Niger
Tandja contre Issoufou
(Photos : AFP/RFI)
Après le vote de mardi 16 novembre, Mamadou Tandja, le président sortant arrive en tête après le dépouillement des bulletins de vote, avec 40,64% des suffrages. Avec son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), il est en progression de près de 8 points par rapport au scrutin de 1999. Mais il est contraint d’aller au second tour pour y retrouver Mahamadou Issoufou, comme lors de la présidentielle de 1999. Leader du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Mahamadou Issoufou a recueilli 24,60% des suffrages et progresse d’environ trois points par rapport au scrutin de 1999. Mais ses chances de remporter le second tour sont bien minces, aux vues des coalitions et alliances qui se nouent déjà en faveur du président sortant.
Amadou Chéiffou du rassemblement social démocrate (RSD) ne fait aucun mystère de son ralliement au camp présidentiel. Adamou Moumouni Djermakoye de l’Alliance nigérienne pour la démocratie et le progrès (ANDP) apporte aussi son soutien au candidat président sortant. Ces deux candidats du premier tour dont les partis sont de la majorité présidentielle recueillent respectivement 6,35% (RDS) et 6,07% (ANDP) qui enregistre un léger recul d’un point. Avec ces deux apports, Mamadou Tandja passe mathématiquement le cap des 50% requis pour être élu ; sous réserve d’un bon report des voix et du respect des consignes de vote.
Le bon travail de la CENILe président sortant pourrait même s’offrir le luxe de ne pas courtiser Mahamane Ousmane de la Convention démocratique et sociale (CDS), dont les voix ont été déterminantes pour son élection en 1999. Mahamane Ousmane, ancien président de la République (1993-1996) et actuel président de l’Assemblée nationale est le vrai perdant de cette consultation. Il recueille 17,43% des voix, ce qui traduit une baisse de 5% par rapport au premier tour de la présidentielle de 1999. Mahamane Ousmane est toujours membre de la mouvance présidentielle. Enfin, Hamid Algabid du Rassemblement pour la démocratie et le progrès obtient environ 4,89% des suffrages contre 10,9% en 1999.
Les partis politiques sont unanimes pour reconnaître et saluer la clarté du travail fourni par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), conduite par le magistrat, Hamidou Salifou Kane. Cinq millions d’électeurs, sur les 10 millions d’habitants que compte le pays, étaient appelés à choisir entre six candidats, mais selon la CENI, le taux d’abstention est très important et varie selon les régions entre 40 et 55%. Le taux de participation à cette consultation, pour l'ensemble du pays, est de 48,28%. Ce vaste pays de 1 267 000 km² (plus de 2 fois la France) compte 92 circonscriptions électorales et 14 533 bureaux de vote. Plusieurs jours ont été nécessaires pour recevoir et dépouiller le vote de certaines régions reculées ou désertiques et dépourvus de moyens de communication modernes.
La CENI valide les dépouillements et proclame les résultats qui seront transmis à la Cour constitutionnelle du Niger et qui aura la charge de proclamer les résultats définitifs. Les recours seront éventuellement pris en compte par le CENI qui se mettra immédiatement au travail pour préparer le second tour de la présidentielle couplé avec un autre scrutin, celui des législatives, le 4 décembre 2004.
par Didier Samson
Article publié le 19/11/2004 Dernière mise à jour le 19/11/2004 à 17:57 TU