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Territoires palestiniens

La police reprend du service à Gaza

Les policiers palestiniens ont été déployés dans le nord du territoire afin d’empêcher les commandos du Hamas de tirer des roquettes Qassam sur la ville israélienne de Sderot.(Photo : AFP)
Les policiers palestiniens ont été déployés dans le nord du territoire afin d’empêcher les commandos du Hamas de tirer des roquettes Qassam sur la ville israélienne de Sderot.
(Photo : AFP)
Le déploiement des policiers palestiniens vise à empêcher les tirs de roquettes Qassam sur la ville israélienne de Sderot. Par cette mobilisation de masse, la nouvelle direction palestinienne veut réaffirmer son pouvoir sur les groupes armés et les forcer à signer une trêve.

De notre correspondant dans les Territoires palestiniens.

Les policiers de Gaza retroussent leurs manches. Après des années d’inaction plus ou moins forcée, ils ont été déployés en masse dans le nord du territoire afin d’empêcher les commandos du Hamas de tirer des roquettes Qassam sur la ville israélienne de Sderot. Le dispositif paraît efficace puisque depuis mardi aucune attaque n’a été signalée. Dans les prochains jours un déploiement similaire devait intervenir dans le sud de la bande de Gaza, à proximité du bloc de colonies de Katif, cible de nombreux tirs de mortier.

C’est mercredi soir, que le plan d’action palestinien a été finalisé au cours d’une rencontre au point de passage d’Erez entre le général Moussa Arafat, le chef de la sécurité générale, Amin el Hindi, le patron des renseignements et des membres de l’état-major israélien. Vingt-quatre heures plus tard, près de deux mille policiers palestiniens ont été affectés à des postes de contrôle et de patrouille aux abords de la frontière avec Israël et sur les principaux axes de circulation. Autour des villes de Beit Hannoun et de Beit Lahiya, dont les vergers ont souvent servi de couverture aux lanceurs de Qassam, les check-points palestiniens cohabitent désormais avec les tanks israéliens distant de quelques centaines de mètres.

Arafat répugnait à prendre de telles mesures

En théorie, les policiers de l’Autorité ont une simple mission de dissuasion. Interrogé sur sa réaction si un activiste tentait de tirer une roquette, Ismaïl Dahdouh, un officier supérieur a exprimé l'espoir de parvenir à « un arrangement », car a-t-il dit, « nous ne voulons pas d'affrontements ». Néanmoins, selon des responsables des services de sécurité, « tous ceux qui seront soupçonnés de vouloir lancer une attaque contre Israël seront arrêtés ». La chaîne de télévision israélienne numéro 1 croit même savoir que certains officiers ont été autorisés à ouvrir le feu en cas d’accrochage. La même source affirme par ailleurs que le manager du terminal de Karni, site d’une récente attaque, a été limogé par la nouvelle direction palestinienne. Une enquête interne aurait établi son implication dans l’opération qui avait fait six morts israéliens.

Evidemment, il est beaucoup trop tôt pour savoir si les efforts d’apaisement de Mahmoud Abbas seront couronnés de succès. Une seule attaque réussie pourrait convaincre le cabinet Sharon de la nécessité de lancer l’offensive générale sur Gaza sur laquelle les généraux planchent depuis des semaines. Dans ce cas, les troupes palestiniennes seraient forcées de réintégrer au plus vite leur caserne. Mais il faut mettre au crédit d’Abbas de faire preuve dans ses paroles et ses actes d’une fermeté dont son prédécesseur n’a jamais usé. Assigné à résidence à la Moqataa, pris en tenaille entre les surenchères islamistes et les provocations de Tsahal, Arafat répugnait à prendre de telles mesures. Certes à plusieurs reprises, pressé par ses services de sécurité, il avait donné quelques consignes pour arrêter les tirs de Qassam. Mais ses ordres n’étaient jamais relayés par des déclarations publiques convergentes si bien que faute d’appui politique, les officiers de police faisaient marche arrière au moindre incident.

Réforme des services de sécurité

Aujourd’hui, l’action de la nouvelle direction palestinienne paraît plus cohérente. Avec le sentiment d’être soutenus, les chefs de la sécurité s’enhardissent. Bashir Nafa, le patron des forces spéciales a récemment appelé par exemple à désarmer les militants de l’Intifada. « Aucun dirigeant dans le monde ne peut se permettre d’être élu sur un programme de paix et laisser les armes aux mains de milices », a-t-il déclaré, ajoutant que « les armes qui n’appartiennent pas à la police palestinienne sont illégales. Nous les trouverons et nous les collecterons ». Avec le même souci d’ordre, Abbas avait obtenu avant son élection le démantèlement des  « Brigades de la mort », une unité de choc de la police palestinienne, dont les abus et la cruauté étaient devenues notoires à Gaza.

Dans les prochaines semaines, l’Autorité palestinienne pourrait d’ailleurs procéder à la réforme de ses services de sécurité. Une mesure qu’Arafat avait toujours rechigné à prendre alors qu’elle figure dans la Feuille de route, le plan de paix international. Un projet de loi en ce sens est sur le point d’être voté par le Conseil législatif. Il prévoit de regrouper la pléthore de services en trois unités (police, renseignements et armée) qui seraient placées sous la supervision du Conseil de sécurité national présidé par le Premier ministre. Le Président, bien que « commandant en chef » des forces palestiniennes, n’assisterait pas à ses réunions.

Comme toujours au Proche-Orient, cette bonne volonté reste dépendante de la situation sur le terrain. L’accalmie en cours à Gaza ne tiendra pas sans un véritable accord de trêve respecté par les deux camps. Côté palestinien, on se dit optimiste. Un porte-parole des Brigades des martyrs al-Aqsa, a dores et déjà annoncé l’arrêt de ses opérations armées sans que l’on sache si toutes les cellules de ce groupe très peu centralisé suivent cette ligne. Selon des proches de Mahmoud Abbas, l’ensemble des factions palestiniennes pourrait se réunir dans les prochains jours au Caire pour formuler un cessez-le-feu en commun. L’armée de son côté se dit prête à adapter son dispositif en conséquence. « S’il n’y a pas de raisons de mener d’opérations, nous ne le ferons pas », a déclaré Giora Eiland, le chef du Conseil de sécurité nationale.


par Benjamin  Barthe

Article publié le 22/01/2005 Dernière mise à jour le 22/01/2005 à 13:21 TU