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Grande-Bretagne

La leçon américaine

Arrivé la veille à Londres, c’est véritablement mercredi, avec le discours de George Bush, que la visite d’Etat du président américain a véritablement commencé. Devant un public d’invités, le chef de l’exécutif américain a prononcé un discours de politique étrangère au cours duquel, passant en revue les grands thèmes d’actualité en cours, il a réaffirmé sa conception des relations internationales et invité ses alliés à y adhérer.
L’Iran tout d’abord, et son inquiétant programme d’enrichissement d’uranium, sur lequel le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit déterminer jeudi et vendredi s’il a violé ses engagements à l’égard du Traité de non prolifération nucléaire (TNP). George Bush a rappelé la position de Washington dans cette affaire qui, contrairement à la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, plaide pour que l’AIEA décide que oui, Téhéran a bien failli à ses engagements. «L’AIEA doit répondre aux objectifs qui commandent son existence et rappeler à l’Iran ses obligations», a déclaré M. Bush. Dans cette hypothèse, selon l’administration américaine, son dossier devrait être transmis au Conseil de sécurité, qui pourrait alors engager des procédures de surveillance coercitives.

En prélude à sa déclaration sur la situation au Proche-Orient, le président américain a appelé les dirigeants européens, et tous les dirigeants, à combattre fermement l’antisémitisme «qui empoisonne le débat public sur l’avenir du Proche-Orient». Réaffirmant l’engagement de son administration en faveur de la création d’un Etat palestinien indépendant, tout en souhaitant une reconnaissance universelle d’Israël, il a par ailleurs sévèrement critiqué les protagonistes du conflit.

Le président américain, qui ne partage pas avec son ami Tony Blair la même approche du conflit, a notamment estimé que les Palestiniens «avaient été trahis pendant trop longtemps, par trop de gens» et méritaient des dirigeants «capables de créer et de diriger un Etat démocratique». Il lance un appel aux Européens afin qu’ils cessent d’avoir des contacts avec les dirigeants palestiniens qui s’en montre incapables. Bien que la Maison Blanche n’entretiennent plus de relations avec Yasser Arafat, et qu’elle l’ait même écarté du jeu politique régional, ce dernier n’a pas été cité. George Bush a également indiqué qu’«Israël devait geler les chantiers d’implantations et démanteler les avant-postes non autorisés, mettre un terme aux humiliations quotidiennes infligées au peuple palestinien et ne pas compromettre les négociations finales en érigeant des murs et des clôtures».

Bush, défenseur de l’ONU

A propos de la guerre en Irak, qui lui vaut l’hostilité d’une part importante de l’opinion publique internationale et tout particulièrement britannique, George Bush a justifié le recours à la guerre préventive : «Le peuple nous a confié pour devoir sa défense et ce devoir nécessite parfois de restreindre par la violence des hommes violents. Dans certains cas, le recours massif à la force est tout ce qui nous protège d’un monde chaotique régi par la force». «Il ne suffit pas d’opposer aux dangers du monde de simple résolutions. Il faut que nous y opposions notre détermination», a-t-il dit.

Fort de ce principe, le président américain s’est présenté comme un défenseur du multilatéralisme en matière de politique étrangère. Evoquant l’incapacité de la Société des nations, créée au lendemain de la première guerre mondiale, à enrayer l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler et à empêcher la seconde guerre mondiale, George Bush a assuré que «L’Amérique et la Grande-Bretagne ont fait, et feront, tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher les Nations unie de choisir elles-mêmes de devenir inutiles et de connaître le sort de la Ligue des Nations».

Pendant que le président des Etats-Unis exposait sa conception des affaires diplomatiques, des manifestants poursuivaient à l’extérieur de la salle leurs protestations contre la politique étrangère américaine, et notamment contre la guerre en Irak. Jeudi les entretiens diplomatiques se poursuivront en tête à tête avec Tony Blair dans une capitale britannique décrite comme étant en quasi état de siège. Les deux hommes devront alors évoquer des questions bilatérales plus épineuses, comme le sort des 9 prisonniers de nationalité britannique détenus sur la base américaine cubaine de Guantanamo, ou encore le protectionnisme américain sur l’acier. Les deux hommes s’en expliqueront peut être lors de la conférence de presse commune qu’ils donneront jeudi soir, à la veille du départ de George Bush.

Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus dans les rues de Londres pour un grand rassemblement pacifiste national. «Je note que la tradition de liberté d’expression reste très vivace ici à Londres. C’est également le cas dans mon pays et les Irakiens savent maintenant qu’ils disposent eux aussi de ce droit», avait précisé le président lors de son discours.



par Georges  Abou

Article publié le 19/11/2003