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Colombie

Un partisan de la manière forte à la présidence

Après sa victoire au premier tour de scrutin, le 26 mai dernier, avec 53% des suffrages, Alvaro Uribe, le nouveau président colombien est officiellement investi, ce mercredi. Durant son mandat de quatre ans non renouvelable, il va devoir s’atteler à remettre à flot un pays à feu et à sang où l’autorité de l’Etat est constamment mise à mal par la violence de la guérilla et des paramilitaires.
A 50 ans, Alvaro Uribe, ancien gouverneur de Medellin - deuxième ville du pays - entre 1995 et 1997 succède au très conservateur Andrés Pastrana, décrié pour sa faiblesse et battu le 26 mai dernier en raison de son incapacité à remplir son programme au premier rang duquel figurait la paix avec les célèbres Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). L’échec cuisant de Pastrana en aura fait le plus impopulaire des présidents d’un pays avide de voir enfin finir une guerre civile qui dure depuis 38 ans et qui a fait, à ce jour, plus de 200 000 morts. Les Colombiens ont donc choisi comme président, fin mai dernier, ce docteur en droit, cet homme austère, dénué d’humour, dur avec lui-même comme avec les autres mais qui saura mater, selon eux, la guérilla et mener contre elle une croisade sans merci pour la paix, en passant par la guerre, si nécessaire.

L’investiture se déroule à Bogota, non pas comme le veut la coutume sur la place Bolivar mais dans l’hémicycle du Congrès pour plus de sécurité. En effet, Alvaro Uribe a échappé non seulement à une quinzaine de tentatives d’attentats mais aussi à deux complots qui ont été déjoués par les services secrets colombiens. Les rebelles ayant désigné le nouveau président comme un «objectif militaire». Cette investiture sous haute surveillance s’explique par la montée de la violence initiée par les FARC depuis la rupture du processus de paix, le 20 février dernier. Face à cette spirale de la violence, Alvaro Uribe, connu et reconnu pour être un dur, serait, selon les Colombiens, le plus à même à pouvoir bénéficier de l’aide directe de Washington, qui depuis les attentats du 11 septembre 2001 lutte sans merci, aux quatre coins du globe contre le terrorisme.

Objectif : les FARC

Ce dissident libéral, catalogué à droite, a été marqué personnellement, comme bon nombre de ses compatriotes, par la violence des FARC. En effet, son père a été tué en 1983 par la guérilla marxiste. Les Colombiens sensibles à son slogan de campagne «main ferme et cœur grand» ont, semble-t-il, adhéré à son programme militariste qui vise principalement les FARC. Pour parvenir à les combattre, Alvaro Uribe entend bien doubler les effectifs de l’armée et utiliser un million de civils volontaires comme informateurs de la police tout en ayant l’appui militaire américain.

Etudiant à Oxford et diplômé d’Harvard où il a suivi une spécialité en «gestion des conflits», le nouveau président colombien sait que sa victoire à l’élection présidentielle a été favorisée par une vague de mécontentement liée aux vaines tentatives de négociations de son prédécesseur avec les FARC. Alvaro Uribe est donc bien décidé à employer la manière forte, si nécessaire, pour ramener la paix dans son pays, même s’il sait que les discussions avec les forces armées peuvent prendre des années. Ce Colombien atypique, fervent catholique et nationaliste, affiche sa volonté de tout faire pour que ses compatriotes évoluent dans un pays plus calme et où les enlèvements ne seront plus monnaie courante. Le plus médiatique, est celui d’Ingrid Betancourt, le 23 février, candidate des Verts à l’élection présidentielle, et ancienne sénatrice. Actuellement toujours en captivité, elle est l’un des symboles de l’échec du mandat d’Andrés Pastrana.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/08/2002