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Commerce

Contre-offensive UE dans la guerre de l’acier

Sans attendre l’arbitrage de l’OMC, l’Union européenne va prendre des mesures pour se protéger des décisions américaines sur l’acier. La libéralisation des échanges transatlantiques est d’ailleurs soumise à rude épreuve car l’Europe va s’attaquer à la concurrence déloyale dans les transports aériens. Premiers visés, les Etats-Unis.
Le recours à l’arbitrage de l’OMC contre la décision américaine d'imposer des taxes sur les importations d'acier jusqu’à 30% et ce, pendant trois ans, a des chances, suivant la jurisprudence actuelle, de donner raison aux pays qui s’y opposent : Union européenne, Japon, Brésil, Russie et Chine. Mais cela risque de prendre «un certain temps» et de porter des coups irrémédiables au marché européen.

C’est pourquoi Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce a annoncé, lundi, dans une interview à RFI, la prise par l’UE de mesures conservatoires destinées à protéger la sidérurgie européenne de l’afflux d’importations qui ne trouveraient plus à se placer sur le marché des Etats-Unis. Pascal Lamy souligne que le droit est du coté de l’UE car ces clauses de sauvegarde sont prévues par l’OMC.

Le commissaire européen a bon espoir que l’OMC donne raison à ceux qui s’opposent au fait accompli américain. Car, dit-il, les Etats-Unis, pour des motifs strictement de politique intérieure, adoptent des restrictions exagérées et infondées aux échanges. Mais Pascal Lamy ne croit pas pour autant que les Etats-Unis aient adopté une stratégie d’ensemble teintée de protectionnisme.

Concurrence déloyale

Quoique. Un haut responsable américain au commerce, cité par le Financial Time, a laissé entendre que les Etats-Unis pourraient prendre des mesures protectionnistes pour d’autres secteurs comme l’agriculture ou les hautes technologies, si la croissance n’était pas plus soutenue en Europe et au Japon. En effet, en période de relative stagnation chez ses partenaires et clients, les Etats-Unis éprouvent des difficultés à exporter, surtout avec un dollar fort qui affecte leur compétitivité.

L’annonce par la Russie qu’elle s’apprêtait à interdire les importations de poulets américains sur son territoire, fermant ainsi un débouché à la moitié des exportations de volaille américaine, n’est pas de nature à arranger la situation. D’autant qu’un autre dossier épineux de la libéralisation des biens et services des deux côtés de l’Atlantique va être mis sur la table.

La commission européenne a préparé un texte visant à faire payer des droits aux compagnies aériennes non membres de l’UE et bénéficiant de subventions gouvernementales qui constituent une distorsion de concurrence. L’Union européenne se défend qu’il s’agisse là d’une mesure de représailles à la guerre de l’acier lancée par les Etats-Unis. D’ailleurs cette disposition concerne toutes les compagnies non-européennes et comble un vide juridique pris en compte, en revanche, dans les lois anti-dumping américaines. Sauf que les compagnies les première visées sont celles qui, aux Etats-Unis, ont bénéficié du plan de l’administration Bush après les attentats du 11 septembre et l’effondrement du trafic aérien dans ce pays. A savoir 5 milliards de dollars d’aides directes et jusqu’à 10 milliards de dollars sous forme de garanties de crédits. Ces compagnies en ont profité pour déclencher une offensive tarifaire et reprendre des parts de marché.



par Francine  Quentin

Article publié le 11/03/2002