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Afghanistan

Le président Karzaï nomme un gouvernement réformiste

Karzaï et son nouveau gouvernement. 

		(Photo : AFP)
Karzaï et son nouveau gouvernement.
(Photo : AFP)
Le nouveau gouvernement afghan devra être approuvé par le futur parlement afghan, après les élections législatives prévues au printemps prochain. D’ici là, Hamid Karzaï a fait son choix : 27 ministres dont deux femmes, essentiellement des réformistes.

La nomination du gouvernement afghan était attendue depuis la victoire à l’élection présidentielle d’Hamid Karzaï, le 9 octobre dernier. Après plusieurs semaines de réflexion et après avoir consulté les représentants de toutes tendances et ethnies du pays, le chef de l’Etat afghan a enfin choisi sa nouvelle équipe : 27 ministres, contre 30 dans le précédent gouvernement. Le système institutionnel afghan veut cependant que cette équipe soit confirmée dans ses fonctions par les députés qui seront élus en avril ou mai prochain, à l’occasion des élections législatives. Une incertitude plane donc sur la  longévité de ce gouvernement qui pourrait être remanié en fonction des tendances qui émergeront dans le pays à l’occasion des élections législatives et locales.

Wardak est pachtoune, comme le président

Reste que ce nouveau gouvernement, selon l’avis des spécialistes, est un gouvernement réformiste. Cette fois, Karzaï a donné les postes-clé à des hommes de son entourage. Avant son élection au suffrage universel, Karzaï avait peu remanié le précédent gouvernement. Cette équipe avait été mise en place par l’administration provisoire qui a exercé l’intérim de la chute des Taliban à l’élection présidentielle.

Au ministère de la Défense, Hamid Karzaï a nommé l’un de ses proches, Abdul Rahim Wardak. Il était auparavant vice-ministre de la Défense. Dans le communiqué de la présidence, il est précisé que Wardak est d’ethnie pachtoune, comme le président, et comme la plupart des personnalités nommées. Wardak a acquis sa notoriété dans les années 80, lors de la guerre de résistance contre les Soviétiques. Dans ses fonctions, il est assisté d’un chef d‘état-major, Bismullah Khan, représentant de l’Alliance du nord.

Ahmad Ali Jalali conserve le ministère de l’Intérieur. Ancien journaliste de la Voice of America, Jalali est lui aussi un Pachtoune, sa famille vit toujours aux Etats Unis. Il est également un homme du président.

Une seule figure historique de l’Alliance du Nord

Le ministre de la Lutte contre les Stupéfiants est Habibullah Qaderi, un Pachtoun, auparavant chargé de la question des réfugiés. Cet homme a la réputation d’être efficace. Les diplomates le considèrent comme n’étant pas corrompu. Son ministère se trouve en dernier sur la liste officielle publiée par les autorités afghanes, cependant il s’agit d’une fonction nouvelle. Trois ans après la chute du régime des talibans, qui avaient fait disparaître la culture du pavot, l’Afghanistan s’est relancé dans cette culture et produit 87 % de l’opium qui circule à travers le monde. Selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), la quantité d’opium produite en Afghanistan a augmenté de 64% en un an. Les Etats-Unis, partenaire privilégié de l’Afghanistan, veulent que ce pays mette fin à la production illégale de drogue. Une partie de l’aide financière américaine programmée pour 2005 est destinée à la reconversion des fermiers. Des opérations de destruction de champs de pavots seront également programmées l’année prochaine.

A noter l’éviction de l’ancien ministre des Frontières Arif  Noorzai. Les Américains, selon les spécialistes de l’Afghanistan, voulaient que cet homme, qui a la réputation d’être un grand trafiquant, disparaisse de l’équipe dirigeante. Toujours selon ces spécialistes, Arif Noorzai serait  pourtant bien utile à Karzaï en raison de l’efficacité de ses réseaux. Il ne serait pas impossible que cet homme réapparaisse dans un cabinet ministériel comme conseiller.

Ismaël Khan est nommé ministre de l’Energie. Ancien seigneur de la guerre tadjik, il avait participé à la résistance contre l’occupation soviétique puis contre les Taliban. Il est l’un des rares représentants de l’Alliance du Nord encore présents dans ce nouveau gouvernement. Il fut écarté de son fief en septembre dernier par le président Karzaï. 

Le Tadjik Abdullah Abdullah conserve le ministre des Affaires étrangères. Il est la seule figure historique de l’Alliance du Nord présente dans ce gouvernement.

Anwar Ul-Haq Ahady, Pachtoune anglophone, devient le nouveau ministre des Finances. C’est lui qui a la charge de gérer l’essentiel de l’aide internationale. 8 milliards de dollars ont été promis par la communauté internationale pour la reconstruction du pays. Anwar Ul-Haq Ahady sera assisté par un autre Pachtoune, Hadayat Amin Arsala, ministre du Commerce.

Massouda Jalal, médecin, est nommée ministre des femmes. Elle fut la seule adversaire féminine de Karzaï à la présidentielle.

Younous Qanouni est écarté. Ancien ministre de l’éducation, arrivé en seconde position pendant l’élection présidentielle, il devrait se positionner comme leader de l’opposition pour les élections du printemps prochain.

Pour les observateurs, la plupart de ces nominations sont stratégiques. Karzaï veut rassurer les bailleurs de fonds. Quant aux ministres, ils vont devoir tout à la fois travailler sous le regard des organisations internationales tout faisant connaissance avec les Afghans pour franchir la barre des prochaines élections.



par Colette  Thomas

Article publié le 24/12/2004 Dernière mise à jour le 24/12/2004 à 15:36 TU

Audio

Laurent Gayer

Spécialiste de l’Asie central

[24/12/2004]

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