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Grande-Bretagne

Bush-Blair : alliés jusqu’au bout

Les attentats commis jeudi matin à Istanbul ont lourdement pesé sur la dernière partie de la visite d’Etat du président américain à Londres, tant sur l’ambiance que sur les déclarations prononcées lors de la conférence de presse commune de George Bush et de Tony Blair, à l’issue de leur tête à tête en début d’après-midi. Ces événements d’une gravité exceptionnelle contre des intérêts britanniques surviennent précisément chez un allié de Washington, membre de l’OTAN, au moment où Londres reçoit le président américain. Ils portent incontestablement la marque de ce terrorisme international contre lequel les deux nations ont constitué un axe stratégique qu’ils ont fermement défendu jeudi.
George Bush et Tony Blair ont vivement condamné les attentats de jeudi matin. En visant Istanbul, les terroristes ont frappé une cible symbolique, amie et alliée de Londres et Washington qui, au même moment, célébraient leur amitié avec faste. Dans ce nouvel épisode terroriste, ni le lieu, ni la cible, ni la date n’ont été le fruit du hasard. C’est un nouveau défi adressé directement aux deux leaders de la guerre antiterroriste.

«Encore une fois nous devons proclamer que, face au terrorisme, il ne doit pas y avoir de retenue, pas de compromis, pas d’hésitation à affronter cette menace, en l’attaquant où et quand nous le pouvons et en le mettant complètement en échec», a indiqué le Premier ministre britannique. De son côté le président américain a déclaré : «La nature de nos ennemis, les terroristes, est une fois de plus, évidente. Nous constatons leurs mépris pour des vies innocentes. Ils détestent la liberté. Ils détestent les nations libres. Aujourd'hui, une fois encore, nous constatons leurs ambitions criminelles. La cruauté fait partie de leur stratégie. Les terroristes espèrent intimider, ils espèrent démoraliser. Mais ils ne réussiront pas à intimider et à démoraliser les nations libres. La Grande Bretagne et les Etats-Unis sont unis aujourd'hui dans leur chagrin et unis dans leur détermination à combattre et à vaincre ce mal où qu'il soit».

Sur le conflit en Irak, les deux hommes restent dans le même registre. Tony Blair affirme que les soldats britanniques «resteront jusqu’à ce que le travail soit terminé» en Irak, «principal champ de bataille» de la lutte antiterroriste. «Notre mission en Irak est noble et nécessaire. Aucun acte commis par des bandits et des tueurs ne changera notre détermination ou ne changera leur destin. Un Irak libre sera débarrassé de leur présence. Nous terminerons le travail que nous avons commencé», a déclaré pour sa part George Bush. Concernant les effectifs américains déployés dans la région, le président américain a précisé : «Nous répondrons aux besoins de sécurité avec le nombre de soldats nécessaires pour sécuriser l’Irak. Nous pourrions avoir moins de soldats en Irak. Nous pourrions en avoir le même nombre. Nous pourrions en avoir plus. Tout dépend de ce qui est nécessaire pour sécuriser l’Irak».

Pas de vin français à table

Sur le dossier du conflit israélo-palestinien, la bonne nouvelle pour les relations transatlantiques est venue de l’ONU où, avec l’adoption à l’unanimité de la «feuille de route» par le Conseil de sécurité la nuit dernière, la position commune est confortée. En revanche Tony Blair n’est a pas obtenu de garantie de la part de son allié sur la question des 9 détenus britanniques détenus sur la base américaine de Guantanamo, parmi les quelque 650 prisonniers de la guerre en Afghanistan, originaires de 42 pays. «Ils sont des non-combattants illégaux ramassés sur le champ de bataille (…) Ils sont traités de façon humaine (…) Il y a un cadre judiciaire qui va leur permettre d’être jugés de manière équitable (…) Nous travaillons sur la question avec le gouvernement britannique», a déclaré le président américain. Tony Blair, lui, s’est montré plus optimiste indiquant que «la question serait résolue de l’une ou l’autre façon : soit ils seront jugés par la Commission militaire sur place, soit ils seront renvoyés chez nous (…) Cela ne va pas se résoudre aujourd’hui mais cela sera résolu dans un avenir proche».

Pas d’évolution non plus sur le front de l’acier. Le président Bush a indiqué qu’il n’avait pas pris de décisions concernant les surtaxes aux importations étrangères adoptées par son administration pour soutenir les sidérurgistes américains en difficulté. L’Union européenne a eu gain de cause sur cette affaire devant l’Organisation mondiale du commerce et a été autorisée à sanctionner les importations américaines à hauteur 2,2 milliards de dollars, en cas d’obstination américaine.

Dans l’après-midi, des dizaines de milliers de manifestants anti-guerre ont convergé vers le cœur de Londres où était attendu l’un des plus grands rassemblements pacifistes de ces derniers mois. Comme prévu, arrivés à Trafalgar Square, ils ont symboliquement abattu la réplique d'une statue de Saddam Hussein, construite à l'effigie de George Bush.

Jeudi soir, pour remercier la reine d’Angleterre de l’avoir accueilli, Elisabeth II sera l’invitée du couple présidentiel pour un dîner donné en son honneur à l’Ambassade des Etats-Unis. L’AFP indique qu’aucun vin français ne figurera à la carte. «Nous servons habituellement des vins américains. N’en tirez pas trop de conclusions», a déclaré à l’agence un membre de la délégation américaine.



par Georges  Abou

Article publié le 20/11/2003