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Jeux

Raffarin à la rescousse du jeu vidéo français

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin vient d’annoncer un plan national pour aider l’industrie française du jeu vidéo à sortir de la crise. Une enveloppe globale évaluée à environ 50 millions d’euros, selon les professionnels.
L’inauguration de la Cité du numérique -un pavillon dédié au jeu vidéo- au Futuroscope de Poitiers dans le département de la Vienne, a été l’occasion pour le gouvernement de définir son action en faveur du secteur du jeu vidéo. Flanqué du ministre délégué à l’Industrie, Nicole Fontaine et du ministre délégué à la Recherche, Claudie Haigneré, le Premier ministre a annoncé une dizaine de mesures destinées à venir en aide à un secteur du jeu vidéo en proie à de graves difficultés. L’Association des producteurs d’œuvres multimédia (Apom) lui avait remis en mars dernier ses propositions pour stimuler le marché français du jeu vidéo. Presque toutes les revendications ont été satisfaites.

Le plan gouvernemental s’articule autour de deux priorités: des aides à la création et des exonérations fiscales. Premier volet: un soutien à la création. Sur le budget de 6 millions d’euros du Fonds d’aide à l’édition multimédia (FAEM), 4 millions seront réservés exclusivement aux jeux vidéo. Cette somme permettra de financer 20 pré-productions, à hauteur de 40% chacune, sous la forme d’une avance remboursable, si le projet arrive à terme et génère des bénéfices.

Les exonérations fiscales sont également l’un des objectifs de cette politique pour relancer l’industrie du jeu vidéo. C’est ainsi que les studios de développement de jeux vidéo pourront désormais être éligibles au «Plan pour l’innovation» lancé par Nicole Fontaine, qui prévoit des exonérations fiscales pour les jeunes entreprises innovantes. Ces sociétés pourront également recevoir des aides de l’Agence nationale de valorisation et de recherche (Anvar) et du Réseau pour l’innovation dans l’audiovisuel et le multimédia (Riam).

La concurrence des studios étrangers

Ce plan prévoit également la création d’une Ecole nationale des médias interactifs à Angoulême (Charente) bâtie par les pouvoirs publics et les professionnels. Ces derniers présents à Poitiers ont accueilli favorablement ce train de mesures évaluées à environ 50 millions d’euros. «Nous sommes très satisfaits de l’ensemble des propositions, de l’intérêt et même de l’enthousiasme apportés par le gouvernement. Tout ceci laisse présager d’un avenir plus que cela n’a été au cours des derniers mois», a déclaré Antoine Vilette, président de l’Association des producteurs d’oeuvres multimédia (Apom).

En effet, depuis l’effondrement des valeurs Internet fin 2001, les studios français ferment les uns après les autres. Prés d’une quinzaine de sociétés de jeux vidéo, dont Kalysto et Cryo Interactive ont ainsi déposé le bilan, faute de nouveaux financements. Les mesures annoncées devraient aider un certain nombre d’entreprises qui sont dans une situation critique.

En deux décennies, le jeu est devenue une industrie majeure en France. Avec 40 à 50 % des jeux créés chaque année, le marché français qui se place en quatrième position après les Etats-Unis, le Japon et la Grande-Bretagne est loin d’être sinistré. Il reste qu’aujourd’hui, les entreprises françaises -les créateurs plus que les éditeurs- avec à leur tête Ubisoft, Infograme et Vivendi Universal Games (soit 20 % de la production mondiale) font face à de grosses difficultés financières. Il faut savoir qu’en effet, un jeu à gros budget accompagné d'une promotion mondiale mobilise aujourd'hui 30 à 50 personnes et deux à trois ans de développement pour un coût de 10 à 20 millions de dollars, soit autant qu'un film hollywoodien moyen. Et il s’agit d’un secteur soumis à la concurrence acharnée de nouveaux studios étrangers basés en Chine, en Inde ou en Russie, là où la main d’œuvre permet de dégager des marges bénéficiaires plus substantielles.



par Myriam  Berber

Article publié le 25/04/2003