Grande-Bretagne
Londres réduit l'entrée aux «touristes des aides sociales»
La Grande-Bretagne a dévoilé ce lundi une série de mesures visant à réguler l'arrivée de travailleurs en provenance des dix pays accédant à l'Union européenne le 1er mai, une échéance qui a relancé les craintes d'un afflux de «touristes des allocations» en Grande-Bretagne.
De notre correspondante à Londres.
C’est le ministre de l'Intérieur David Blunkett qui a annoncé le dispositif britannique devant les députés de la chambre des Communes. Resté jusqu’au dernier moment quasiment muet sur le détail de ces mesures, le gouvernement a ainsi dévoilé ses plans dont voici les grandes lignes: la Grande-Bretagne va laisser ouverte la porte de son marché du travail aux immigrants des dix nouveaux entrants, en majorité des pays d’Europe de l’Est, tout en mettant en place des restrictions à l'accès aux prestations sociales. Avec un objectif simple: attirer les travailleurs dont l'économie britannique a besoin, tout en protégeant son système d’aides sociales, en envoyant un message dissuasif à ceux que la presse populaire a baptisés les «benefit tourists», les «touristes des aides sociales». Ainsi, les citoyens des nouveaux Etats membres n’auront pas besoin de permis de travail mais devront figurer sur un «registre des travailleurs», créé pour l’occasion, système qui devrait précéder l’introduction d’une carte d’identité obligatoire.
Londres va aussi interdire aux futurs travailleurs en provenance d'un des nouveaux membres de l'Union Européenne l'accès aux diverses prestations sociales (chômage, aide au logement) pendant une période de deux ans. Ces futurs immigrants devront, pour pouvoir s'installer en Grande-Bretagne, déclarer aux autorités où ils comptent résider, et prouver qu'ils ont une offre d'emploi précise ou qu'ils sont financièrement indépendants et ne vont pas «devenir un fardeau» pour les services sociaux.
Néanmoins, beaucoup, dont la Confédération des syndicats britanniques regrettent déjà l’aspect restrictif de ce train de mesures et reprochent au gouvernement d’avoir agi dans la précipitation et sous la pression des journaux à scandale mais aussi de l’opposition conservatrice. Car ces mesures, décidées lors d’une réunion arrangée au débotté au 10 Downing street la semaine dernière en présence du Premier ministre Tony Blair, interviennent en fait après une virulente campagne menée par plusieurs tabloïdes, et relayée par l'opposition conservatrice. Pendant des semaines ces journaux ont sous des titres chocs et à travers des propos carrément haineux, affirmé que des centaines de milliers d'immigrants appauvris, et notamment des tziganes, s'apprêtaient à fondre sur la Grande-Bretagne pour profiter de sa généreuse politique d'aide sociale. Des quotidiens populaires qui n’ont pas hésité à faire dans la surenchère alarmiste: alors que le gouvernement table sur l’arrivée à partir de mai prochain de 5 000 à 13 000 immigrants par an, le Daily Express parle, lui, de «millions d'immigrants» et titrait récemment «nous ne pouvons pas faire face à une folle invasion de tziganes». Et ce n’est rien à côté du Daily Mail qui est allé encore plus loin en assurant même qu'une grande partie d'entre eux sont porteurs du virus du sida.
Apaiser la crainte d’une invasion
Prenant le train en marche, le chef de file des conservateurs, Michael Howard, a de son côté pris à partie Tony Blair début février devant les députés à la chambre des communes lors de la séance hebdomadaire des questions au Premier ministre, en soulignant que pratiquement tous les autres pays de l’Union notamment la France et l’Allemagne allaient maintenir des contrôles stricts et obliger les futurs candidats à demander un permis de travail avant d'entrer sur leur sol. En effet jusqu’à présent la Grande-Bretagne était avec la République d’Irlande, le seul Etat de l’Union européenne à n’avoir prévu aucune barrière en prévision d’un afflux de citoyens des dix pays candidats à l’entrée dans l’UE. Pris de court et visiblement dans l’embarras, Tony Blair avait indiqué pour la première fois qu'il examinait «le risque potentiel» d'un afflux d'étrangers après le 1er mai.
Mais son ministre de l’Intérieur, David Blunkett, qui est par ailleurs l’auteur de mesures draconiennes pour lutter contre l’immigration clandestine, demeure lui un fervent partisan de l’arrivée de nouveaux travailleurs qu’il estime bénéfique, voire essentielle, pour l’économie britannique. Et en effet le Royaume-Uni manque cruellement de main d’œuvre dans des secteurs comme la construction, l’agriculture mais aussi la restauration sans compter que le domaine de la santé, dont le fameux NHS, le National Health Service (le plus important employeur d’Europe) a besoin de 100 000 employés nouveaux par an que ce soient des médecins, infirmières et autres spécialistes. Sans compter que pour David Blunkett, laisser la porte ouverte à cette main d’œuvre est un moyen efficace de lutter contre le travail au noir. C’est pourquoi l’annonce de lundi se veut un compromis entre la volonté du gouvernement d’attirer de nouveaux travailleurs capables de contribuer à l’économie britannique et le désir d’apaiser les craintes d’une invasion d’immigrants cherchant à profiter de l’Etat Providence.
C’est le ministre de l'Intérieur David Blunkett qui a annoncé le dispositif britannique devant les députés de la chambre des Communes. Resté jusqu’au dernier moment quasiment muet sur le détail de ces mesures, le gouvernement a ainsi dévoilé ses plans dont voici les grandes lignes: la Grande-Bretagne va laisser ouverte la porte de son marché du travail aux immigrants des dix nouveaux entrants, en majorité des pays d’Europe de l’Est, tout en mettant en place des restrictions à l'accès aux prestations sociales. Avec un objectif simple: attirer les travailleurs dont l'économie britannique a besoin, tout en protégeant son système d’aides sociales, en envoyant un message dissuasif à ceux que la presse populaire a baptisés les «benefit tourists», les «touristes des aides sociales». Ainsi, les citoyens des nouveaux Etats membres n’auront pas besoin de permis de travail mais devront figurer sur un «registre des travailleurs», créé pour l’occasion, système qui devrait précéder l’introduction d’une carte d’identité obligatoire.
Londres va aussi interdire aux futurs travailleurs en provenance d'un des nouveaux membres de l'Union Européenne l'accès aux diverses prestations sociales (chômage, aide au logement) pendant une période de deux ans. Ces futurs immigrants devront, pour pouvoir s'installer en Grande-Bretagne, déclarer aux autorités où ils comptent résider, et prouver qu'ils ont une offre d'emploi précise ou qu'ils sont financièrement indépendants et ne vont pas «devenir un fardeau» pour les services sociaux.
Néanmoins, beaucoup, dont la Confédération des syndicats britanniques regrettent déjà l’aspect restrictif de ce train de mesures et reprochent au gouvernement d’avoir agi dans la précipitation et sous la pression des journaux à scandale mais aussi de l’opposition conservatrice. Car ces mesures, décidées lors d’une réunion arrangée au débotté au 10 Downing street la semaine dernière en présence du Premier ministre Tony Blair, interviennent en fait après une virulente campagne menée par plusieurs tabloïdes, et relayée par l'opposition conservatrice. Pendant des semaines ces journaux ont sous des titres chocs et à travers des propos carrément haineux, affirmé que des centaines de milliers d'immigrants appauvris, et notamment des tziganes, s'apprêtaient à fondre sur la Grande-Bretagne pour profiter de sa généreuse politique d'aide sociale. Des quotidiens populaires qui n’ont pas hésité à faire dans la surenchère alarmiste: alors que le gouvernement table sur l’arrivée à partir de mai prochain de 5 000 à 13 000 immigrants par an, le Daily Express parle, lui, de «millions d'immigrants» et titrait récemment «nous ne pouvons pas faire face à une folle invasion de tziganes». Et ce n’est rien à côté du Daily Mail qui est allé encore plus loin en assurant même qu'une grande partie d'entre eux sont porteurs du virus du sida.
Apaiser la crainte d’une invasion
Prenant le train en marche, le chef de file des conservateurs, Michael Howard, a de son côté pris à partie Tony Blair début février devant les députés à la chambre des communes lors de la séance hebdomadaire des questions au Premier ministre, en soulignant que pratiquement tous les autres pays de l’Union notamment la France et l’Allemagne allaient maintenir des contrôles stricts et obliger les futurs candidats à demander un permis de travail avant d'entrer sur leur sol. En effet jusqu’à présent la Grande-Bretagne était avec la République d’Irlande, le seul Etat de l’Union européenne à n’avoir prévu aucune barrière en prévision d’un afflux de citoyens des dix pays candidats à l’entrée dans l’UE. Pris de court et visiblement dans l’embarras, Tony Blair avait indiqué pour la première fois qu'il examinait «le risque potentiel» d'un afflux d'étrangers après le 1er mai.
Mais son ministre de l’Intérieur, David Blunkett, qui est par ailleurs l’auteur de mesures draconiennes pour lutter contre l’immigration clandestine, demeure lui un fervent partisan de l’arrivée de nouveaux travailleurs qu’il estime bénéfique, voire essentielle, pour l’économie britannique. Et en effet le Royaume-Uni manque cruellement de main d’œuvre dans des secteurs comme la construction, l’agriculture mais aussi la restauration sans compter que le domaine de la santé, dont le fameux NHS, le National Health Service (le plus important employeur d’Europe) a besoin de 100 000 employés nouveaux par an que ce soient des médecins, infirmières et autres spécialistes. Sans compter que pour David Blunkett, laisser la porte ouverte à cette main d’œuvre est un moyen efficace de lutter contre le travail au noir. C’est pourquoi l’annonce de lundi se veut un compromis entre la volonté du gouvernement d’attirer de nouveaux travailleurs capables de contribuer à l’économie britannique et le désir d’apaiser les craintes d’une invasion d’immigrants cherchant à profiter de l’Etat Providence.
par Muriel Delcroix
Article publié le 24/02/2004