Commerce international
Trêve transatlantique avant négociations
(Photos: AFP)
En 2001 à Doha, au Qatar, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'était donné trois ans pour finaliser un nouveau cycle de négociations multilatérales. Fin 2004, tout devait être bouclé: les question agricoles, les tarifs douaniers ou encore les règles anti-dumping. Or pendant ces trois années, les rendez-vous manqués et l'échec du sommet de Cancun ont empêché la signature d'un accord présenté par tous comme capital. Aujourd'hui les 148 membres de l'OMC sont toujours déterminés à trouver un accord mais pas avant décembre 2005.
Sur la table, toujours de gros dossiers comme les services ou les investissements. Robert Zoellick et Peter Mandelson les aborderont lundi, laissant les questions agricoles de côté. «Nous avons fait un grand pas en juillet dernier sur les subventions», explique le nouveau commissaire européen. L'Europe attend des Etats-Unis qu'ils avancent sur cette base pour éliminer leurs aides à l'export. Mais pour faire avancer le cycle de Doha, avant peut être de prendre en compte les revendications des pays du sud, des contentieux récurrents devront être réglés par les deux hommes, notamment en matière de fiscalité ou d'aides publiques à l'aéronautique civile.
Subventions illégales
Sur cette dernière question, Washington renonce provisoirement à engager un bataille avec les européens sur le dossier des aides publiques au constructeur européen. Jeudi soir, un haut responsable de l'administration, indiquait que les Américains veulent «laisser le temps au nouveau commissaire européen de prendre connaissance du dossier». Ce nouvel épisode de la guerre entre Boeing et Airbus semble cette fois tourner à l'avantage du constructeur européen.
C'est Boeing qui avait été le premier à déclencher les hostilités avec son concurrent Airbus, décidant de porter plainte devant l'OMC pour cause de subventions illégales. Une démarche qui devait se traduire, dans les 60 jours, par l'établissement d'un comité d'arbitrage au sein de l'OMC. Jeudi soir, c'est encore Boeing qui a fait un pas en arrière, même si le haut responsable, non désigné, qui a annoncé l'information, a pris soin de précisé que «personne ne doit douter de la détermination des Américains à poursuivre cette affaire».
Forte pression sur Boeing
Quels que soient les motifs invoqués, on a le sentiment que l'administration américaine cherche à temporiser, face à la réplique très vive des européens. Non seulement Airbus conteste l'accusation de tricherie sur les subventions, mais le constructeur européen accuse en retour Boeing de bénéficier d'aides illégales. Et surtout, il passe à l'offensive en lançant l'A 350, qui sera le concurrent directe du 7E7, mis en chantier par Boeing.
Enfin, l'avionneur européen défie son concurrent sur son propre terrain, en réclamant l'accès aux marché publics américains, et notamment ceux de l'armée de l'air. Jamais la pression n'a été aussi forte sur Boeing, déjà en difficulté. Le responsable américain du commerce sera notamment en France la semaine prochaine pour éviter le déclenchement d’une guerre commerciale entre les deux géants mondiaux de l'aéronautique.
par Marc Lebeaupin, Nicolas Vescovacci
Article publié le 03/12/2004 Dernière mise à jour le 03/12/2004 à 14:50 TU