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Jeux vidéo

Un éditeur français intéresse les Américains

Succès garanti pour le jeu vidéo <EM>Prince of Persia.</EM> 

		(Photo: www.ubisoft.org)
Succès garanti pour le jeu vidéo Prince of Persia.
(Photo: www.ubisoft.org)
Electronic Arts, le numéro un mondial des jeux vidéo, prend le contrôle du français Ubisoft, lui aussi éditeur de jeux électroniques. Ce dernier n’a pas choisi cette alliance. Il ne sera probablement plus maître de son destin.

L’Américain Electronic Arts, le plus grand éditeur au monde de jeux vidéo, est devenu l’actionnaire principal d’Ubisoft Entertainment en rachetant, en bloc, la participation du fonds néerlandais John de Mol. La société américaine a annoncé lundi avoir acheté 19,9%  du capital de la société française, sa concurrente. La direction d’Ubisoft indique qu’il s’agit d’une irruption « hostile » dans son capital. Le numéro deux européen des jeux vidéo estime qu’Electronic Arts cherche à s’emparer de ses studios  avant la sortie de consoles de jeu de nouvelle génération (PlayStation 3 ou Xbox 2).

Le titre s’est envolé

Le changement d’actionnaire s’est fait sans concertation avec l’entreprise française. La transaction doit encore recevoir l’aval de l’administration américaine, chargée de surveiller les concentrations. Pourtant, dès l’annonce de cette prise de participation américaine dans le capital d’Ubisoft,  une forte spéculation a fait grimper l’action du créateur français de jeux électroniques. Lundi, le titre s’est envolé à la Bourse de Paris, augmentant de 19,6% pour atteindre 20,31 euros. Au terme de cette transaction évaluée à 60 millions d’euros, Electronic Arts deviendra le premier actionnaire de la société française dont le siège est à Rennes, dans l’ouest de la France.

Ubisoft a de nombreux succès à son actif notamment Rayman, le jeu vidéo français le plus vendu au monde avec 15 millions d’exemplaires. Ubisoft, c’est aussi des jeux d’aventure et de combat comme Prince of Persia ou Myst. Les experts notent que les jeux d’action de l’entreprise française, notamment ceux de la série Tom Clancy’s Splinter Cell s’intégreraient parfaitement dans le catalogue d’Electronic Arts, ces jeux étant particulièrement appréciés aux Etats Unis alors qu’Electronic Arts propose plutôt des jeux tournés vers le sport.

Des accords d’exclusivité avec Microsoft et Sony

Ubisoft a été fondée en 1986 par cinq frères, Yves Guillemot, le PDG, Michel, Claude, Christian et Gérard. Ils détiennent 17,48% du capital et 26,5% des droits de vote. Au moment de sa création, l’entreprise se lance d’abord dans la diffusion de jeux inventés par les plus grandes sociétés américaines et européennes comme Elite, Electronic Arts, Sierra, ou encore Lucas Arts. Dès le départ, Ubisoft crée aussi des jeux comme Zombie ou Commandos chargeables sur des ordinateurs PC ou sur des consoles type Atari ou Amstrad. En 1994-1995, Ubisoft monte ses premiers studios de création en France et en Roumanie. C’est à ce moment-là que la société lance l’un de ses jeux vedette Rayman. Quelques années plus tard, d’autres studios ouvrent à Shanghai (Chine), à Montréal (Canada) et à Casablanca (Maroc). Ubisoft compte aujourd’hui treize unités de création à travers le monde et revendique, avec 2350 collaborateurs, « la deuxième plus grande force de production mondiale ». En 2000, Ubisoft est coté au premier marché de la Bourse de Paris. La même année, la société acquiert Redstorm Entertainement, créateur de la marque Tom Clancy’s Rainbow Six, avec laquelle elle fera des best-sellers comme Splinter Cell, Ghost Recon. Poursuivant sa politique d’acquisitions, la société française achète encore deux nouveaux studios, l’un aux Etats-Unis, l’autre en France. A la même époque, des accords d’exclusivité sont signés avec Microsoft et Sony concernant l’arrivée sur le marché des nouvelles consoles de jeux, la PlayStation et la Xbox.

Les observateurs estiment qu’avec cette prise de participation, le géant américain des jeux vidéo s’empare d’un éditeur européen très créatif et bien organisé dans sa stratégie commerciale pour optimiser l’arrivée des nouvelles générations de consoles de jeux. En plus, le rapport de force économique entre les deux entreprises est totalement disproportionné puisque qu’Electronic Arts pèse quarante fois plus qu’Ubisoft. Lors de son dernier exercice qui a pris fin le 31 mars 2004, le groupe californien a dégagé un bénéfice de 577 millions de dollars,  ce qui représente quasiment le chiffre d’affaires annuel d’Ubisoft. Le groupe américain n’a pas dévoilé ses intentions. Il justifie cette prise de participation par le fait que la société française est « excellente et bien gérée » mais assure « n’avoir aucun plan » pour le moment.



par Colette  Thomas

Article publié le 21/12/2004 Dernière mise à jour le 21/12/2004 à 16:17 TU