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Grande-Bretagne

Rebondissements dans l’affaire Diana

La justice britannique vient d’annoncer l’ouverture de deux enquêtes sur la mort de la princesse de Galles et celle de son compagnon Dodi al-Fayed, décédés ensemble dans un accident de voiture le 31 août 1997 à Paris. Cette décision intervient alors que la presse a publié des informations selon lesquelles Diana aurait accusé le prince Charles de préparer son assassinat, dans une lettre envoyée à son majordome Paul Burrell en 1996. Plus de six ans après les faits, la polémique autour des circonstances de la mort de la princesse n’en finit pas d’être relancée.
Diana était-elle enceinte lorsqu’elle est morte ? La question resurgit à chaque fois que l’affaire revient sur la scène médiatique. Car pour les adeptes de la thèse du complot qui aurait visé à éliminer une princesse divorcée et libérée par trop gênante pour la monarchie britannique, comme Mohammed al-Fayed, le milliardaire d’origine égyptienne et père du dernier compagnon de Diana, Dodi, c’est la clef du mystère. Si la princesse attendait vraiment un bébé, alors elle a été assassinée.

Dans ce contexte, les révélations de l’hebdomadaire Independant on Sunday, publiées la semaine dernière, ont fait grand bruit dans le royaume de Sa Très Gracieuse Majesté Elisabeth II. Le journal cite un haut responsable de la police française, qui préfère rester anonyme, selon lequel la princesse était effectivement enceinte. Celui-ci écarte néanmoins l’hypothèse du meurtre déguisé mais affirme qu’il y a eu une dissimulation des faits pour épargner la monarchie britannique et que l’ensemble des preuves se trouvent dans les dossiers médicaux qui n’ont jamais été rendus publics.

Ces affirmations rejoignent celles de Mohammed al-Fayed qui persiste à dire depuis six ans que son fils et Diana ont été éliminés par les services secrets britanniques. Mais elles sont totalement contredites par un certain nombre de proches de la princesse et surtout par le coroner chargé des affaires royales à l’époque de l’accident, John Burton qui a assisté à l’autopsie du corps. Pour lui, il ne s’agit que d’affabulations et il ne peut y avoir aucun doute sur le fait que Diana n’attendait pas d’enfant. «J’ai vu dans son utérus. Vous n’avez pas besoin de tests sanguins si vous voyez l’utérus».

«Mon mari planifie un accident sur ma voiture»

Malgré les démentis, la polémique sur l’état de la princesse au moment de sa mort n’a pas fini d’empoisonner Buckingham. D’autant qu’elle ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de la thèse de l’assassinat qui a été confortée récemment par les révélations du Daily Mirror selon lesquelles Diana soupçonnait Charles de vouloir sa mort. Le quotidien a, en effet, publié le contenu d’une lettre envoyée par la princesse à son majordome, Paul Burrell, dans laquelle elle écrit : «Il s’agit de la phase de ma vie la plus dangereuse, mon mari planifie un accident sur ma voiture, une panne de freins et une blessure grave à la tête qui lui laisserait la voie libre pour se marier». En donnant le nom du prince de Galles, le quotidien met directement en cause l’héritier du trône et va encore plus loin que Paul Burrell, qui fait référence à cette lettre dans son livre de mémoire publié récemment, mais ne révèle pas l’identité la personne désignée par Diana.

Le porte-parole de Charles s’est refusé à tout commentaire concernant ces accusations très graves. Mais Robert Lacey, le biographe de la famille royale, a déclaré que de telles affirmations incitaient à «s’interroger sur l’état d’esprit de Diana, sa propre paranoïa et son sentiment de panique. Cela réduit le tout au domaine des querelles d’ex-conjoints», ajoutant : «Je pense que les gens estimeront d’eux-mêmes s’ils pensent vraiment que le prince Charles aurait manigancé la mort de la mère de ses enfants». Une amie proche de la princesse, Sarah Ferguson, ex-épouse du prince Andrew, le frère de Charles, a quant à elle déclaré qu’elle était «profondément choquée» et que les tabloïds avaient été «trop loin». Elle s’est aussi inquiétée des conséquences de ces accusations sur les deux enfants de Diana, les princes William et Harry.

Dans un contexte aussi tourmenté, la tâche de Michael Burgess, le coroner qui doit aujourd’hui mener les enquêtes qui viennent d’être ouvertes sur les morts de Diana et Dodi, risque d’être difficile. Il a d’ailleurs d’ores et déjà fait part de son désir de garder la tête froide : «Je dois séparer les faits de la fiction et des hypothèses». Malgré tout, il est conscient qu’il lui faut être prudent : «Je sais qu’il existe des conjectures selon lesquelles ces décès ne résultent pas d’un triste mais relativement banal accident de la route à Paris. J’ai demandé à la police de faire des recherches. Leur résultat aidera à déterminer si de telles questions entrent dans le cadre de l’enquête».

Les conclusions de ses investigations ne sont pas pour demain. A peine ouvertes, les deux enquêtes ont été ajournées de douze à quinze mois : le temps pour le coroner de consulter «sans entrave» le dossier de 6 000 pages réalisé par la justice française, qui a conclu la procédure en avril 2002, et a estimé qu’il s’agissait d’un simple accident. Mais d’ores et déjà, il semble peu probable que de grandes révélations puissent sortir de cette enquête. Il ne s’agit, en effet, dans ce type de procédure que de répondre à des questions sur l’identité de la personne décédée, le lieu, la date et les causes de sa mort. C’est d’ailleurs parce que «l’étendue de ces enquêtes est beaucoup trop limitée», que le père de Dodi al-Fayed, Mohammed, éconduit par la justice en Angleterre, a déposé une nouvelle requête en Ecosse, pour obtenir l’ouverture d’une enquête publique -du type de celle de l’affaire David Kelly-, qui est en cours d’examen. Car pour Mohammed al-Fayed, il ne fait aucun doute que la mort de son fils et de la princesse de Galles «est un meurtre horrible».



par Valérie  Gas

Article publié le 08/01/2004