Grande-Bretagne
Le Parlement adopte la carte d’identité
(Photo : AFP)
En France, vous avez intérêt à avoir vos papiers en règle mais en Grande-Bretagne les policiers ne peuvent exiger vos papiers, ils vont se contenter de vous demander votre nom, votre adresse et, si vous avez commis une incivilité, de vous faire une petite leçon de morale. Donnez son nom et son identité, alors qu'on vient de commettre un délit ou une infraction n'est un réflexe naturel que pour les britanniques. Décliner une fausse identité serait un terrible affront à l'autorité, c'est presque inimaginable. Mais dans un monde qui bouge comme le nôtre, il n'y a pas que des Britanniques qui se déplacent en Grande-Bretagne et le droit à l'anonymat s'applique à tout le monde même aux étrangers. Les Britanniques se rendent compte que la lutte contre le terrorisme la criminalité et l'immigration illégale en pâtissent.
Les Britanniques n'ont été fichés qu'en temps de guerre pour traquer les déserteurs et les espions. Une mesure très impopulaire abandonnée à l'issue de la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, alors que la Grande-Bretagne est le principal allié des États-Unis en Irak, la crainte d'attentats a fait basculer les consciences. Les Britanniques seraient prêts à sacrifier un peu de leur liberté. Il faut dire qu'ils sont déjà surveillés par un incroyable réseau de caméras vidéos privé ou public. Quatre millions de caméras déployées dans tout le royaume. Un record !
Big Brother est déjà en place
Les Britanniques a eux seuls détiennent 10% du parc mondial de caméras de surveillance... A chaque coin de rue, vous êtes observés... Le romancier George Orwell avait vu juste, Big Brother est déjà en place. Par ailleurs, les Britanniques sont équipés comme la plupart des Européens de cartes de crédit, permis de conduire, passeports indispensables pour voyager, il ne leur manque finalement que cette carte d'identité qu'ils auront tous en poche d'ici 2111 et qui pourraient être mise en circulation à partir de 2008. Un projet qui tenait à cœur à David Blunkett, l'ancien ministre de l'Intérieur ne voulait pas que la Grande-Bretagne devienne le maillon faible de la lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale. Il vient de quitter son poste de ministre de l'Intérieur mais son projet devrait bientôt se concrétiser.
Les opposants a la carte d'identité n'ont pas réussi pour l'instant à faire entendre leur voix suffisamment fort au sein du Parlement, pourtant la commission informatique et liberté de Grande-Bretagne s'est plusieurs fois inquiétée du danger de voir le Royaume-Uni devenir un pays sous surveillance. Le projet « carte d'identité » prévoit bien sûr, la mise en place d'un registre national qui contiendra les empreintes digitales et les adresses de tous les sujets de la Couronne. La commission veut éviter que ce registre puisse fusionner avec d'autres registres où sont conservés des informations médicales ou scolaires. Le nouveau ministre de l'Intérieur Charles Clarke a affirmé devant les parlementaires que les cartes d'identité n'allaient ni restreindre les libertés civiques, ni faire vivre aux Britanniques le cauchemar de 1984, le roman de George Orwell. Le système facilitera, dit-il, la lutte contre le terrorisme, un tiers des terroristes vivants sous une fausse identité d'après lui, et la lutte contre le trafic d'êtres humains . C'est là que le bât blesse car parmi les opposants au projet, il y a les représentants des minorités britanniques qui craignent que les policiers comme ailleurs en Europe ou aux États-Unis contrôlent avant tout les personnes de couleur. Ils craignent d'être harcelés par la police.
Toutes les études montrent en effet que les personnes de couleur en Europe ou aux États-Unis sont plus souvent contrôlées et que lorsqu’elles sont arrêtées, elles sont plus lourdement condamnées que le reste de la population.
par Béatrice Leveillé
Article publié le 21/12/2004 Dernière mise à jour le 22/12/2004 à 11:13 TU