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Colombie

Investiture sanglante pour Uribe

Au moment même où le président élu prêtait serment, des bombes ont explosé à quelques centaines de mètres du lieu de la cérémonie, faisant une quinzaine de morts. Un attentat attribué aux Farc.
L’investiture du président Alvaro Uribe était placée sur le signe du risque. Les services de sécurité le savaient. Jamais une telle panoplie de mesures sécuritaires n'avait été déployée pour la protection d'un chef d'État. L'aéroport était fermé. Un avion de surveillance américain planait dans le ciel de Bogota. 20 000 hommes de troupes étaient mobilisés.

Pourtant plusieurs explosions ont ensanglanté les rues de Bogota avec 17 morts et une vingtaine de blessés. L’attentat le plus spectaculaire s’est déroulé à quelques pas du palais présidentiel et du congrès. Alvaro Uribe et ses six cents invités s’y trouvaient, lorsque trois roquettes et une bonbonne de gaz piégée ont explosé à proximité.

Première guérilla en nombre avec 17 000 hommes, les FARC avaient qualifié Alvaro Uribe «d'objectif militaire» avant même son élection le 26 mai. Mais la guérilla a voulu avant tout frapper les esprits et blesser son image d’homme de fer. Toutes les mesures de sécurité avaient été prise. A priori, à aucun moment la vie des participants à la cérémonie d’investiture n’a été en danger.

L’attentat était simple à organiser. Les engins explosifs ont été lancé depuis le quartier du Cartucho. C’est une zone de non droit, en plein cœur de la capitale, où durant des décennies, à quelques pas du palais présidentiel, de la mairie et du commissariat central, le trafic de drogue et le trafic d’arme ont prospéré. La mairie a commencé à raser la zone mais quelques maisons sont encore debout. Quant aux victimes, ce sont des habitants de la rue qui ont trouvé refuge dans cette cour des miracles.

Pouvoir de nuisance

Les attentats n’ont pas été revendiqués comme c’est la coutume. Pour les autorités, il n’y a aucun doute. C’est l’œuvre de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie. S’ils sont une preuve éclatante du pouvoir de nuisance des rebelles, ces événements ne remettent pas en cause le rapport de force entre eux et les forces de l’ordre. La guérilla peut faire mal, très mal, mais elle n’est pas en mesure de renverser le pouvoir.

Quelle va être la réaction du nouveau président considéré comme un homme à poigne ? Il est pris en tenaille. Il y a la fermeté qu’il a affichée lors de la campagne électorale. Les électeurs l’ont élu pour mettre au pas les guérillas. Et il y a réalité du conflit dont la complexité exclut toute solution miracle. Malgré toutes les mesures de sécurités, les Farc ont pu agir en plein centre de la capitale. C’est symbolique de la faible marge de manœuvre du pouvoir.

Malgré cette flambée de violence, le nouveau président a provoqué une surprise de taille avec un projet de référendum proposant la présence de guérilleros au Congrès. «Pour faciliter la réintégration à la vie civile des groupes armés en marge de la loi mais partie prenante d'un processus de paix, le gouvernement pourra créer, en une seule occasion, des circonscriptions spéciales de paix, ou nommer directement un nombre de congressistes chargés de représenter les dits groupes impliqués dans ces négociations», demande un article du projet.

Ecoutez Alain Devalpo



par Alain  Devalpo

Article publié le 08/08/2002