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Colombie

Démobilisation de 1500 paramilitaires

A Tibu, à 600 kilomètres de Bogota, près de<BR>1 500 paramilitaires de la guérilla d’extrême droite sont démobilisés. 

		(Photo : AFP)
A Tibu, à 600 kilomètres de Bogota, près de
1 500 paramilitaires de la guérilla d’extrême droite sont démobilisés.
(Photo : AFP)
Après des années d’une guerre civile impitoyable dans le département du Norte de Santander, une cérémonie de démobilisation devait se dérouler vendredi, sous la présidence du Haut commissaire de la paix, Luis Carlos Restrepo.

Près de 1 500 paramilitaires de la guérilla d’extrême droite, dont leur chef, Salvatore Mancuso, devaient être démobilisés vendredi, dans le cadre du processus de paix qui prévoit le désarmement de 20 000 hommes de cette milice d’ici 2006.

L’opération a lieu à Tibu, à 600 km au nord-est de Bogota, et elle constitue la plus importante opération de désarmement jamais faite par un groupe armé colombien. Elle concerne les membres du « bloc Catatumbo » des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) qui agissent dans cette région du pays, très agitée en raison des nombreux conflits entre factions armées ennemies.

La cérémonie est présidée par le Haut commissaire de la paix, Luis Carlos Restrepo, représentant du gouvernement dans les négociations avec les paramilitaires. Salvatore Mancuso devait être le premier à rendre son arme. Il doit lire ensuite un discours sur ses motivations à désarmer les AUC, structure qui a opéré dans la zone pendant 5 ans et 7 mois. Mancuso devrait ensuite participer aux discussions de paix, à Santa Fé de Ralito (nord), dans l’attente de la décision du président Alvaro Uribe sur son extradition aux Etats-Unis.

Après ce désarmement, le reste de combattants rentrerons chez eux mais devront se présenter au bureau installé par le gouvernement dans le ville de Cucuta pour définir leurs situations judiciaires.

Le « bloc » remet un lourd arsenal composé de lance-roquettes, mortiers, fusils, mitraillettes et pistolets, ayant servi à commettre de très nombreuses exactions, assassinats, tortures et enlèvements dans le Catatumbo. Les AUC se séparent également de leurs moyens de transport, de 15 chiens anti-explosifs, de 7 000 hectares et de 58 logements vides.

Une région meurtrie

L’entrée des paramilitaires dans le Catatumbo, en 1999, a été qualifiée d’«atroce». Aux violations de droits de l’homme, il faut ajouter le déplacement des populations locales. Selon un rapport de la fondation Progresar, une ONG  travaillant depuis 10 ans à Cucuta, les paramilitaires qui déposent les armes vendredi sont responsables des pires infractions des droits de l’homme commis dans le cadre du conflit armé colombien.

Selon cette organisation, entre juillet 2003 et juillet 2004, le « bloc Catatumbo » a perpétré 211 homicides individuels et 44 collectifs. Ils ont également violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu accordé avec le gouvernement et laissé des centaines d’orphelins, veuves et foyers détruits. La fondation Progresar ainsi que d’autres ONG dénoncent une guerre sanglante entre les paramilitaires du « bloc » et la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) au cours de ces dernières années. Selon ces ONG, une véritable campagne d’extermination a été menée par les « paras » contre certains secteurs sociaux, dans le but de contrôler la société locale.

Des alliances se sont tissées par ailleurs entre les paramilitaires et les trafiquants de drogue, sous forme de pactes stratégiques pour gagner les faveurs de maires, conseillers et autres personnalités. La classe politique de Cucuta, par exemple, a reçu des sommes considérables, pour capter des fonds publics, installer des affaires illégales, ou acquérir des terrains. A cet égard le maire, Ramiro Suarez, actuellement derrière les barreaux, et la directrice de la fiscalité de la commune, Ana Maria Flores toujours en fuite, ne sont que quelques exemples de l’influence de cette alliance entre « paras » et « narcos ».

Des défis à relever pour retrouver la paix

La démobilisation du « bloc Catatumbo » est considérée comme un grand pas vers la paix en Colombie. Des nombreuses interrogations demeurent néanmoins sans réponse à l’heure actuelle. La première concerne l’avenir judiciaire des ex-paramilitaires : seront-ils réinsérés dans la vie civile ou jugés pour les crimes commis ? D’autre part, comment l’Etat va-t-il garantir que les FARC, très présentes dans la région, ne récupèreront pas le terrain laissé par les AUC. Et qui va désormais mettre la main sur les cultures de coca ? Les « paras » partis, reste à retrouver l’équilibre politique, économique et social, assurer la pacification de la zone et mener la traque aux affaires illégales. Finalement, nul ne peut garantir que les 1 500 paramilitaires démobilisés ne continueront pas, dans le civil, à mener des activités clandestines avec les trafiquants de drogue.



par Maria Carolina  Piña

Article publié le 10/12/2004 Dernière mise à jour le 14/07/2005 à 13:38 TU