Aéronautique
Cessez-le-feu entre Airbus et Boeing
(Photo : AFP)
Depuis plusieurs mois le dossier Airbus/Boeing pesait lourd dans les relations bilatérales entre l’Union européenne et les Etats-Unis. L’accord -même de principe- qui vient d’être conclu pour éliminer les subventions aux constructeurs aéronautiques marque une volonté commune de calmer le jeu.
Les Etats-Unis et l'Europe s'accusaient mutuellement de subventions indues à leur constructeur respectif. Jusqu'à présent, grâce à un accord passé en 1992, chacun fermait les yeux sur les subventions directes ou indirectes reçues par l'autre. Les Européens avaient le droit de financer jusqu'à 33% de prêts de frais de recherche et développement pour développer des programmes, les Américains pouvaient avoir jusqu'à 3% de chiffres d'affaires réalisés auprès du Pentagone ou de la Nasa. Mais l'an dernier le constructeur européen a imposé sa suprématie dans les carnets de commandes : c'est ce qui a déclenché la guerre.
Après la fin des hostilités, un « traité de paix » reste à négocierDepuis plusieurs mois chacun accuse l'autre d'avoir dépassé les bornes, sous forme de dégrèvements fiscaux ou de soutiens aux exportations. La bataille commerciale est devenue guerre diplomatique et s'est renforcée avec la campagne présidentielle aux Etats-Unis.
Le 6 octobre dernier, le secrétaire américain au commerce Robert Zoellick avait rompu unilatéralement cet accord de 1992, puis demandé une médiation de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce. Cet arbitrage était accepté par les Américains et les discussions prévues dans la procédure avaient débuté dans la foulée. Mais Washington et Bruxelles se sont vite rendu compte qu'il risquait de les renvoyer dos à dos et de bloquer la situation. Mieux valait donc le suspendre et trouver un compromis.
Cela dit, après l'armistice il reste beaucoup à faire pour parvenir à un véritable traité de paix. Les deux parties se donnent 3 mois pour déterminer ce qui est autorisé ou pas, et il va falloir tout lister : les aides aux études pour les nouveaux appareils, les prêts, les commandes préalables qui permettent de lancer les programmes, etc.
Pendant les discussions, les aides publiques au futur Airbus A350 sont gelées, ce qui arrange bien les Américains, très inquiets de ce concurrent annoncé du Dreamliner 7E7 de Boeing. Le constructeur américain ne voulait pas que son concurrent bénéficie de prêts remboursables pour lancer cet avion qui risque de lui prendre encore des parts de marché. L'A350 va donc rester dans les cartons pour l'heure. Mais la vente des nouveaux appareils, elle, continue. Et dans ce combat là, l'an dernier Airbus a eu largement le dessus et prévoit cette année d'accentuer son avance avec un carnet de commande estimé à 350 voire 360 commandes d'avions civils pour 2005.par Annie Fave
Article publié le 12/01/2005 Dernière mise à jour le 12/01/2005 à 15:16 TU