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Indonésie

Le défi de l’eau potable

Un jeune garçon tient une poche d'eau plastifiée donnée par un soldat de l'armée australienne.(Photo : AFP)
Un jeune garçon tient une poche d'eau plastifiée donnée par un soldat de l'armée australienne.
(Photo : AFP)
Les sauveteurs se heurtent au casse-tête de la distribution et du rationnement de l’eau potable aux survivants.
De notre envoyé spécial à Aceh

Un gros tuyau en plastique plonge dans la rivière de Banda Aceh. Une pompe est à l’autre extrémité du conducteur. Six militaires australiens se relaient pour remplir les poches d’eau plastifiées que leurs tendent les Achénais qui viennent de passer deux heures dans une file d’attente. Les soldats de Cambera ne distribuent pas l’eau de la rivière qui a pourtant charrié des centaines de cadavres depuis le déferlement du raz-de-marée qui a tué le tiers de la population du centre ville de la capitale du Nord de Sumatra. Elle est puisée dans la nappe phréatique qui se trouve sous le cours d’eau.

« Cette eau n’est pas l’eau de la rivière », confirme Mona, responsable de l’ONG britannique Oxfam, qui assiste à la distribution. « Elle est purifiée selon une technologie que nous connaissons et que nous validons », poursuit la jeune humanitaire, arrivé dans la région pour établir une mission de longue durée. Beaucoup d’Achénais demeurent pourtant sceptiques. « Il y a des rumeurs qui disent le contraire », affirme ainsi cette femme, entourée de ses deux filles, qui hésite à se joindre à la queue. Elle s’y résoudra finalement, faute d’alternatives. Elle reçoit dix litres avec l’interdiction de se présenter à la pompe une seconde fois dans la journée. Mais personne n’est là pour contrôler les identités et certains reviendront dans l’après-midi pour obtenir une deuxième ration. « Nous n’avons aucun moyen de contrôler , admet l’officier responsable de la manœuvre, car nous n’avons pas encore de liste précise des morts et des vivants ».

À Aceh, l’urgence l’emporte sur les principes car l’approvisionnement en eau potable reste un problème majeur. Un défi qu’il faut relever quotidiennement en attentant que l’aide internationale viennent combler les besoins. Aujourd’hui c’est un buffle qui a ralenti l’acheminement. Un Boeing-737, chargé de plusieurs tonnes de colis alimentaire, en provenance de Djakarta, l’a heurté en atterrissant sur la piste. Pas de victimes mais une interruption de tout le trafic aérien pendant douze heures. Cet incident souligne une nouvelle fois la fragilité du dispositif de l’aide internationale dans la province.

L’aide alimentaire s’entasse dans les aéroports

L’aéroport de Banda Aceh ne dispose que deux pistes d’atterrissage, les ports sont détruits ou trop petits pour accueillir des navires de gros tonnage et la route n’offre pas de véritable alternative. En dehors de la côte est, où la route reliant à Medan à Banda Aceh, est ouverte à la circulation, le reste du réseau routier est toujours impraticable ou constitué de petites routes étroites et sinueuses qui traversent des centaines de kilomètres de jungle.

Le système est dans l’impasse et l’aide alimentaire continue de s’entasser dans les aéroports de Medan et Djakarta. Dans les ONG, qui désespèrent de ne pas pouvoir intervenir plus rapidement, on attends que les « alliés de l’aide internationale » débarquent sur les plages de Banda Aceh pour y construire un port artificiel. La ville est située sur le détroit de Malacca. Or de l’autre côté, à moins d’une centaine de kilomètres, se dressent deux des plus grands ports du monde : Singapour et Johor Baru en Malaisie.


par Jocelyn  Grange

Article publié le 05/01/2005 Dernière mise à jour le 05/01/2005 à 15:27 TU

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Guillaume le Magnent

Commissaire principal de la police technique et scientifique de Lyon

«Les corps à Phuket sont dans un état difficile.»

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