Commerce mondial
Tirs croisés Airbus-Boeing à l’OMC
(Photo : AFP)
Cela met un terme à l’accord bilatéral américano-européen qui, depuis 1992, régissait les aides publiques aux deux constructeurs aéronautiques dans un marché de plus en plus concurrentiel. Aux termes de cet accord aucun soutien à la production n’était autorisé mais les aides mises en place en Europe pour soutenir la recherche et de lancement de nouveaux appareils par Airbus étaient encadrées, parallèlement aux aides indirectes dont bénéficie Boeing de la part d’agences gouvernementales.
Le feu couvait depuis des mois entre les deux concurrents, notamment depuis les déclarations du PDG de Boeing Harry Stonecipher, en mai dernier, affirmant que le succès rencontré par Airbus ne justifiait plus, comme par le passé, les subventions destinées à soutenir une industrie aéronautique européenne « naissante ». Cette pierre dans le jardin d’Airbus est à l’évidence liée au fait que, pour la première fois, en 2003, l’avionneur européen a livré plus d’avions que le géant américain jusqu’alors incontesté. A cela s’ajoute la campagne électorale pour la Maison-Blanche et les attaques du président Bush, en août dernier devant les salariés de Boeing à Philadelphie, contre les subventions européennes accordées à Airbus, au détriment selon lui de l’emploi aux états-unis.
L’Union européenne, par la voix du commissaire européen au Commerce Pascal Lamy, estime que la plainte américaine vise à détourner l’attention des problèmes commerciaux que rencontre Boeing, alors que ce constructeur perçoit de son coté des aides massives et illégales pour son nouvel appareil 7 E 7.
En un combat douteux
Au point où en sont les choses, et en vertu des procédures de l’organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC, les deux parties ont deux mois pour tenter de s’entendre sur un compromis. Ce pourrait être la réactualisation d’un accord du genre de celui de 1992. Faute de quoi Airbus et Boeing s’engageraient dans une bataille juridique longue et incertaine, à l’issue de laquelle des observateurs prédisent un match nul. Mais d’ici là les élections américaines auront eu lieu.
L’affaire en cours n’est toutefois qu’un épisode parmi d’autres de la guerre commerciale que se livrent les deux puissances économiques mondiales de part et d’autre de l’Atlantique par OMC interposée. Alors que l’Union européenne a été mise en défaut sur l’interdiction d’importation des organismes génétiquement modifiés, les États-Unis ont été condamnés, après plusieurs mois de bras de fer avec l'Union européenne, à lever leurs surtaxes sur l'acier fin 2003. de plus, en 2004, l’Organisation mondiale du commerce a autorisé l’Europe à compenser les subventions illégales consenties à des entreprises américaines exportatrices.
par Francine Quentin
Article publié le 07/10/2004 Dernière mise à jour le 07/10/2004 à 13:25 TU