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Colombie

Les Farc perdent un de leurs chefs

Au pouvoir depuis 17 mois, le président colombien vient d’enregistrer un succès important dans sa lutte contre les mouvements de guérillas après l’arrestation en Equateur de Ricardo Palmera, alias Simon Trinidad, l’un des principaux dirigeants des Forces révolutionnaires armées de Colombie.
«Vive l’armée du peuple !». Telles ont été les dernières paroles audibles de Simon Trinidad avant d’être poussé, menotté, par des militaires armés et cagoulés dans un hélicoptère qui l’a transporté samedi depuis l’Equateur vers un aéroport militaire de Colombie. C’est dans les rues de la capitale équatorienne que cet homme, considéré comme le numéro quatre des Forces armées révolutionnaires de colombiennes (Farc), a été arrêté vendredi. Un mandat d’arrêt international pour terrorisme, prise d’otages, trafic de drogue et rébellion pesait contre lui. Au moment de son arrestation par la police équatorienne, il marchait seul sur une avenue du centre de Quito, une ville dans laquelle, selon certaines informations diffusées par la presse colombienne, il suivait un traitement pour lutter contre un cancer à la prostate. Le ministre colombien de la Défense, Jorge Alberto Uribe, a précisé que les Etats-Unis avaient apporté un «appui vital» à cette arrestation, sans préciser de quel type d’aide il s’agissait.

Agé de 53 ans, Simon Trinidad est le chef militaire des Farc, la plus vieille guérilla d’Amérique du sud. La véritable identité de cet économiste et ancien directeur de banque est Ricardo Palmera. Lors de son entrée au sein des Farc au milieu des années 80, il avait choisi comme pseudonyme le prénom «Simon» en hommage au «Libérateur» Simon Bolivar, un des héros latino-américains qui a notamment permis l’indépendance de la Grande-Colombie au début du XIXe siècle. Dépeint comme un homme intransigeant, il comptait parmi les négociateurs qui avaient participé entre 1999 et 2002 au processus de paix infructueux lancé par l’ex-président colombien Andres Pastrana. Plus récemment, il avait été chargé de mener des discussions en vue de la libération de quelque 900 otages détenus par les Farc. Parmi eux se trouve notamment la citoyenne franco-colombienne Ingrid Betancourt, ex-sénatrice et candidate écologiste aux dernières élections présidentielles qui a été enlevée le 23 février 2002 en compagnie de sa collaboratrice Clara Rojas. L’échec des négociations avait été imputé trop grandes exigences des Farc qui réclamaient notamment la démilitarisation d’un immense territoire et la libération de près de 400 guérilleros détenus dans des prisons colombiennes.

«Le terrorisme ne sera jamais champion»

L’arrestation de Simon Trinidad est un succès important pour le président colombien Alvaro Uribe, un homme déterminé qui s’est fixé comme objectif «d’éradiquer» la guérilla depuis son élection en août 2002. Les résultats avaient jusque-là été plutôt maigres, seules quelques membres des Farc peu influents sur le fonctionnement de l’organisation ayant été arrêtés. Or, pour la première fois depuis la création de ce mouvement en 1964, c’est l’un de ses principaux dirigeants, et idéologues, qui se retrouve sous les verrous. «La capture d’un chef des Farc démontre que le terrorisme ne sera jamais champion», a déclaré le président Uribe, en ajoutant que la Colombie lutterait jusqu’à obtenir le «démantèlement total du terrorisme». Depuis le déclenchement de la guerre civile en Colombie en 1964, plus de 200 000 personnes ont été tuées et environ 3000 civils sont enlevés chaque année. Avec environ 17 000 hommes, les Farc représentent le principal mouvement de guérilla du pays.

Pour atteindre son objectif, le président colombien espère pouvoir compter à nouveau dans le futur sur l’aide des pays voisins, des mandats d’arrêt pesant dans le monde entier contre une quinzaine d’autres hauts dirigeants des Farc, à commencer par son fondateur et chef principal, Manuel Marulanda, âgé de 73 ans. Alvaro Uribe a du coup chaleureusement remercié l’Equateur pour la collaboration de ses forces de police. Pour sa part, son homologue équatorien, Lucio Gutierrez, a expliqué que cette coopération aidait à «améliorer la sécurité entre les deux pays», en espérant que cela permette aux peuples équatorien et colombien que «le seul chemin à suivre est celui du dialogue et de la paix». Une collaboration également logiquement saluée par les Etats-Unis qui n’avaient pas hésité, après les attentats du 11 septembre 2001, à placer les différents mouvements de guérilla colombiens sur la liste des organisations terroristes.



par Olivier  Bras

Article publié le 04/01/2004