et retournements ont permis à Tandja d’écraser son adversaire socialiste, Mahamadou Issoufou. Ce dernier avait promis des fauteuils à ceux qui le soutiendraient au deuxième tour. Il a même accusé les ralliés de Tandja d’avoir accepté promesses et prébendes avant de passer à l’adversaire. Tous comptes faits, le colonel Tandja a gagné. Reste à concrétiser le rêve des Nigériens, la stabilité, certes, mais aussi la prospérité.



par Monique  Mas

Article publié le 08/12/2004 Dernière mise à jour le 08/12/2004 à 14:10 TU