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Etats-Unis

Bush II : exporter la liberté américaine

«Liberté», le mot d'ordre du second mandat de George W. Bush.(Photo : AFP)
«Liberté», le mot d'ordre du second mandat de George W. Bush.
(Photo : AFP)
Au cours de son discours d’investiture d’une vingtaine de minutes, jeudi devant le Capitole, le président américain a prononcé quarante et une fois le mot « liberté », et pas une fois « Irak », ni « terrorisme ». Le second mandat de George W. Bush sera consacré à la libération des «opprimés», à vaincre la « tyrannie », et abattre les « régimes hors-la-loi ».

Si on s’interrogeait au cours de ces derniers jours, notamment en raison de l’audition de la future secrétaire d’Etat au sénat, sur une évolution de la diplomatie américaine au cours du second mandat de George W. Bush, il ne fait plus de doute, après son discours d’investiture jeudi devant le Capitole, que les Etats-Unis demeureront sur la scène internationale un pays impliqué et offensif car il en va de la survie de ses valeurs fondatrices. « Les événements et la raison nous mènent à une conclusion : la survie de la liberté dans notre pays dépend de plus en plus du succès de la liberté dans d’autres pays. Le meilleur espoir de paix pour notre monde, c’est d’étendre la liberté partout », a notamment déclaré le président américain.

Sans jamais citer aucun pays ni explicitement désigner les ennemis de l’Amérique (ses collaborateurs s’en sont chargés), George W. Bush s’est néanmoins présenté comme le champion de la lutte internationale contre la tyrannie, promettant l’aide de l’Amérique aux « opprimés » : « lorsque vous vous lèverez pour votre liberté, nous nous lèverons avec vous », leur a dit M. Bush. « Nous avons allumé un feu (…). Ils réchauffent ceux qui sentent sa chaleur, il brûle ceux qui combattent sa progression, et, un jour, ce feu indompté de la liberté gagnera les coins les plus sombres de notre monde », a lancé le nouveau président américain au seuil de son second mandat.

De l’Irak, il n’a donc pas été question, mais l’ombre du conflit n’a cessé de planer sur le discours présidentiel, en particulier lors de l’hommage rendu aux soldats actuellement déployés dans ce pays et qui « accomplissent la tâche dangereuse et nécessaire de combattre nos ennemis ». De même le traumatisme du 11 septembre n’est évoqué que de façon allusive (« une journée de feu »), mais la lutte anti-terroriste reste l’élément central du discours présidentiel et George W. Bush a promis « de protéger cette nation et son peuple contre de nouvelles attaques et les menaces émergentes ».

Une politique d’expansion militaire à géométrie variable

En résumé, pris au pied de la lettre, la croisade continue. Mais à l’épreuve de la réalité, dans un contexte de faible soutien populaire (49% d’opinion favorable, selon un sondage publié jeudi par le New York Times), reste à mesurer l’agressivité réelle qui dominera dans la conduite des affaires. D’autant qu’après une première présidence marquée au sceau du militarisme et de l’interventionnisme, Washington semble aujourd’hui davantage chercher à séduire qu’à effrayer : « tous les alliés des Etats-Unis doivent le savoir : nous honorons notre amitié, nous tenons compte de vos conseils et nous dépendons de votre aide », déclare humblement le président de la première puissance mondiale qui affirme d’autre part que « l’Amérique n’imposera pas son propre style de gouvernement à ceux qui ne le souhaitent pas. Notre objectif est plutôt d’aider les autres à parler de leur propre voix, obtenir leur propre liberté et tracer leur propre voie ».

Vendredi matin circulait l’idée qu’après un tel discours George W. Bush restait sur la voie tracée du combat contre le terrorisme. Du point de vue des moyens, le 43ème président des Etats-Unis a laissé ouvertes toutes les options et, selon les commentaires publiés par la presse vendredi, il convient de prendre au sérieux toute menace proférée par la nouvelle administration américaine. Certains analystes estime en effet que, derrière le vernis « anti-tyrannie », se profile une politique d’expansion militaire à géométrie variable, selon la nature des relations entretenues par Washington avec le tyran considéré.


par Georges  Abou

Article publié le 21/01/2005 Dernière mise à jour le 21/01/2005 à 17:46 TU