Grande-Bretagne
Tony Blair garde le cap
Face à des sondages en chute libre et des mises en cause de sa politique en provenance directe de son parti, le Premier ministre britannique Tony Blair a affirmé sa détermination et plaidé sa bonne foi lors de son discours au congrès annuel des Travaillistes organisé à Bornemouth. Il ne regrette rien : ni la guerre en Irak, ni les réformes engagées dans le pays. Mieux, il veut continuer et briguer un troisième mandat lors des prochaines élections législatives. Sa détermination semble avoir convaincu son auditoire qui l’a applaudi avec enthousiasme. Bilan sept minutes d’ovation et deux rappels.
«C’est le moment de se renouveler, pas de battre en retraite… Je veux continuer de diriger le parti travailliste pour faire ce que je crois juste mais ce n’est pas moi qui décide, c’est le peuple britannique». Dans un discours aux accents d’acte de foi, Tony Blair a mis toute sa force de conviction pour reprendre l’initiative politique à la tribune du congrès de son parti. Quelles que soient les attaques dont il est la cible, il n’est visiblement pas question, pour lui, de baisser les bras ou pire de renoncer à mener les destinées du parti travailliste et du pays. Que son principal concurrent, le chancelier de l’Echiquier Gordon Brown se le tienne pour dit : la place n’est pas à prendre.
Et pourtant, ces derniers mois ont été particulièrement difficiles pour le Premier ministre britannique. La participation de son pays à la guerre menée en Irak contre le régime de Saddam Hussein aux côtés des Américains et ses effets de ricochet, dont le plus terrible a été l’affaire Kelly, ont fait plonger la cote de popularité de Tony Blair au plus bas depuis son accession au pouvoir en 1997. Selon une enquête réalisée par l’institut NOP, 59 % des personnes interrogées estiment que Tony Blair a menti sur la menace irakienne. Un sondage YouGov pour le Daily Telegraph révèle aussi que le gouvernement ne bénéficie plus que de 24 % d’opinions favorables soit une baisse de 11 % par rapport à 2002. Le parti travailliste ne sort lui non plus pas indemne de cette histoire puisque selon la même enquête, il ne bénéficie que de 31 % de bonnes opinions soit le plus mauvais résultat depuis 1994, date à laquelle Tony Blair a pris sa direction. Une enquête Populus pour le Times va dans le même sens en montrant que moins d’un quart des Britanniques considèrent le Labour comme un «parti honnête et ayant des principes». Pire, l’image de Tony Blair semble être ternie au sein même de sa famille politique : 41 % des militants travaillistes affirment ainsi qu’ils souhaitent que le Premier ministre démissionne avant les prochaines élections, dans sondage publié par l’Observer.
«Nous devons finir la paix»
Ce contexte particulièrement défavorable n’a pas empêché Tony Blair de faire valoir ses arguments avec une conviction inébranlable dans l’avenir de sa politique et dans les «valeurs» du Labour. Il a ainsi rappelé à ses collègues travaillistes que son bilan est loin d’être négatif. Il a mis en avant, par exemple, les réformes «vitales» engagées dans les systèmes hospitalier et scolaire. Mais surtout, il n’a pas hésité à insister sur le fait qu’il est le premier travailliste à être resté au pouvoir sans interruption pendant une période aussi longue, plus de six ans. Elu une première fois en 1997, Tony Blair a obtenu un deuxième mandat en 2001. Et il a annoncé qu’il en briguera un troisième lors des prochaines élections qui doivent se tenir d’ici 2006. Il est d’ailleurs fondamentalement optimiste sur ses chances d’arriver à ses fins : «Je crois que le peuple britannique pardonnera les erreurs du gouvernement, replacera les attaques des médias en perspective. Mais je crois que ce qu’il ne pardonnera pas c’est la lâcheté face à un défi». L’optimisme de Tony Blair est peut-être justifié au vu des résultats paradoxaux des sondages qui montrent que malgré un pourcentage de mauvaises opinions en considérable hausse, les électeurs continuent à placer les travaillistes en tête de leurs intentions de vote.
Concernant la guerre en Irak, le principal sujet sur lequel sa politique a été mise en cause, le Premier ministre persiste et signe. Même s’il a pris acte du sentiment de «colère» de nombreux Britanniques concernant une intervention militaire aux justifications peu convaincantes, Tony Blair a expliqué qu’il ne regrettait rien et reprendrait la même décision aujourd’hui. Il a aussi plaidé pour la poursuite de l’intervention : «Quoi que chacun d’entre nous ait pensé, mettons-nous d’accord. Nous qui avons commencé la guerre, nous devons finir la paix». Malgré tout, le Premier ministre a préféré éviter les ennuis en ne mettant pas au vote une motion sur l’Irak qui aurait pu montrer à quel point sa politique sur cette question ne fait pas l’unanimité dans son parti. Une décision d’autant plus sage que dès mercredi, les militants, qui avait applaudi l’allocution de Tony Blair mardi, ont voté un texte qui demande au gouvernement le retrait pur et simple du projet de nouveaux hôpitaux qui est au cœur de sa réforme du système de santé. Décidément, le Premier ministre qui a annoncé, pour calmer la base de son parti, qu’il allait organiser des consultations dans tout le pays afin de définir les axes du programme du Labour pour les prochaines élections, a du pain sur la planche.
Et pourtant, ces derniers mois ont été particulièrement difficiles pour le Premier ministre britannique. La participation de son pays à la guerre menée en Irak contre le régime de Saddam Hussein aux côtés des Américains et ses effets de ricochet, dont le plus terrible a été l’affaire Kelly, ont fait plonger la cote de popularité de Tony Blair au plus bas depuis son accession au pouvoir en 1997. Selon une enquête réalisée par l’institut NOP, 59 % des personnes interrogées estiment que Tony Blair a menti sur la menace irakienne. Un sondage YouGov pour le Daily Telegraph révèle aussi que le gouvernement ne bénéficie plus que de 24 % d’opinions favorables soit une baisse de 11 % par rapport à 2002. Le parti travailliste ne sort lui non plus pas indemne de cette histoire puisque selon la même enquête, il ne bénéficie que de 31 % de bonnes opinions soit le plus mauvais résultat depuis 1994, date à laquelle Tony Blair a pris sa direction. Une enquête Populus pour le Times va dans le même sens en montrant que moins d’un quart des Britanniques considèrent le Labour comme un «parti honnête et ayant des principes». Pire, l’image de Tony Blair semble être ternie au sein même de sa famille politique : 41 % des militants travaillistes affirment ainsi qu’ils souhaitent que le Premier ministre démissionne avant les prochaines élections, dans sondage publié par l’Observer.
«Nous devons finir la paix»
Ce contexte particulièrement défavorable n’a pas empêché Tony Blair de faire valoir ses arguments avec une conviction inébranlable dans l’avenir de sa politique et dans les «valeurs» du Labour. Il a ainsi rappelé à ses collègues travaillistes que son bilan est loin d’être négatif. Il a mis en avant, par exemple, les réformes «vitales» engagées dans les systèmes hospitalier et scolaire. Mais surtout, il n’a pas hésité à insister sur le fait qu’il est le premier travailliste à être resté au pouvoir sans interruption pendant une période aussi longue, plus de six ans. Elu une première fois en 1997, Tony Blair a obtenu un deuxième mandat en 2001. Et il a annoncé qu’il en briguera un troisième lors des prochaines élections qui doivent se tenir d’ici 2006. Il est d’ailleurs fondamentalement optimiste sur ses chances d’arriver à ses fins : «Je crois que le peuple britannique pardonnera les erreurs du gouvernement, replacera les attaques des médias en perspective. Mais je crois que ce qu’il ne pardonnera pas c’est la lâcheté face à un défi». L’optimisme de Tony Blair est peut-être justifié au vu des résultats paradoxaux des sondages qui montrent que malgré un pourcentage de mauvaises opinions en considérable hausse, les électeurs continuent à placer les travaillistes en tête de leurs intentions de vote.
Concernant la guerre en Irak, le principal sujet sur lequel sa politique a été mise en cause, le Premier ministre persiste et signe. Même s’il a pris acte du sentiment de «colère» de nombreux Britanniques concernant une intervention militaire aux justifications peu convaincantes, Tony Blair a expliqué qu’il ne regrettait rien et reprendrait la même décision aujourd’hui. Il a aussi plaidé pour la poursuite de l’intervention : «Quoi que chacun d’entre nous ait pensé, mettons-nous d’accord. Nous qui avons commencé la guerre, nous devons finir la paix». Malgré tout, le Premier ministre a préféré éviter les ennuis en ne mettant pas au vote une motion sur l’Irak qui aurait pu montrer à quel point sa politique sur cette question ne fait pas l’unanimité dans son parti. Une décision d’autant plus sage que dès mercredi, les militants, qui avait applaudi l’allocution de Tony Blair mardi, ont voté un texte qui demande au gouvernement le retrait pur et simple du projet de nouveaux hôpitaux qui est au cœur de sa réforme du système de santé. Décidément, le Premier ministre qui a annoncé, pour calmer la base de son parti, qu’il allait organiser des consultations dans tout le pays afin de définir les axes du programme du Labour pour les prochaines élections, a du pain sur la planche.
par Valérie Gas
Article publié le 01/10/2003